Mesdames et Messieurs,
Chers ami[e]s,
Vous le savez, l'architecture a, dès l'origine, fait partie du ministère de la
Culture. Depuis son retour opéré en 1996, je crois pouvoir dire que son
intégration est désormais complète puisque mon Ministère définit,
coordonne et évalue la totalité de la politique de l'Etat en la matière. Que
ce soit dans le domaine de l’enseignement supérieur, dans celui de la
recherche, dans celui de sa promotion et de sa diffusion, mais aussi dans
la défense de ses intérêts économiques et juridiques, et enfin bien entendu
à travers la tutelle qu’il exerce sur l'ordre national des architectes.
L'architecture est pour moi une priorité car son activité s’inscrit au coeur
des enjeux du XXIe siècle. Mon ministère suit, en effet, le parcours des
architectes, et assure leur formation au début et tout au long de leur
carrière. Le programme ambitieux de rénovation ou de création des écoles
nationales supérieures d’architecture en témoigne. Actuellement, ce sont
les écoles de Clermont-Ferrand, Strasbourg - avec vous, cher Marc
Mimram - et Toulouse dont les projets sont en cours.
Parallèlement à ce plan ambitieux, et conformément aux orientations fortes
qui ont été fixées par le Président de la République, j’ai engagé le réseau
des écoles dans de nouvelles exigences en matière de pédagogie et de
recherche. Il s’agit de mieux former les architectes afin qu’ils
accompagnent les élus, les maîtres d’ouvrage publics ou privés, en étant
attentifs aux préoccupations citoyennes en matière de développement
durable.
En lien avec le ministère de l’Ecologie, nous sommes d’ailleurs à même de
proposer la création d’une Cité de la construction durable, qui fédère les
écoles susceptibles de figurer parmi les équipements d’excellence, à
travers un appel engagé dans le cadre du Grand Emprunt et des initiatives
d’excellence.
Par ailleurs, je tiens à souligner que l’enseignement de l’architecture est
devenu le premier enseignement du ministère inséré dans l’enseignement
supérieur en assurant aux 20 000 étudiants de cette filière des diplômes
nationaux conférant les grades universitaires. J’ajoute que leur insertion
professionnelle est remarquable puisque 85 % des diplômés disposent
d’un contrat de travail stable trois ans après leur sortie de l’école.
J’attache également beaucoup d’importance au soutien accordé aux
professionnels tout au long de leur carrière, en commençant par les jeunes
architectes et paysagistes avec le dispositif des Albums des jeunes
architectes et des paysagistes. De la même manière, les efforts pour
favoriser l'accès aux concours d'architecture des étudiants et jeunes
professionnels traduisent cette volonté. Mais je ne voudrais pas oublier les
architectes confirmés. La reconnaissance de leur créativité se traduit, entre
autre, par l'attribution tous les deux ans du Grand Prix national de
l’architecture, dont j’aurai d’ailleurs le plaisir de proclamer le nom du
prochain lauréat en février prochain.
Enfin, je ne voudrais pas conclure ce propos liminaire sans évoquer
l’attention que je porte aux difficultés économiques rencontrées par votre
profession. Quelques chantiers nous attendent dans les mois à venir et je
veux vous dire l’attention que j’y porte : la défense des principes
constitutionnels de la loi MOP, notamment dans les modalités de la mise
en oeuvre des Partenariats public-privé (PPP) et dans les décrets
d'application des lois Grenelle, la rémunération des architectes – je pense
aux concours et au niveau des honoraires - enfin la transposition de la
Directive services. Ce sont des sujets difficiles, qui se posent de manière
aiguë ; ce sont aussi des sujets essentiels, je le mesure, pour l’avenir de
votre profession. Sachez que mon ministère et moi-même sommes
extrêmement attentifs et que nous continuerons de l'être dans les mois à
venir. A mes yeux les évolutions statutaires de la profession sont
inséparables de la préservation du rôle décisif que l'architecte et l’urbaniste
sont appelés à jouer dans notre société.
Il suffit de considérer l'ensemble des projets architecturaux portés hier et
aujourd'hui par le ministère de la Culture et de la Communication pour
mesurer le chemin parcouru. L’ambition qui doit être la nôtre est celle d’un
manifeste pour un paysage de qualité, un manifeste en actes de la création
et la culture. Les prochaines réalisations ne manqueront pas de le
témoigner : Le Louvre-Lens, par l'agence Sanaa, le Mucem, par l'architecte
Rudy Ricciotti, les Archives nationales, par Massimiliano Fuksas, et bien
entendu les écoles que j'ai précédemment évoquées.
