A l’occasion de la vente du mobilier du château du Moulin à Lassay-sur-Croisne (Loir-et-Cher) le 24 mai dernier, la Direction Générale des Patrimoines et de l’Architecture du ministère de la Culture a acquis, par voie de préemption et pour un montant de 22 000€ hors frais, une très belle statue en pierre représentant sainte Catherine d’Alexandrie. La Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC Centre-Val de Loire, avec le concours du musée de Cluny (musée national du Moyen-âge), a pu évaluer tout l’intérêt historique et scientifique de cette œuvre. Celle-ci est figurée debout, couronnée conformément à la Légende dorée qui la décrit comme fille de roi, les cheveux librement répandus sur ses épaules selon son état de vierge. De la main gauche, elle présente la petite roue dentée de son martyre ; de la dextre, aujourd’hui brisée, elle devait tenir l’épée de sa décollation, pointe vers le sol.
Cette sculpture des années 1400 est destinée à rejoindre la cathédrale Saint-Etienne de Bourges. En effet, de premières recherches, qui devront être approfondies par la suite, conduisent à attribuer cette œuvre à un sculpteur appartenant à l’entourage de Jean de France, duc de Berry. Elle dérive notamment du même modèle que celui d’une autre sainte Catherine peinte dans les lancettes de la verrière de la chapelle d’Aligret. Or cette chapelle a été fondée par Simon Aligret, « physicien » (c’est-à-dire médecin) attitré de Jean de Berry, chanoine des cathédrales de Bourges et de Paris, mais aussi de la Sainte-Chapelle de Bourges (1404), mort en 1415.
Des recherches ultérieures permettront sans nul doute de mieux appréhender l’histoire de cette œuvre. En vue d’une étude technique approfondie, la statue va par ailleurs prochainement être accueillie au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Confiée à un restaurateur de sculptures diplômé, cette étude préalable à la restauration de l’œuvre s’intéressera en particulier à l’observation des larges plages de polychromie que conserve encore la statue, notamment un décor en relief, sans doute végétal, qui évoque les « brocarts appliqués » de la fin du xve siècle dont la précocité semble ici remarquable.
Après sa restauration, la statue rejoindra la cathédrale Saint-Etienne de Bourges où elle pourra être admirée des visiteurs. Par ailleurs, la Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC Centre-Val de Loire a confié à M. Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques, la réalisation d’un diagnostic approfondi afin de renouveler la présentation des sculptures conservées sur ce site.