Je suis très heureux de vous recevoir au ministère de la Culture et de la
Communication à l’occasion de la 22ème édition du grand prix de
l’Association nationale de développement des arts de la mode, présidée
par Pierre Bergé.
Martin Margiela, Christophe Lemaire, Viktor & Rolf, Véronique Leroy,
Gaspard Yurkievich, Jean Colonna, Jeremy Scott, Felipe Oliveira Baptista,
ou encore Gareth Pugh… Vous connaissez ces noms prestigieux. Ils ont
tous été lauréats de l’ANDAM.
22ème édition, 22ème année : une longévité exceptionnelle fait de ce prix
un des plus prisés et des plus respectés sur la scène internationale, et me
rend fier de le remettre dans ces murs.
Vous savez que j’aime la mode.
J’ai consacré beaucoup de temps cette année à renforcer et structurer
notre action dans ce domaine essentiel au rayonnement de la France à
l’étranger, et qui représente également des milliers d’emplois en France.
L’ambition que je m’étais donnée il y a un an, tout juste, devant vous, de
créer une filière lisible et forte de la création dans la mode, en m’appuyant
sur tous les acteurs déjà existants, est en voie de se réaliser.
Aujourd’hui, le ministère de la Culture et de la Communication a les
moyens de suivre et d’accompagner sur près de dix ans les parcours des
jeunes talents, depuis leur inscription dans une école de mode à la création
de leur entreprise.
Une école remarquable sous ma tutelle, l’ENSAD, a d’abord renouvelé et
enrichi son enseignement de mode en 2011. Elle a aussi noué des
partenariats stratégiques : partenariats avec l’Ecole Nationale Supérieur
des Beaux Arts ou l’Ecole Normale Supérieure, qui donnent de la densité
au cursus de l’élève ; partenariat également avec d’autres écoles de mode
remarquables. Mon ministère a parrainé une initiative unissant l’ENSAD,
l’IFM et l’école de la Chambre syndicale, merveilleusement installée dans
ses nouveaux locaux. C’est ainsi que les trois écoles ont invité ensemble
hier Véronique Nichanian à parler au Centre Pompidou. Cette collaboration
est riche de promesses pour les étudiants qui bénéficieront de passerelles
simplifiées entre les différents cursus qu’elles proposent, et renforcera
l’attractivité de Paris dans ce domaine.
Deuxième étape : j’ai confirmé cette année l’augmentation du soutien de
l’Etat à la Villa Noailles à Hyères, qui est cet incubateur extraordinaire de
talents qui sortent précisément des écoles de mode, qui leur permet
d’acquérir une grande visibilité, et leur permet souvent de créer leur
première entreprise. Je crois que le lauréat de l’ANDAM cette année sait
de quoi je parle…
Troisième étape : sous l’égide du Ministère de la Culture et de la
Communication, trois maisons de couture - Balenciaga, Chanel, Louis
Vuitton - et l’Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries
Culturelles se sont rapprochés en vue de créer un fonds d’avance
remboursable pour les créateurs de mode dont le montant atteint 1 million
d’euros. Ce fonds d’avance permettra aux créateurs de financer leurs
collections en ne supportant pas le coût très lourd des délais de paiement,
qui peuvent atteindre 18 mois, et qui contraint parfois leurs jeunes maisons
à la faillite, alors même qu’elles sont en pleine croissance et que leur
carnet de commande est plein. Grâce au magazine ELLE qui a
accompagné la création de ce fonds dans le cadre de son opération « Les
jeunes talents de la mode », un lieu prêté par Louis Vuitton, au coeur de
Paris, va également être mis à disposition des jeunes créateurs. Je vous
invite à fêter son ouverture le 4 juillet avec Valérie Toranian et moi-même.
Enfin, j’ai veillé à ce que le dialogue renouvelé avec les partenaires de
l’ANDAM que j’appelais de mes voeux l’année dernière permette le
renforcement de cette association indispensable, qui est au fond le
couronnement des trois étapes précédentes, auquel je tiens tout
particulièrement : la remise d’un prix d’excellence qui permet à un jeune
créateur de se faire connaître internationalement et de bénéficier d’une
aide financière considérable, unique au monde je crois.
A cet égard, je tiens à saluer Eric Besson, ministre de l’Industrie, qui a
compris l’enjeu du partenariat croisé qui nous lie dans l’ANDAM, ainsi que
le DEFI, Paul Benyamin, son précédent directeur, et Clarisse Reille, qui le
remplace désormais. Je sais que leur action a été décisive. Le ministère de
l’Industrie et le ministère de la Culture et de la Communication soutiennent
la mode ensemble, de conserve, pour le bien de toute la filière, des
créateurs aux façonniers. Je suis heureux de pouvoir vous le dire, et j’y
tiens, car notre unité est essentielle à la prospérité du secteur. Je me
félicite à cet égard que le dialogue ait également été si fructueux toute
cette année avec la ville de Paris, les grandes maisons de couture, la
presse, les grands magasins, les chambres syndicales. On a souvent
décrit la grande famille de la mode comme une famille complexe, voire
désunie. Je l’ai vue au contraire s’élever au-dessus de ces divisions qu’on
lui prête et prendre conscience que nous devions tous avancer ensemble.
Je n’ignore pas qu’il reste beaucoup à faire. Mais je sais qu’une dynamique
est enclenchée et qu’elle sera porteuse pour les années à venir.
L’ANDAM remet aujourd’hui un prix de 200.000 euros et une bourse de
60.000 euros à une première collection française. Swarovski offre des
cristaux au lauréat d’une valeur de 10.000 euros pour la réalisation de sa
collection Printemps-Ete 2012. Le laureat benefice egalement du
parrainage, pendant deux saisons consécutives, de Ralph Toledano ; et il
beneficie enfin de la mise a disposition par Les Galeries Lafayette de
l’espace « La Suite » pour la réalisation de son prochain showroom.
C’est un prix complet, une réelle consécration dont je me félicite, et qui
mérite que je félicite aussi Nathalie Dufour pour le travail qu’elle a accompli
cette année à la tête de l’ANDAM.
Je veux saluer pour finir le jury de professionnels du secteur, qui ont choisi
le lauréat dont Pierre Bergé va nous révéler le nom dans quelques
minutes, et qui sont là ce soir : Hilary Alexander, Emmanuelle Alt, Pamela
Golbin, Humberto Leon, coSarah Lerfel, Virginie Mouzat, Nicole Phelps,
Jean-Jacques Picart, Katell Pouliquen, Valerie Toranian et Jean-Pierre
Simon, directeur adjoint chargé des arts plastiques au ministère de la
Culture et de la Communication.
Je veux également remercier les mécènes de l’ANDAM, qui sont parmi
nous : Pierre Berge, evidemment, pour son mecenat, pour sa fidelite et
pour son amitie, Guillaume Houze, representant Les Galeries Lafayette,
Sophie Delafontaine, representant la maison Longchamp, Paul Deneve,
representant le Gucci Group, Delphine Arnault, representant LVMH,
Giovanni Pungetti, representant Only The Brave, Suzanne Timmins,
representant Hudson’s Bay Company, et Nadja Swarovski, representant
Swarovski.
Je n’oublie pas qu’une personne parmi toutes celles que j’ai citées nous
manque cruellement ce soir : Anne-Laure Quilleriet, disparue brutalement
le 16 avril à l’âge de 36 ans. Elle faisait partie du jury. Je crois qu’elle aurait
aimé cette soirée. Je pense à sa famille, à la rédaction de l’Express. A
vous. J’aimerais, si vous le permettez, dédier ce 22ème grand prix à sa
mémoire.
Je vous remercie.