Permettez-moi quelques mots sur le Grand Paris, sujet sur lequel nous
sommes pleinement mobilisés. Les propositions émises par l'Atelier
international du Grand Paris sur le schéma de transport du Grand Paris ont
été présentées le 10 novembre dernier au Président de la République :
elles ont reçu de sa part, vous le savez, un accueil extrêmement favorable.
Aujourd'hui et dans les jours qui viennent, j'aurai l'occasion de décorer de
nombreux architectes. A travers ce geste, je veux signifier mon
attachement et mon intérêt profond à cette profession tout autant qu’aux
ambitions qu’elle porte pour la Cité.
En ce début de XXIe siècle, l’essentiel pour penser et gouverner les Villes
consiste à réfléchir aux changements sociaux, aux nouveaux rapports qui
se tissent avec le territoire, à la culture de la mobilité, des vies en trajets et
en étapes, enfin à l’importance nouvelle du temps libre. Dans ces
conditions, la question qui se pose aux urbanistes, aux architectes, aux
élus est bien celle du « faire société ensemble » alors que nous sommes
dans une société de privatisation du lien social et d’individualisation des
trajets. Si nous n’y prenons garde, nous allons vers une société de
fragmentation politique, vers la résurgence de «nous» archaïques ou
encore vers la prolifération de ces « non-lieux » identifiés par
l’anthropologue Marc Augé. Tout l’enjeu consiste à transformer chaque
ville dans le respect des individus et dans la juste interprétation des
nouvelles solidarités qui se tissent à l’âge numérique. En d’autres termes,
pour penser et administrer la ville du XXIe siècle, il faut connaître son
passé, son présent, mais aussi porter une vision et imaginer son avenir.
C’est précisément cette ambition qui a été porté avec talent par l’ensemble
des récipiendaires – c’et le mot consacré – que nous honorons ce soir.
Cher François Leclercq,
A la fois praticien et théoricien, architecte et urbaniste passionné,
professionnel renommé en France et à l’étranger, vous êtes parvenu,
pendant votre carrière, à traiter des échelles d’intervention de plus en plus
vastes avec la même exigence.
Vous menez de brillantes études à l'Ecole d'architecture de La Villette
(UP6 ), dont vous sortez diplômé en 1981. A peine un an après, vous êtes
lauréat du prestigieux concours Plan Architecture Nouvelle (PAN XII). Très
tôt distingué pour votre travail, vous vous imposez rapidement sur la scène
architecturale française. Ainsi, en 1985, vous devenez lauréat des Albums
de la Jeune Architecture, qui récompensent les jeunes architectes les plus
prometteurs. Vous enchaînez les marques de reconnaissance de la
profession et vous obtenez en 1988 le Prix de la Première Oeuvre du
Moniteur pour la réalisation de 44 studios pour jeunes fonctionnaires du
ministère des Finances, dans le 13e arrondissement de Paris.
En avril 1990, vous fondez l'agence Dusapin-Leclercq avec l'architecte
Fabrice Dusapin, au sein de laquelle vous allez conduire l'essentiel de
votre carrière. Le succès est immédiat. Les commandes affluent, les
projets se multiplient.
Préoccupé par les problématiques d’intégration, vous engagez
d’importantes réalisations sur le logement collectif, notamment en Ile-de-
France, l’un des grands enjeux pour l'architecture contemporaine.
Polyvalent, vous vous diversifiez en réalisant notamment des immeubles
de bureau, tels que le siège social d'Accenture à Paris 13e ou les
immeubles de bureaux pour France Télécom, à Arcueil. Vous réalisez
également de nombreux équipements publics, vous efforçant toujours de
trouver des réponses sur-mesure dans l’élaboration de ces projets adaptés
au tissu urbain et humain : le Lycée Henry Sellier, à Livry-Gargan ou la
reconstruction du lycée Jean Moulin à Rosny-sous-Bois.
Mais vous ne perdez pas de vue « votre désir de territoire » et vous
investissez peu à peu le champ plus large de l'aménagement urbain,
toujours soucieux des réalités économiques, sociologiques,
géographiques. Vous intervenez ainsi sur l'aménagement de la Porte de
Valenciennes à Lille ou la requalification du quartier de la Vache Noire à
Arcueil, mais également sur des sites majeurs tels que l’étude d'urbanité
du quartier d'affaires de la Défense « de la Seine à la Seine ». Vous
développez également, avec succès, vos activités à l’étranger, comme
l’urbanisation du quartier de la Marina à Casablanca.
