Jean-Paul MONTANARI fut l’un des plus grands architectes de la danse pendant plusieurs décennies. Décédé à l’âge de 77 ans, il a apporté à la danse sa vision singulière et sans cesse renouvelée de cet art. Il lui a donné un temple sous la forme d’un festival incroyable : Montpellier Danse. Pendant plus de 40 ans, il a programmé à la fois les plus grands chorégraphes de notre temps mais aussi les plus émergents d’entre eux. Jean-Paul MONTANARI était un bâtisseur et un défricheur inlassable et fidèle, qui a su partager sa passion de la danse avec le plus grand nombre.
Pour Jean-Paul MONTANARI, la danse contemporaine était un « langage du corps » aussi bien qu’une façon de raconter et d’écrire le monde. Exigeant et pourfendeur d’une « esthétique de la laideur », il n’avait cessé de mettre en lumière la beauté de cet art parce qu’entendre parler un chorégraphe était la seule chose qui comptait pour lui, il n’y avait rien d’autre dans la vie que cette question impossible qu’est l’acte artistique.
Né à Alger en 1947, Jean-Paul MONTANARI était arrivé à Lyon à l’âge de 15 ans. Il y avait étudié la philosophie, les lettres, le chinois en même temps qu’il y découvrait le théâtre et le cinéma. C’est à Lyon également qu’il s’était engagé politiquement et a fondé la cellule locale du Front homosexuel d’action révolutionnaire, en prenant la tête d’un combat pour la défense de celles et ceux qui étaient encore stigmatisés. Il a poursuivi cette lutte toute sa vie comme il s’était engagé très tôt plus tard à Montpellier auprès des personnes vivant avec le VIH. Au Centre dramatique national de Lyon, auprès de Robert GIRONES, il avait été chargé des relations avec le public. C’est à cette occasion qu’il s’était pris de passion pour la danse et avait été rapidement chargé d’inventer la programmation de cette discipline. En invitant Dominique BAGOUET, il avait croisé pour la première fois le chemin de celui qui deviendrait, plus qu’un compagnon de route, un véritable ami.
A ses côtés, il a contribué à la naissance et au développement de l’incontournable festival Montpellier Danse, initié par Georges FRÊCHE, avec lequel il a aussi construit ce lieu unique en Europe qu’est l’Agora - Cité Internationale de la Danse.
Jean-Paul MONTANARI était l’homme de l’invention permanente. Ainsi Montpellier Danse a été le premier festival de cette ampleur à présenter la danse hip hop, à proposer des monographies d’artistes fondateurs du paysage chorégraphique (comme Raimund HOGHE, Boris Charmatz, Jérôme Bel, etc.), à proposer dès 1995 un festival uniquement dédié aux femmes chorégraphes, à s’engager dans la lutte contre le SIDA. A la tête du Festival pendant plus de 40 éditions, il avait ainsi donné à voir les créations des plus grands chorégraphes comme William FORSYTHE, Angelin PRELJOCAJ, Merce CUNNINGHAM, Ohad NAHARIN, Emanuel GAT, Anne Teresa DE KEERSMAEKER et tant d’autres.
Jean-Paul MONTANARI a marqué l’histoire de la danse en France et en Europe, et toutes celles et ceux qui ont eu la chance de le connaître. Il laisse une empreinte très profonde pour les générations actuelles et à venir au moment où l’Agora - Cité Internationale de la Danse commence une nouvelle aventure.
J’adresse à sa famille, à l’équipe de Montpellier Danse et à ses proches mes plus sincères condoléances.
Rachida DATI
Ministre de la Culture