Luc Allaire, secrétaire général du Ministère de la Culture, a ouvert la journée en soulignant l'importance du CHEC qui constitue, pour le ministère, un espace unique et stratégique pour contribuer aux réflexions sur l’avenir des politiques culturelles publiques.
L’historien Pierre Singaravelou a ensuite donné la première conférence inaugurale de cette journée, intitulée “Penser et donner à voir l’identité et l’altérité”. En s’appuyant sur les travaux d’historiens et de philosophes, Pierre Singaravelou a évoqué “l’incessante mise à l’épreuve de soi par l’autre et de l’autre par soi” (Maurice Merleau-Ponty). Il a insisté sur l'importance de la relation aux autres cultures pour mieux comprendre notre propre identité, multiple, collective et en constante mutation. S’appuyant sur des exemples et sur ses publications comme sa participation à l’ouvrage Histoire mondiale de la France, il a également plaidé pour une approche "décentrée" de l’histoire, pour écrire une histoire partagée, en phase avec les réalités globales. Enfin, il a montré le rôle crucial des institutions culturelles, et notamment des musées, pour produire un discours à la fois documenté et sensible sur ces enjeux.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a ensuite clos cette matinée avec un discours chaleureux souhaitant la bienvenue aux auditrices et auditeurs de cette nouvelle session du CHEC, rappelant à quel point l’enjeu de la diversité doit être au cœur des actions menées par le ministère, et soulignant la richesse des parcours des auditrices et auditeurs, comme celle des lieux et des intervenants.
Cette journée d’ouverture s’est poursuivie avec la seconde conférence inaugurale, prononcée par l’artiste ORLAN qui, au travers de la présentation de quelques une de ses œuvres clé, a interpellé l’auditoire sur la relativité des notions de beauté corporelle, de statut du corps, et mis en exergue la nécessaire émancipation, enrichissant par son regard d’artiste la réflexion sur le thème central de cette nouvelle édition du CHEC. Prenant pour point de départ son œuvre récente “La liberté en écorchée”, où la disparition même de la peau amène à penser autrement la liberté et la mobilité des corps dans le temps et dans l’espace, elle a proposé une rétrospective de l’ensemble de son parcours artistique, qui n’a cessé, en prenant son propre corps comme champ d’expression, de dénoncer la soumission permanente des corps, notamment ceux des femmes, aux injonctions sociales.
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Après cette première journée de réflexion à Paris, la promotion du CHEC a pris la direction d’Avignon.
Le vendredi 13 septembre, c’est à La FabricA, lieu de création emblématique du Festival d’Avignon, que les auditrices et auditeurs ont poursuivi leurs travaux.
La journée a été ouverte par Louis Burle, directeur régional par interim des affaires culturelles de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a présenté de façon très concrète quelques-unes des modalités d’interventions de la DRAC et le partenariat noué sur les différents projets avec les collectivités territoriales.
Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival d’Avignon, est intervenu à sa suite soulignant l’engagement fort du Festival pour l’inclusion, et le rôle de La FabricA une tant qu’espace accessible et praticable pour toutes et tous offrant des moyens de qualité en résidences et en répétition.
S'en est suivie une visite détaillée sous la conduite de Pierre Gendronneau et Nicolas Villenave, responsable de la coordination technique délégué au projet FabricA. Cette visite a été l'occasion de riches échanges autour des défis techniques et logistiques que représente un lieu comme celui-ci, au cœur d'un festival aussi prestigieux.
Les auditrices et auditeurs ont ensuite été accueillis à l’Institut supérieur des techniques du spectacle, à la magnifique chapelle des Pénitents blancs, par son directeur, David Bourbonnaud, qui a présenté le rôle de l’ISTS, ses principales missions et l’évolution des métiers du spectacle avec les enjeux de qualité des qualifications et d’emploi qui y sont liés.
A sa suite, la première conférence de la journée, animée par Morgan Labar, directeur de l’École supérieure d’art d’Avignon, portait sur “L’identité culturelle, un enjeu de recherche”. À travers sa présentation, Morgan Labar a exploré la discipline des “cultural studies”, rappelant que la culture joue un rôle essentiel dans la formation de nos schémas d’interprétation du monde, constituant un enjeu de recherche incontournable pour comprendre les sociétés contemporaines.
En début d’après-midi, Laurence Tison-Vuillaume, cheffe de l’inspection générale des affaires culturelles, et Philippe Chantepie, inspecteur général des affaires culturelles, ont tenu une conférence sur : “L’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers culturels”. Ils ont abordé la question du temps d’adaptation nécessaire face à cette nouvelle technologie, tout en mettant en perspective, de façon fine et différenciée, les impacts potentiels de l’IA sur l’emploi dans le secteur culturel. Leur intervention a également mis en lumière les opportunités positives que pourrait offrir l’intelligence artificielle, notamment en termes de diversification de l’activité des professionnels du domaine de la culture.
Les auditeurs ont finalement pris la route d’Arles, où ils ont été reçus par Christoph Wiesner, directeur des Rencontres de la Photographie d’Arles. Ce dernier leur a fait découvrir cette 55e édition, mettant en avant le succès grandissant de l’événement, notamment avec une fréquentation internationale atteignant 50 % de visiteurs étrangers cette année, et en conduisant une visite de plusieurs expositions.
Cette visite a permis d’appréhender l'ampleur de ce rendez-vous photographique incontournable et de réfléchir aux dynamiques artistiques de la discipline à l’échelle mondiale.
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Le troisième et dernier jour de ce module d’ouverture s’est déroulé au Cloître Saint Louis. Les auditrices et auditeurs du CHEC y ont découvert la composition de leurs groupes de travail respectifs, marquant ainsi le début concret de leur parcours de réflexion collective.
Ces premières réunions ont permis de réfléchir à une méthodologie et d'engager les échanges sur les thématiques au cœur de cette session, en posant les bases d'une collaboration qui s’étendra tout au long de l'année. Ce temps d’échange a constitué une étape clé, ouvrant la voie à des débats promettant une année riche en découvertes et en analyses sur les enjeux cruciaux de l’identité et de l’altérité dans le champ culturel.
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