GOETHE disait : « Celui qui ne connaît pas les langues étrangères ne connaît rien de sa propre langue ». C’est donc non seulement l’ouverture sur l’Autre, mais la compréhension de soi-même que porte l’exigence du plurilinguisme.
Je souhaitais être présent ce soir à l’inauguration du salon EXPOLANGUES, pour vous dire à quel point je suis conscient de l’importance de l’enjeu de l’apprentissage des langues et de la rencontre entre les cultures qu’elle permet.
La maîtrise des langues étrangères est un atout essentiel dans la mondialisation. Le Président de la République l’a rappelé, lorsqu’il a présenté la réforme du lycée en octobre dernier, et lancé un plan d’urgence pour les langues étrangères, en fixant pour objectif le bilinguisme pour chaque lycéen. Les langues sont un investissement d’avenir pour la « société de la connaissance » que nous sommes en train de construire au sein de l’Union européenne.
Mais les langues sont porteuses de culture, de visions du monde, de Weltanschauung comme on dit justement, en utilisant un terme intraduisible en français, un peu comme quand nous parlons de Weltliteratur, cette « littérature monde » chère à GOETHE que j’évoquais tout à l’heure.
C’est pourquoi être attaché à la diversité linguistique, c’est défendre la diversité culturelle, c’est-à-dire la richesse et la variété irréductibles de l’expérience humaine.
L’apprentissage des langues a donc des visées pratiques, mais il a aussi des fondements éthiques.
Je pense aussi au débat sur les langues régionales qui sont une richesse de notre pays et qui ont été inscrites en 2008 dans notre Constitution. Parmi elles se trouve, vous le savez, le catalan, la langue qui est l’invitée d’honneur d’Expolangues cette année.
Avec le catalan, nous accueillons, en effet, non seulement la langue de 10 millions d’Européens, mais une langue romane, sœur du français, qui s’est depuis des siècles illustrée par une littérature très riche. C’est, vous le savez, une langue parlée en-deçà et au-delà des Pyrénées, comme dirait PASCAL. Elle l’est même au cœur des Pyrénées, puisqu’elle est une langue officielle dans la principauté d'Andorre. Bien entendu, elle l’est aussi en Catalogne, dans la Communauté valencienne et aux îles Baléares.
Le catalan est donc une langue de nos voisins et amis, une langue sœur du français, et une langue de France. C’est dire qu’il s’agit d’une langue qui ne nous est pas du tout étrangère !
La présence centrale du catalan, comme en pivot, à côté de l’espagnol et du français mais aussi d’innombrables langues de la famille romane, qui constitue le groupe linguistique le plus important du continent européen, puisqu’il rassemble près de la moitié des locuteurs de l’Union européenne – cette présence nous dit quelque chose. Elle nous dit que nous pourrions développer davantage, entre toutes ces langues issues du latin, des outils qui nous permettraient de nous comprendre et de dialoguer sans passer par des médiateurs extérieurs, en nous appuyant sur une claire appréciation des ressemblances, plus importantes que les différences, entre ces langues apparentées. Je veux vous parler, bien sûr, de l’intercompréhension entre langues romanes dont je sais qu’Expolangues, sur le stand de la Délégation à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication, a prévu des démonstrations. Ces nouvelles méthodes pédagogiques constituent, j’en suis certain, un formidable levier pour la diversité culturelle en Europe et dans le monde.
Que cela ne nous empêche pas bien sûr de nous émerveiller devant les innombrables promesses de cette « tour de Babel » qu’est devenue, pour quelques jours, la Porte de Versailles, qui permettra à chacun d’effectuer un tour du monde en plus de quatre-vingt langues.
Je ne me hasarderai pas à vous souhaiter la bienvenue dans chacune d’entre elles, je me contenterai de vous le dire en catalan : benvingut , bienvenue à Expolangues !