Pionnière de l’art contemporain autant qu’elle était l’amie des artistes, Denyse DURAND-RUEL s’est éteinte à l’âge de 95 ans. Pendant près de 70 ans, elle avait incarné cette farouche volonté de faire émerger de nouveaux talents.
Formée aux mathématiques et à l’ingénierie, sa rencontre avec l’art avait pris la forme d’une évidence lorsqu’elle épousa Philippe DURAND-RUEL. Très vite, le couple avait décidé de se plonger dans la ferveur artistique de son époque et de tourner leur regard vers l’avenir. Cet avenir, ce fut celui des Nouveaux Réalistes : Arman, César, Klein, Hains, Villeglé ou encore Fautrier. Denyse DURAND-RUEL avait été séduite par leur capacité géniale à réinventer le réel, à questionner notre rapport à l’art, à réenchanter la matière.
Considérant que ces œuvres devaient survivre à l’ère du temps, elle avait entrepris un travail d’historienne et d’archiviste pour préserver la mémoire d’une époque. Une mémoire qu’elle avait soigneusement conservée dans une vingtaine de catalogues devenus incontournables et désormais garants du travail des artistes et de leur authenticité.
Des vernissages aux ateliers en passant par les Amis du Centre Pompidou, Denyse DURAND-RUEL avait illuminé de son regard et de son emblématique mèche blanche le monde de l’art contemporain. Mais plus que la gardienne d’une époque artistique en proie au renouveau, elle était aussi devenue pour beaucoup de ses amis, une source d’inspiration. Son portrait par Christo emballé au cordeau, un assemblage d’objets composé pour elle par Arman ou encore son bureau imaginé par Jean-Pierre RAYNAUD resteront les témoins indélébiles de son influence et de son héritage.
J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rachida DATI
Ministre de la Culture