Baudelaire a pensé, vous le savez, avec toute la profondeur qu’elles méritent, les affinités électives de la mode et de la modernité, lui qui rêvait de « tirer l’éternel du transitoire », de « dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique » : ces célèbres formules qui définissent la modernité en consonance avec la mode, me paraissent convenir assez bien à la vocation de l’Association Nationale pour le Développement des Arts de la Mode (ANDAM) : la recherche de cette forme de l’absolu qui se révèle dans le mouvement. Une vocation à laquelle nous célébrons ensemble aujourd’hui une fidélité de vingt ans.
Je tenais à vous accueillir à cette occasion dans cette maison qui est la vôtre pour fêter les 20 ans de cette action qui me tient particulièrement à cœur : le soutien à la jeune création. Je le voulais pour marquer toute l’attention que porte le ministère de la Culture et de la Communication à la vitalité de notre création dans le domaine de la mode, à son dynamisme – économique, esthétique, culturel. Ce calendrier n’est pas un hasard : je tenais aussi à ouvrir en quelque sorte avec vous cette semaine des défilés de la collection Printemps Eté 2010, qui commence demain.
Depuis 1989, l'ANDAM a su accompagner toutes les métamorphoses du présent et n’a cessé d’être attentive aux talents naissants du monde de la mode : Martin MARGIELA la première année, puis Christophe LEMAIRE, VIKTOR & ROLF, Véronique LEROY, Gaspard YURKIEVICH, Jeremy SCOTT, Gareth PUGH l’an dernier et, cette année, Giles DEACON – forgive my French !, comme disent les Anglais. Tels sont quelques-uns des grand noms qu’elle a contribué à mettre en lumière et qui témoignent de la justesse de son goût et de son flair.
Ce n’est donc pas un hasard si les manifestations de l’ANDAM suscitent l’intérêt passionné que l’on sait dans la presse française et étrangère, et contribuent à faire briller la scène parisienne de la mode de tout son éclat.
En ces temps de grandes mutations – d’incertitudes parfois aussi, comme en témoignent les difficultés de la maison Christian LACROIX – je tiens à vous dire mon attachement à l’action du ministère de la Culture en faveur de la mode, afin que Paris demeure un des hauts lieux de la recherche et de la créativité, l’une des villes lumières de la mode.
Vous ne cédez jamais à la facilité des satisfecit et vous avez, pour ces vingt ans, décidé de créer un nouveau prix, qui vient s’ajouter à votre célèbre Grand Prix de la mode, le Prix de la jeune création française. Vous l’avez attribué, pour sa première édition, à la créatrice de bijoux Ligia DIAS – et là encore, c’est Baudelaire qui me vient à l’esprit, Baudelaire qui, au fond, avait bien compris que le bijou habille le vêtement…
Mais le soutien à la mode se manifeste aussi, comme dans tous les autres domaines de la culture, par l’importance de la transmission et, par conséquent, de l’éducation. J’entends favoriser l’attractivité des écoles de mode françaises, et les aider à atteindre la notoriété d’écoles telles que la Saint Martin School de Londres ou le Fashion Institute of Technology de New York. La transmission, c’est aussi les musées : j’accorde une attention toute particulière au musée des Arts Décoratifs, car la mode est aussi un patrimoine.
Je tiens à remercier notre partenaire fidèle, le DEFI ou, pour lui donner son nom exact, le Comité de Développement et de Promotion du textile et de l’habillement, qui nous a prêté son concours dès l’origine et avec nous travaillons, je le sais, en parfaite intelligence et complicité. Je suis convaincu que les partenariats institutionnels développés par l’ANDAM sont l’exemple même de ce qu’il faut faire : s’unir pour soutenir la mode comme industrie culturelle.
Je tiens également à remercier chaleureusement l’ensemble des partenaires de l’ANDAM pour leur confiance et leur fidèle engagement [la Fondation Pierre BERGÉ – Yves SAINT LAURENT, bien sûr, le GUCCI GROUP, LVMH, L’ORÉAL Professionnel, LONGCHAMP, Les GALERIES LAFAYETTE, SAKS FIFTH AVENUE BEAMS].
Ces généreux mécènes vous apportent bien plus encore qu’un soutien financier : c’est une expérience, un prestige, une ambition partagée, un ensemble de valeurs qui sont indispensables à votre succès.
Je souhaite à l’ANDAM de garder sa curiosité, et de nous gratifier longtemps de découvertes et de surprises, qui renouvellent sans cesse, dans ce qu’elle a de fugitif et de profond, notre joie de vivre.