J’ai la conviction, depuis plusieurs années, que l’Outre-mer constitue pour le territoire métropolitain un laboratoire en matière culturelle. Par leur histoire sociale et culturelle, les territoires ultramarins nous éclairent sur le considérable enrichissement que la diversité culturelle peut jouer dans le développement d’une société, notamment en faisant émerger des formes artistiques nouvelles, dans une société plus ouverte. Les diverses expressions artistiques qui s’affirment avec dynamisme en Outre-mer apportent une contribution essentielle au pluralisme esthétique de notre pays : les phénomènes de créolisation, le dialogue permanent entre la tradition et la création, la richesse du patrimoine culturel immatériel impliqué illustrent cette spécificité
Pour l’ensemble de ces raisons, j’ai souhaité faire de l’Outre-mer l’une des principales priorités de mon action, en y mettant toute l’ambition politique nécessaire. Dans le droit-fil des orientations énoncées par le Président de la République lors du Conseil Interministériel de l’Outre-mer du 6 novembre 2009, j’ai souhaité renouveler profondément les modes d’actions du ministère de la Culture et de la Communication dans ces territoires.
Pour cela, j’ai souhaité une action adaptée aux caractères originaux de chaque territoire concerné. Pour approfondir la réflexion, j’ai commandé en octobre 2009 un rapport à Michel Collardelle, conservateur général du patrimoine, actuel directeur régional des affaires culturelles de Guyane. La pertinence de ses analyses m’a permis de prendre la mesure de l’enjeu en ce qui concerne le renouvellement de l’action du ministère de la Culture et de la Communication et les attentes des élus, des acteurs culturels et des citoyens ultramarins. C’est bien à un « décentrement du regard » qu’il s’agit de se prêter.
J’ai annoncé lors de mon déplacement aux Antilles en juin 2010 les grands axes de ce plan d’action. Il vise à :
- Structurer, professionnaliser et valoriser les potentiels considérables de ces territoires.
- Mieux protéger, conserver et valoriser les patrimoines, qu’ils soient matériels et immatériels.
J’ai intégré plusieurs musées ultramarins dans le plan national en faveur des musées en région, que j’ai annoncé en septembre 2010.
J’ai souhaité miser fortement sur la formation, qu’il s’agisse des artistes, les acteurs culturels ou les publics, avec des mesures concernant les conservatoires, les écoles d’art et les associations qui œuvrent dans ce domaine.
Le livre et la lecture figurent bien entendu parmi les priorités de ce plan d’action, car ils constituent la condition d’accès à toutes les autres pratiques culturelles. J’ai notamment demandé au Président du Centre national du livre de faire traduire des classiques français en langues créoles. Je souhaite également que l’ensemble des bibliothèques publiques puisse être modernisé.
La dimension linguistique des Outre-mer, dans toute sa diversité, sera prise en compte avec l’organisation à Cayenne, à la fin de 2011, des Etats Généraux du Multilinguisme Outre-mer.
J’ai souhaité que ces régions puissent bénéficier d’équipements culturels emblématiques, à fort rayonnement. C’est pour cette raison que mon ministère s’investit de manière exceptionnelle aux cotés de la Région Guyane, du département et de la commune de Cayenne pour la création d’une « Maison des cultures et des mémoires de la Guyane » qui n’aura aucun équivalent dans notre pays. Et d’autres projets tout aussi ambitieux sont également à l’étude aux Antilles et à la Réunion.
J’ai souhaité faire un effort budgétaire supplémentaire pour l’Outre-mer dès 2010 de 7 millions d’euros. Cet effort a été reconduit en 2011. Le plan d’action passe également par des mesures relatives à l’amélioration de l’offre audiovisuelle en Outre-mer. Ces mesures représentent un effort de 42 M€ en 2011. Elles concernent aussi bien le lancement de la Télévision Numérique Terrestre en Outre-mer que la diffusion de France O sur l’ensemble du territoire national. Ces dispositions sont d’ores et déjà effectives dans leur première phase, ainsi que l’ensemble des mesures d’accompagnement pour les citoyens et pour les opérateurs privés ; de nouvelles étapes seront franchies dans ce domaine en 2011.
Je serai encore très présent sur les territoires ultramarins en 2011, car après mes déplacements aux Antilles et en Guyane en 2010, je prévois de me rendre prochainement à la Réunion et à Mayotte, ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie.
L’enjeu de cette année 2011 des Outre-mer français est essentiel. Il s’agit bien sûr de saisir une très belle occasion de porter un éclairage sur leurs richesses artistiques et culturelles. Mais surtout, ce sont des « points de non retour » qu’il nous faut atteindre, pour garantir leur inscription durable dans la vie culturelle métropolitaine. C’est pour cela que le Président de la République, dans le cadre du Conseil Interministériel de l’Outre-mer, a décidé de la création d’une agence de promotion de la culture ultramarine en métropole, sur laquelle Marie-Luce Penchard et moi-même travaillons activement. Nous aurons l’occasion de vous en parler dans les mois qui viennent.
Afin de préparer cette présence pérenne de la culture ultramarine au sein de nos institutions et manifestations métropolitaines, l’année des Outre-mer nous donne une magnifique opportunité pour favoriser les sensibilisations et les découvertes, susciter une prise de conscience chez nos concitoyens et dans l’ensemble des professionnels de la culture. Je m’emploierai tout au long de cette année à porter de manière significative cette ambition durable, vis-à-vis de mon administration et des établissements publics du ministère - car il s’agit vraiment à mes yeux d’un enjeu majeur.
Je tiens à féliciter Daniel Maximin et son équipe pour la richesse et la pertinence du volet culturel du programme. Je tiens également à remercier tous les partenaires de cette année, les élus, les acteurs culturels, les associations, les mécènes, qui ont permis par leur engagement et leur conviction de rendre plusieurs des manifestations possibles.
Je ne pourrai pas citer tous les temps forts que le Commissariat a préparé en lien avec une pluralité d’opérateurs et de partenaires. Ils sont très nombreux et d’une très grande qualité. Je voudrais citer néanmoins l’hommage qui sera rendu par la République à Aimé Césaire au Panthéon, en avril prochain, qui permettra une reconnaissance nationale d’un de nos plus grands poètes.
J’ai également souhaité que les grandes manifestations nationales organisées par le Ministère de la Culture et de la Communication, telles que la Fête de la Musique ou la Nuit des Musées puissent être consacrées à l’outre-mer.
Vous constaterez également que plusieurs grandes institutions seront des partenaires majeurs de cette année. Je pense notamment aux Galerie Nationales du Grand Palais qui accueilleront une exposition consacrée aux relations entre Aimé Césaire et des peintres importants du XXème siècle ; au musée du Quai Branly, au Centre des Monuments nationaux, à la Cinémathèque française, à l’Etablissement public de la Grande Halle de la Villette, à France Télévisions ; je pense également au Sénat, au Syndicat national de l’Edition pour le prochain Salon du Livre, à la fondation Clément de Bernard Hayot, au musée Dapper, et beaucoup d’autres que vous me pardonnerez de ne pouvoir tous citer, mais qui méritent des remerciement et un sentiment de gratitude extrême pour leur engagement.
Je ne peux que vous encourager tous à partager, sur l’ensemble de notre territoire, dans plusieurs de nos musées, théâtres, salles de concerts et festivals, ce formidable élan artistique et culturel pour le rayonnement des Outre-mer.
Je vous remercie.