D’origine mandchoue, né dans le Heilongjiang, vos études à l’université de
Tsinghua ont fait de vous un architecte de renom. À travers un riche
parcours, l’architecte est devenu ingénieur, puis le grand capitaine du
textile chinois que l’on connaît : successivement président de l’Institut
d’ingénierie industrielle du textile, vice-ministre de l’industrie textile, et
désormais président du Conseil national chinois du Textile et du Vêtement.
L’architecture et le monde du textile sont selon vous - je reprends vos
propos - « deux activités humaines qui ont pour but de modeler nos vies
selon les lois de la beauté ».
Car derrière l’architecte, derrière le grand industriel, il y a aussi le
dessinateur et le photographe. Une passion pour laquelle vous avez réussi,
malgré le poids de vos responsabilités, à préserver du temps, et qui vous
vaut d’être exposé à Hong Kong, à Shanghai, à Canton, à Shenzhen, à
Tsinghua dans votre université d’origine, à la mission permanente de la
République populaire de Chine aux Nations Unies, ou encore à l’Académie
chinoise des Beaux-arts. Vous êtes également membre de l’Association
des photographes chinois et de la Société d’Architecture de Chine.
Entre l’Europe et la Chine, l’industrie du textile et du vêtement est porteuse
d’une très longue histoire depuis les temps la Route de la Soie, faite
d’échanges, de concurrence économique et commerciale, de fascination
réciproques aussi. Son extraordinaire développement à la fin du XXème
siècle a donné à la Chine une place de premier plan, par sa puissance
industrielle, considérablement modernisée depuis l’impulsion que Deng
Xiaoping a donné à l’économie chinoise il y a un peu plus de trente ans ;
par son accès à de nouveaux marchés, aussi, avec l’entrée de la Chine
dans l’Organisation Mondiale du Commerce il y a dix ans. Tout cela
implique de nouvelles responsabilités : environnementales, tout d’abord ;
mais également de qualité, de par votre impact majeur sur la création
internationale dans le domaine de la mode. Sur ces deux terrains, vous
vous êtes engagé avec une conviction remarquable.
Je connais les liens que vous avez construit notamment avec Didier
Grumbach, président de la Fédération française de la couture, du prêt-àporter
des couturiers et des créateurs de mode, qui défend en France les
mêmes valeurs que vous : montrer, dans ce domaine du textile et de la
mode au croisement de l’art et de l’industrie, que le développement
économique et la créativité vont de pair.
Partager ensemble ces valeurs, c’est aussi faire honneur à l’amitié francochinoise.
C’est précisément ce que vous faites en parrainant des forums
de réflexion entre managers français et industriels chinois, en favorisant
également les accords entre les maisons de textile et les créateurs.
À l’heure où l’industrie du textile chinois monte en grade et en qualité, le
monde du textile et du vêtement a plus que jamais besoin de dirigeants
capables de montrer le cap dans un domaine où les enjeux industriels et
culturels sont intrinsèquement liés. Ce virage qualitatif, vous
l’accompagnez au mieux, en encourageant la qualité et la créativité, et en
montrant que ces dernières sont compatibles avec des enjeux de
productivité. Dans vos responsabilités dans le monde de l’industrie textile
comme dans votre oeuvre artistique, vous oeuvrez ainsi à une meilleure
compréhension mutuelle des cultures, et vous nous montrez combien ce
que l’on l’appelle la diversité culturelle ou, en Chine, la co-existence
harmonieuse, sont devenus une valeur pour nous tous.
Cher Du Yuzhou, au nom de la République française, nous vous remettons
les insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Votre ouverture au dialogue avec les créateurs internationaux nous est en
effet très précieuse, dans un domaine où les marques françaises
défendent une exigence de qualité constitutive de leur rayonnement
mondial.