Sous la Troisième République, le musée Jeanne d'Aboville bénéficie de cinq dépôts du musée du Louvre, récolés à plusieurs reprises depuis 1999. L'un des tableaux est signalé manquant dès les années 1960 : il s'agit de L'Avare puni, 1819 (INV 6610), du peintre français Alexandre Menjaud (1773-1832), dont on ne possède qu'une description sommaire : "Il expire de faim et de soif sur ses trésors dans un caveau dont il ne peut plus sortir " ! Sans visuel, le bien est classé dès 2001, décision confirmée suite au récolement de 2019, d'autant que la ville a subi de nombreux dommages durant les guerres mondiales : tout le monde s'accorde donc à penser que le tableau a disparu entre 1914 et 1918.
C'était compter sans la détermination du musée du Louvre qui poursuit inlassablement son enquête. Le dépouillement de deux inventaires successifs d'œuvres évacuées par les troupes allemandes à Bruxelles et dressés en 1918 et 1919 en prévision de leur retour en France permet de prouver que le tableau n'a pas été détruit pendant la Première Guerre mondiale. Enfin la consultation d'un ouvrage de gravures des peintures conservées au musée du Luxembourg (où fut exposé L'Avare jusqu'à son dépôt en 1872 à La Fère), Galerie du Luxembourg, permet enfin de repérer un visuel du tableau : une gravure réalisée par Louis Hercule Sisco en 1829 d'après un dessin du tableau de H. Vanderbuch. Le dossier documentaire est dormais suffisamment étoffé pour qu'une plainte soit déposée, ce que le Louvre a demandé au musée Jeanne d'Aboville : l'œuvre figurera ainsi dans la base de données de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, permettant ainsi d'espérer - un jour - sa redécouverte.
A défaut d'être délivré de son caveau, l'Avare puni aura au moins été sorti de l'oubli !
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