Votre talent ne cesse d’être reconnu tout au long de votre carrière : vous
recevez le prix spécial du jury de l'Equerre d'argent, vous êtes fait membre
de l’Académie d’Architecture, vous êtes enfin promu au grade de chevalier
dans l'ordre des Arts et Lettres.
Passionné et désireux de transmettre votre savoir, vous enseignez depuis
de nombreuses années à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de
Marne-la-Vallée, école dont la spécificité, la marque de fabrique est
précisément l'aménagement du territoire.
Ultime reconnaissance de votre expertise dans ce domaine, vous êtes
invité à participer, au sein du collectif Descartes, avec l'architecte Yves
Lion, à la consultation internationale de recherche et de prospective sur le
Grand Paris, conduite par le ministère de la Culture, à l'initiative du
Président de la République.
Aujourd'hui, cher François Leclerc, pour toutes ces raisons qui font de vous
un professionnel incontournable et respecté de tous, nous vous faisons, au
nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont
conférés, chevalier de la Légion d'Honneur.
Cher Marc Mimram,
Ce n’est pas à un simple architecte que je m’adresse ce soir, mais à un
Gustave Eiffel des temps modernes, à la fois penseur, créateur et
bâtisseur, votre oeuvre se poursuit au delà des limites du territoire national
pour habiller aujourd’hui les plus grandes villes du monde de vos
prouesses métalliques.
Votre formation reflète magnifiquement votre vision de l’architecture
comme discipline croisée, fruit d’un travail partagé, dépositaire d’enjeux à
la fois conceptuels, techniques, esthétiques et humains. Après des études
en Sciences Mathématiques et à l’Ecole nationale des ponts et chaussées,
vous obtenez le diplôme d’architecte. Titulaire d’un «Master in Civil
engineering » de l’Université de Berkeley et d’un DEA de Philosophie, vous
considérez l’architecte comme l’acteur d’un ouvrage polyphonique. Vous
êtes sensible à tous les aspects d’un chantier, à tous les acteurs du projet,
à tous les moments de ce que vous appelez le « travailler-ensemble ».
En 1981, vous fondez l’agence Marc Mimram, qui rassemble les
compétences d’architectes, d’ingénieurs, de projeteurs et d’économistes.
Vos premières réalisations marquantes font apparaître dans le paysage
français des structures métalliques innovantes, telles que la fameuse
passerelle Solférino sur la Seine à Paris, aujourd’hui passerelle Léopold
Sédar-Senghor, qui réconcilie, grâce à vos dons, les berges de la Seine.
Vous vous investissez également activement dans la construction
d’équipements publics de loisirs, des stades, des piscines, des patinoires.
Votre grande force est d’avoir su imposer un « style Mimram » à grande
échelle. Vos ouvrages constituent des projets qui s’enracinent dans l’étude
de la matière, mais aussi dans les profondes mutations liées à la
mondialisation, à l’accroissement de la mobilité et des échanges.
Conscient que l’architecture conduit à un bouleversement du quotidien, à
un changement des façons de vivre et d’agir, à un renouvellement du lien
social, vous cherchez, par vos travaux, à intégrer la transformation au
paysage, à fondre le changement dans la continuité.
En véritable visionnaire, vous redonnez du sens à vos réalisations, et
notamment aux ponts, symboles de votre art partagé : après la ville
« dressée » découverte à Manhattan par Céline dans le Voyage au bout de
la nuit, vous proposez de recoucher la ville et « d'habiter l'infrastructure »,
de la penser comme un « lieu commun » de socialisation et de partage, au
coeur de la ville. Devenue porteuse de sens, l'infrastructure permet ainsi de
créer une rencontre entre les acteurs de chacune des rives, un pont
apportant une image apaisée dans le territoire métropolitain.
Vous devenez rapidement l’une des figures les plus marquantes de
l’architecture internationale. Depuis 2005, une série de grands projets de
passerelles et de ponts vous a été confiée en Chine, pays du gigantisme et
de la grande échelle, paysage en perpétuelle reconstruction dont
l’urbanisation est aujourd’hui un enjeu majeur.
Parallèlement à cette production féconde, vous avez largement participé à
la diffusion de la discipline à travers vos activités de professeur à l’Ecole
d’architecture de la Ville et des Territoires à Marne-la-Vallée, mais aussi
par vos écrits ou par le biais d’expositions permanentes ou itinérantes, qui
ont vu vos projets voyager en France, en Italie, en Allemagne ou au Brésil.
