M. Marc-Gilbert GUILLAUMIN, dit MARC’O, nous a quittés à l’âge de 98 ans. Figure inclassable de l’avant-garde française, artiste total, il laisse derrière lui une œuvre à la fois théâtrale, cinématographique, politique et poétique.
Engagé dans la Résistance dès l’adolescence, il avait rejoint à dix-huit ans le cœur bouillonnant du Paris d’après-guerre : Saint-Germain-des-Prés, ses caves de jazz, ses poètes révoltés et ses artistes révolutionnaires. Là, il avait rencontré Boris VIAN, André BRETON, puis très vite Guy DEBORD, dont il avait publié le premier texte, Hurlements en faveur de Sade, dans sa revue Ion (1952).
Avec la même audace, il avait produit le Traité de bave et d’éternité d’Isidore ISOU en 1951, un film expérimental pionnier du cinéma lettriste, puis réalisé Closed Vision, présenté à Cannes par Jean COCTEAU en 1954. MARC’O s’était ensuite tourné vers le théâtre avec plusieurs pièces retentissantes comme Les Playgirls, Les Bargasses, mais surtout Les Idoles en 1966, satire acide du monde du spectacle et de la culture marchandisée, une œuvre dans la veine de la critique situationniste de la « société du spectacle ». L’année d’après, l’adaptation cinématographique avait offert leurs premiers grands rôles à Bulle OGIER, Pierre CLEMENTI ou encore Jean-Pierre KALFON, dans un film devenu culte.
Toujours à l’avant-poste, MARC’O s’était ensuite tourné vers le théâtre militant en Italie puis vers les recherches audiovisuelles avec l’INA et l’UNESCO, un travail pionnier sur les « nouvelles images » avec Pixigraf (1982) et Flashes Rouges (1978), opéra rock porté par Catherine RINGER, encore inconnue. De retour en France dans les années 1990, il avait créé Génération Chaos (1991), un spectacle manifeste sur la jeunesse, décliné ensuite en laboratoires, performances, interventions en milieu scolaire et universitaire, et prolongé par la revue Les périphériques vous parlent (1993) avec Cristina BERTELLI.
Son œuvre foisonnante et radicale continuera de rayonner à travers ceux qu’elle a inspirés.
J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rachida DATI
Ministre de la Culture