Pierre Jansen nous a quittés. Il avait 85 ans.
Né le 28 février 1930, il entre au Conservatoire de Roubaix, sa ville natale, avant de poursuivre des études supérieures de musique au Conservatoire royal de musique de Bruxelles à l’issue desquelles il recevra le Prix de piano et d’harmonie. À partir de 1952, il se rend régulièrement en Allemagne, à Darmstadt, pour suivre les cours d'Olivier Messiaen. Il s’initie alors à la musique dodécaphonique et sérielle.
Sa rencontre – qualifiée « de déterminante et d’inespérée » – en 1960 avec Claude Chabrol va changer le cours des choses. Délaissant la musique d’avant-garde, il décide de poser désormais ses notes sur des images. Ses créations pour Landru (1963), Que la bête meure (1969) ou Le boucher (1970) témoignent de la singularité et de la justesse avec lesquelles il aura su mettre en musique l’atmosphère intimiste, élégante et froide qui caractérise l’œuvre du cinéaste et dont il sera le compositeur fétiche.
Pierre Jansen accompagnera également d’autres grands cinéastes, Pierre Schoendoerffer (317ème section, 1977), Claude Goretta (La dentellière, 1977) pour le cinéma ou Serge Moati (Le Pain noir, mini série, 1974) pour la télévision.
Musicien audacieux, explorant sans cesse de nouveaux champs de la création, il coécrira en 1989 avec Antoine Duhamel – autre compositeur de la Nouvelle vague – une suite symphonique accompagnant Intolerance, immense œuvre cinématographique muette de D. W. Griffith projetée au Théâtre des Amandiers.
A partir des années 90, en parallèle des classes qu’il anime à l’École normale de musique puis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Pierre Jansen se consacrera à l’écriture d’œuvres pour orchestre, piano et musique de chambre.
Auteur de plus d’une centaine de musiques de film et d’une vingtaine de concertos, Pierre Jansen aura été, au cours d’une vie dédiée à la musique, un des plus grands artisans du dialogue entre les arts.
J’adresse à sa famille, à son épouse Colette Zerah, ainsi qu’à tous ses proches, mes plus sincères condoléances.