Pour un ministre de la culture, Troyes présente presque un cas d’école
enthousiasmant : son patrimoine est non seulement exceptionnel, mais il
est aussi au coeur des préoccupations de la collectivité, et cela de manière
exemplaire. À ce titre je ne peux que me féliciter de la qualité de la
collaboration entre les services de l’État et les collectivités territoriales qui,
en l’espèce, sont particulièrement fluides et efficaces.
A Troyes, la trace des siècles est partout visible, à travers un patrimoine
civil et religieux remarquable. Classée « Ville d’art et d’histoire » depuis
2009, la ville des grandes foires de Champagne, la ville de Rachi et de
Chrétien de Troyes, a su échapper à la malédiction des belles endormies
de l’histoire - et c'est à vous, cher François Baroin, qu'elle le doit. Les
routes terrestres du commerce qui liaient les produits d’Orient à Bruges par
l’entremise des marchands et des banquiers italiens se sont écartées
depuis bien longtemps des terres champenoises ; mais vous avez su viser
juste en voulant faire de cet héritage un patrimoine vivant, au coeur d’une
stratégie de mise en valeur très active. À cette dernière, l’Etat a choisi de
s’associer au plus près.
À commencer, par exemple, par la cathédrale. La restauration – en cours -
de sa façade occidentale a été incluse dans le volet culturel du Plan de
relance présenté par le Président de la République en 2009. La rose, et les
parements de ce portail, à l’intérieur ; le Trésor de la cathédrale, à
l’intérieur, l’un des tous premiers de France, pour lequel la DRAC travaille
actuellement à une amélioration de sa muséographie, dans la salle basse.
Et comme souvent dans l’histoire des grandes cathédrales de France, la
longueur du chantier qui s’étale sur plusieurs siècles fait de ce monument
cultuel l’un des plus beaux musées du vitrail qui soit. À l’heure où l’on
célèbre, ici en Champagne, les 800 ans de la Cathédrale de Reims, vous
savez l’importance que j’accorde, comme vous tous j’en suis sûr, à ces
vaisseaux-amiraux de la mémoire que sont ces joyaux du gothique
européen, et je tiens à vous assurer du soutien du Ministère de la Culture
pour continuer d'accompagner les travaux de restauration de cet édifice
majeur.
Troyes, se distingue aussi par le très haut niveau de ses musées. Avec
cinq musées labélisés « musées de France », la ville de Troyes offre
effectivement une richesse de collections allant du patrimoine médiéval au
patrimoine industriel – je pense notamment au label européen de
« capitale de la maille » obtenu en 2010 - dont la mise en relation dans le
cadre d’un grand pôle muséal fera pleinement sens. Face à leur potentiel,
l’idée de regrouper les quatre musées municipaux permettra de
démultiplier leur visibilité et la qualité de leur offre au public. Je suis
heureux de vous annoncer, ici, au coeur de l'un de ces musées, que le
Ministère de la Culture et de la Communication approuve ce projet de pôle
muséal. Cette rénovation des musées s'inscrit pleinement dans la politique
de soutien aux musées de régions, si riches et parfois méconnus, et
pourtant porteurs d'un réel dynamisme culturel, que je place au coeur de
mon action en faveur des patrimoines. C'est donc tout naturellement que
l'Etat accompagnera la Ville, cher François Baroin, dans ce projet
structurant, qui allie le patrimoine médiéval du musée Saint-Loup, les très
belles collections d'art moderne et africain que je viens de découvrir de ce
musée et la mémoire industrielle d'un futur Centre européen de la Maille,
de la Mode et des Marques. N'en doutons pas, ce futur pôle muséal sera
un atout supplémentaire pour la ville de Troyes et l'ensemble du territoire
de l'Aube.
Cet atout culturel, scientifique et touristique que sont les musées partout
en France, c'est également ce que la récente réouverture du musée
Dubois-Boucher de Nogent-sur-Seine, que j'ai eu le plaisir de découvrir ce
matin avec vous nous prouve. J'ai souhaité que ce projet soit inscrit dans
le plan pour les musées en régions que j'ai lancé en septembre dernier.
L'Etat continuera ainsi d'accompagner les collectivités dans ce projet qui
sera, demain plus encore qu'aujourd'hui, la référence mondiale sur l'oeuvre
de cette figure si particulière de la sculpture française que fut Camille
Claudel.
Troyes, c’est aussi sa formidable bibliothèque et ses collections uniques,
notamment la librairie de colportage, mais aussi la majeure partie du fonds
de la bibliothèque de Clairvaux, qui s’y trouve en dépôt, dotée du label
« mémoire du monde » de l’UNESCO, reconnaissance internationale rare
et qui mérite d’être signalée. Elle récompense, notamment, le remarquable
travail de numérisation des manuscrits consultables sur le site de la
Médiathèque, qui pourraient sans doute ouvrir des perspectives au-delà de
ce gain considérable d’accessibilité pour les philologues, les médiévistes et
les historiens du livre.
Pour toutes ces raisons, grâce à toutes ces richesses dans tous les
domaines du patrimoine et de la connaissance, je suis évidemment très
heureux de vous assurer de mon plein soutien pour accompagner la
candidature de Troyes au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO. À ce
titre, nous allons réfléchir ensemble à la meilleure approche pour que cette
candidature puisse aboutir : si le patrimoine immatériel, à travers
l’extraordinaire richesse que l’histoire a sédimenté à Troyes, est l'une des
approches possibles, il me semble qu'une inscription au patrimoine
mondial matériel de l'Humanité rendrait tout autant, si ce n'est plus, justice
à la richesse de cette Ville, et le Ministère de la Culture serait entièrement
prêt à ouvrir avec vous une candidature de cet ordre. Le chemin vers la
reconnaissance de l'Unesco est long et exigeant, mais je suis certain qu'un
travail fructueux entre une collectivité pleinement engagée dans la
protection et la valorisation de son patrimoine et les services de mon
ministère permettra à cette reconnaissance si méritée d'aboutir d'ici
quelques années.
Je vous remercie.