Il était l’un des meilleurs experts de nos musées, un président d’établissements publics reconnu et un grand serviteur du ministère de la Culture. Sylvain AMIC s’est éteint brutalement ce dimanche 31 août à l’âge de 58 ans.
Né à Dakar en 1967, Sylvain AMIC avait, dès le début de sa carrière, fait le choix de la transmission et du service public. Il avait ainsi commencé comme instituteur avant de réussir avec brio le concours de l’Institut national du patrimoine et d’embrasser une carrière de conservateur.
Son parcours au sein des musées l’avait d’abord conduit à Montpellier, où, pendant plus d’une décennie, il avait contribué à redessiner le visage culturel de la ville. À la tête du chantier de restructuration et de redéfinition du projet scientifique et culturel du musée Fabre, il avait déjà prôné avec force l’idée d’ouverture à tous les publics et à tous les courants. Convaincu que nos institutions n’ont de sens que si elles restent en mouvement, il y avait introduit pour la première fois l’art contemporain.
En 2011, Sylvain AMIC avait quitté le Languedoc pour la Normandie et rejoint Rouen. Très vite, il y était devenu une figure incontournable du paysage muséal local, d’abord à la tête des trois musées de la ville, puis en 2016 comme directeur de la Réunion des musées métropolitains – Rouen Normandie, nouvellement créée pour rassembler les onze musées du territoire. Là non plus, il n’avait trahi l’idée d’ouverture qui lui était si chère. À travers de grandes saisons thématiques, il avait œuvré quotidiennement au décloisonnement des arts et au dialogue entre les disciplines.
Commissaire ou co-commissaire de très nombreuses expositions en France et à l’étranger, notamment dans le cadre du festival Normandie Impressionniste, créateur du Temps des collections ou de la saison culturelle annuelle La Ronde, Sylvain AMIC voyait dans les musées des lieux qui vivent avec leur temps, jamais figés, toujours en quête de renouvellement.
Par son parcours et sa personnalité, il avait foi dans la dimension universelle de la culture. C’est ainsi qu’en 2018, il s’était investi pleinement dans le « catalogue des désirs ». Avec cette initiative du ministère de la Culture, il avait donné corps à l’idée que les collections nationales appartiennent à tous les Français et que leur vocation est bien de circuler à la rencontre de tous les publics, dans tous les territoires. Au-delà de nos frontières, Sylvain AMIC connaissait également la force des relations culturelles. Partout où il était passé, il avait su nouer des liens indéfectibles avec des institutions du monde entier.
En 2022, il avait mis sa parfaite connaissance de nos musées et son sens de l’État au service de la ministre Rima ABDUL-MALAK, au sein de son cabinet.
Frappée par son talent, par son humanité, par son contact attentif et chaleureux, j’avais proposé au Président de la République de le nommer à la tête des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Nommé en avril 2024, il servait depuis une institution mondialement reconnue avec la même ambition qui avait guidé ses précédentes fonctions : toucher de nouveaux publics, favoriser l’émancipation par la culture et perpétuer le dialogue indispensable entre toutes les initiatives, tous les acteurs et toutes les institutions culturelles. Avec lui, les collections centenaires du musée d’Orsay avaient su faire écho aux problématiques les plus actuelles, notamment à travers l’exposition remarquable 100 œuvres qui racontent le climat.
Sylvain AMIC était de ceux qui mettent la culture au service d’un idéal et ses institutions au service de toute la société. Sa disparition est un choc autant qu’elle laisse un vide immense dans un paysage culturel auquel il avait encore tant à apporter.
J’adresse mes pensées émues et mes condoléances les plus sincères à sa famille, à ses proches et aux équipes du musée d’Orsay et de l’Orangerie.
Rachida DATI
Ministre de la Culture