Prolifique légende du piano classique, Alfred BRENDEL s’est éteint à l’âge de 94 ans. Fort d’un répertoire qui s’étendait sur quatre siècles, il avait surtout émerveillé le monde entier avec ses interprétations de Mozart, Beethoven et Schubert.
Né en 1931 dans une famille allemande, c’est en Croatie que BRENDEL avait été marqué par la découverte de la musique au moment même où résonnait les voix du fascisme à la radio. Réfugié en Autriche, il y avait suivi dès le plus jeune âge les enseignements du conservatoire de Graz avant de rejoindre, en 1947, l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. Autodidacte revendiqué, il avait très tôt fait dialoguer la rigueur musicale avec la liberté d’interprétation.
Incarnation de la tradition intellectuelle viennoise, BRENDEL avait nourri son talent de toutes les formes d’art : peinture, littérature, philosophie, cinéma et architecture. Penseur autant qu’interprète, il concevait chaque concert comme une quête exigeante au service de l’émotion.
Mais Alfred BRENDEL n’était pas seulement un immense pianiste. Après avoir exposé des aquarelles au début de sa carrière, il avait aussi été poète, essayiste, conférencier. Il avait ainsi offert au monde de la musique son regard malicieux, entre érudition et humour, jusqu’à se forger une place singulière dans le paysage culturel.
Il laisse derrière lui une œuvre monumentale, exigeante, une musique pensée comme un art total qu’il avait offerte au public français à de nombreuses reprises jusqu’à sa tournée d’adieu en 2008.
J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rachida DATI
Ministre de la Culture