Je suis particulièrement heureux d’être ici, aujourd’hui, parmi vous, pour l’inauguration de cette Cité du design, parce qu’elle est la réalisation d’un grand projet, d’un grand dessein : celui de réunir, dans un même espace, une école supérieure, des lieux d’exposition, de création et de recherche. C’est une réalisation exemplaire.
J’aime ce terme de « Cité » : il désigne à la fois le lieu de vie qu’est la ville, un espace citadin, mais aussi un espace citoyen. Il dit les échanges, le vivre-ensemble des disciplines, des activités, des personnes, qui ont vocation à être accueillies dans un même espace, dans une continuité entre la création, la recherche, l’enseignement bien sûr, mais aussi l’industrie : il était, en en quelque sorte, inscrit dans la nature même du design de porter un tel projet de « Cité ». Car le design est un intermédiaire idéal entre l’art et la technique, en même temps qu’entre l’art et notre vie de tous les jours : il est une sorte d’ambassadeur de la créativité dans notre quotidien.
Créativité, c’est aussi le mot qui me vient à l’esprit au vu de la réussite architecturale de cet ensemble que nous avons visité tout à l’heure, et qui conjugue à merveille la rénovation du patrimoine manufacturier et la création de bâtiments innovants : la « Platine », dans laquelle nous nous trouvons, recouverte de cette « Peau » de panneaux, jolie métaphore qui assimile presque ce bâtiment à un être vivant – et puis la « Tour observatoire », vraiment impressionnante. J’ai envie de parler, quand je vois ces réalisations, de « design architectural », voire de « design urbain » : elles sont véritablement comme une peau, elles révèlent beaucoup de ce qu’elles recouvrent, lui ressemblent et l’annoncent.
Ce qu’annonce cette architecture, c’est le modèle de ces pôles d’excellence que je veux développer dans l’enseignement de la culture. Aujourd’hui, partout en France, se développent des pôles de cette nature, des pôles de compétitivité, ou encore des pôles de recherche et d’enseignement supérieur. C’est une logique de regroupement des forces qui s’explique par la recherche d’une visibilité nationale, et même internationale. Il n’y a pas de raison que la culture et l’art fassent exception. Cette Cité du design le démontre magnifiquement.
J’insiste souvent, je l’ai fait ce matin même en présentant le budget de mon ministère à la presse, sur l’exigence de la transmission. Pour moi, la culture sera sociale ou ne sera pas. « Sociale », c’est-à-dire inscrite dans la société, capable d’en capter la tendance et de la refléter dans toutes ses composantes. J’ai envie de dire qu’il n’y a pas de « quartiers de noblesse » pour la culture et que la transmission est un devoir pour tous. Transmettre, c’est aussi la vocation de l’École supérieure d’art et de design de Saint-Etienne, école d’excellence reconnue, qui disposera, dans cette nouvelle Cité, des conditions idéales pour former pas moins de 350 étudiants. Nos établissements supérieurs ont déjà un taux plus que satisfaisant (de 75%) d’insertion professionnelle des étudiants à l’issue de leur formation, il faut encore amplifier ce mouvement.
L’exigence de transmission, ne touche pas seulement l’éducation : elle concerne aussi, bien sûr, les publics, tous les publics, qui ne savent pas toujours très bien identifier « cet obscur objet du design », pour reprendre, avec ma sensibilité de cinéphile, le titre d’une des expositions actuellement présentées dans la Cité… Le titre de la deuxième exposition semble, lui, fait tout exprès pour titiller le ministre de la Culture, qui est aussi le ministre de la langue française (et des langues de France) : Who’s afraid of design. Forgive my French !... Toutes deux ouvrent les portes de l’innovation et donnent au public un accès privilégié au design. Ce jour d’inauguration est aussi l’occasion de découvrir le nouveau mobilier de l’école, vraiment très réussi. Je vais demander à mon conseiller (Francis LACLOCHE) de prospecter pour voir ce qu’il serait possible d’importer pour égayer un peu nos locaux du Palais-Royal…
L’exigence de transmission bénéficie aujourd’hui d’un instrument exceptionnel, le numérique, que j’ai identifié, dès mon arrivée rue de Valois, comme l’une de mes priorités. Je profite aussi de cette occasion pour vous annoncer que mon ministère mettra en ligne sur Internet, avant la fin de l’année, un portail du design regroupant les quatre principales collections ou fonds publics de design et d’arts décoratifs.
Ce complexe, cet espace n’est pas pour autant une « cité dans les nuages » ni un « Etat dans l’Etat », mais elle a trouvé à Saint-Etienne le meilleur point d’accroche, en toute continuité avec le territoire dans lequel il s’enracine. Ce n’est pas à moi de vous rappeler l’épopée industrielle de votre cité : le fait que Saint-Etienne ait accueilli le chemin de fer dès 1827, que Manufrance, la marque emblématique de votre ville, ait été pionnière de la vente par correspondance, bien avant Internet. Je n’ignore pas non plus que cette extraordinaire tradition industrielle a connu, en raison des cycles de l’économie, des moments d’angoisse et de souffrance. Mais cet esprit innovant qui est la marque de fabrique de Saint-Etienne sait renaître, s’adapter, trouver de nouveaux terrains, de nouveaux défis. Cette Cité du Design en est le symbole.
Voilà, je ne veux pas monopoliser la parole. Je voulais simplement, par ma présence ici, aujourd’hui, parmi vous, manifester l’intérêt profond que je porte au design. Je souhaite que le design français, l’un des plus dynamiques du monde, continuer de rayonner et je sais que cette Cité du design y contribuera fortement.
Discours de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'Inauguration de la Cité du Design à Saint-Etienne
Monsieur le Président du conseil régional (M. Jean-Jacques QUEYRANNE),Monsieur le maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole (M. Maurice VINCENT),Messieurs les députés (M. Régis JUANICO, député de la Loire et M. Jean-Louis GAGNAIRE, député de la Loire)Madame et Monsieur les architectes (Mme Giulia GEIPEL et M. Finn GEIPEL, Agence LIN)Madame la directrice générale, Elsa FRANCÈS,Mesdames, Messieurs,
Partager la page