Artiste visionnaire, maitre de la mise en scène, sculpteur de la lumière, Bob WILSON, de son vrai nom Robert WILSON, s’est éteint à l’âge de 83 ans.
Né dans le Texas des années 1940, Bob WILSON avait grandi marqué par l’isolement et le désir d’ailleurs. En 1963, il avait concrétisé ce désir en s’installant à Brooklyn pour y étudier l’art et l’architecture.
Dès ses débuts, Bob Wilson avait su imposer une esthétique singulière, sculptée par le silence, la lumière et la lenteur. En 1971, avec Le Regard du sourd, présenté à Paris, le public avait découvert un univers sensoriel inédit, libéré des mots, où le geste, le mouvement et le souffle racontent ce que les langages ordinaires taisent. Louis Aragon, bouleversé, évoque alors un « miracle », celui du silence rendu visible.
Ce regard neuf, Bob Wilson ne s’en était jamais séparé, mêlant théâtre, opéra, arts plastiques, musique et chorégraphie avec une audace inégalée. Einstein on the Beach, créé en 1976 avec Philip Glass, reste l’une des œuvres fondatrices du théâtre contemporain.
Toute sa vie, Bob WILSON avait entretenu un lien indéfectible avec la France. En faisant rayonner Isabelle HUPPERT, Patrick DUPOND, Michel PICCOLI ou encore Sylvie GUILLEM, mais aussi en mettant en scène Les Fables de la Fontaine à la Comédie-Française, il avait offert à notre pays son propre miracle.
Bob Wilson était aussi un pédagogue et un passeur de culture. Il avait dirigé des ateliers, transmis inlassablement sa vision aux jeunes générations, et avait poursuivi un travail de recherche exigeant et poétique. Il incarnait une idée du théâtre comme œuvre d’art totale, une quête intellectuelle autant qu’un acte esthétique.
Il laisse derrière lui cette œuvre miraculeuse, libre et vivante. Un art qui déplace les frontières, ouvre les regards et invite, inlassablement, à penser autrement.
J’adresse mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rachida DATI
Ministre de la Culture