J’apprends avec une profonde tristesse la disparition de Madeleine RIFFAUD, à l’âge de 100 ans. Poétesse, grande journaliste et reporter, elle avait participé en tant que résistante membre du groupe Francs-tireurs et partisans à la lutte pour la libération nationale, il y a 80 ans de cela. Je salue la mémoire de cette héroïne au courage admirable et exemplaire.
Née dans la Somme de parents enseignants, Madeleine RIFFAUD n’a pas vingt ans lorsque la guerre éclate. Jeune étudiante, elle s’engage dans la Résistance et choisit "Rainer" comme nom de guerre, en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke. Arrêtée après avoir pris les armes, elle est torturée par la Gestapo avant d’échapper de peu au peloton d’exécution puis à la déportation. A l’été 1944, elle participe à la Libération de Paris auprès de ses camarades FTP, contribuant à la capture de plus de 80 soldats allemands.
Éprouvée par son expérience de la guerre et de ses atrocités, Madeleine RIFFAUD trouve dans la poésie, l’amitié et l’engagement des raisons pour continuer à se battre. Proche de Paul Éluard, qui éditera ses œuvres poétiques, mais aussi de Louis Aragon, de Pablo Picasso et de Vercors, elle entame une carrière de journaliste dans la presse communiste, pour Ce soir, La Vie ouvrière et L’Humanité. Devenue reporter, elle couvre les conflits décoloniaux en Algérie et au Vietnam, un pays qui compte particulièrement pour elle. Elle publie plusieurs ouvrages chez Julliard à partir de son expérience de journaliste, notamment Dans les maquis "vietcong" (1965) et Au Nord Viêt-Nam. Écrit sous les bombes (1967), mais aussi Les Linges de la nuit (1974), un livre d’enquête sur les conditions de travail des personnels des hôpitaux.
J’adresse toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches.
Rachida DATI
Ministre de la Culture