Votre créativité et votre dynamisme ont rayonné dans de nombreux
concours : vous êtes choisi pour participer à la restructuration et à
l’extension de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg,
puis vous êtes désigné pour réaliser le nouveau stade de Roland Garros à
Paris qui chaque année, voit les caméras du monde entier se braquer sur
lui, véritable « lieu de mémoire » du sport, mais aussi théâtre
des élégances et du style. Votre talent vous a permis de remporter de
nombreux prix prestigieux (Médaille d’Argent de la recherche et de la
technique de l’Académie d’architecture, 1994 ; Equerre d’Argent du
Moniteur), mais aussi d’être régulièrement récompensé par le Syndicat de
la Construction métallique. Vous avez également reçu le titre de Chevalier
dans l’Ordre National du Mérite en 2005.
«Désintégrateur de paysages», comme vous aimez vous définir, vous ne
cessez de renouveler cet « art de la transformation » dont vous êtes
l’artisan.
C’est pourquoi, au nom du Président de la République et en vertu des
pouvoir qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion
d’Honneur.
Cher Jacques Ferrier,
Architecte de grand talent, ardent défenseur d’un urbanisme à visage
humain, apôtre du détail, vous avez porté bien haut les couleurs de la
France en étant l’artisan de l’extraordinaire Pavillon de l’Exposition
universelle de Shanghaï.
Vous combinez brillamment des formations d’ingénieur et d’architecte, en
étant à la fois diplômé de l’Ecole Centrale de Paris et de l’Ecole Nationale
Supérieure d’architecture de Paris Belleville. Après un début de carrière à
Londres, vous créez à Paris votre propre agence : Jacques Ferrier
Architectures. Vos premières réalisations sont très vite reconnues : vous
recevez, seulement trois ans après avoir créé votre agence, le prix de la
Première oeuvre du Moniteur, pour le Centre de recherche des matériaux
de l’Ecole des Mines de Paris, à Evry.
Vous devenez rapidement le pionnier d’une architecture écologique
innovante – vous êtes d’ailleurs l’un des premiers à utiliser les panneaux
photovoltaïques – mais vous ne voulez pas être le héraut de l’architecture
durable : un bâtiment durable est pour vous, avant tout, un bâtiment
pérenne. La reconnaissance de vos pairs ne tarde pas.
En 1999, l’AMO vous décerne la mention « Architecture et lieux de
travail », pour l’Usine des eaux de la SAGEP, à Joinville-le-Pont. Nominé
plusieurs fois à l’Equerre d’Argent, votre travail est également proposé par
vos pairs pour recevoir, parmi les cinq architectes retenus, le Grand Prix
national de l’Architecture, la plus haute distinction nationale d’architecture,
que le ministère de la Culture et de la Communication relance en 2004.
Vous serez d’ailleurs fait, en 2005, chevalier dans l’Ordre des Arts et
Lettres.
Soucieux de vous placer en permanence dans le renouvellement des
techniques, des idées, des méthodes, des matériaux, vous concevez avec
des collaborateurs le laboratoire d’architecture FGP, collectif de
recherches urbaines et architecturales. Vous aimez explorer, découvrir,
innover. Vous allez d’ailleurs réaliser la remarquable tour Hypergreen,
prototype de tour écologique qui représente l’aboutissement de vos
connaissances en matières d’architecture de grande hauteur et de
développement durable. Ce prototype vous vaudra en 2007 le Prix « Best
conceptual project ».
Soucieux de transmettre votre savoir, vous avez enseigné dans les Ecoles
nationales d’Architecture, telles que celle de Saint-Etienne ou celle de
Bretagne. Vous avez également été à l’origine de très nombreuses
expositions et conférences portant notamment sur la vision durable de
l’architecture et de l’urbanisme, et vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages
monographiques. Architecte prolifique, vous êtes désormais régulièrement
invité à participer aux plus importants concours internationaux.
Considérant le rôle de l’architecte comme primordial dans la création d’un
environnement plus adapté et apaisé, vous vous engagez dans le champ
de l’urbanisme, réalisant notamment des études urbaines, comme celle
consacrée aux terrains de Renault à Boulogne-Billancourt. Refusant la
froideur et la technicité modernes, prônant une architecture qui s’approprie
les territoires, défendant l’importance du plaisir de vivre en ville, vous vous
orientez toujours dans une expertise technique mise au service de
l’humain.
Vos réalisations récentes traduisent cet idéal, du lycée français
international de Pékin à la Jiading ZhuQiao School et Hich Tech Park à
Shanghai, en passant par la Collège de France à Paris. Mais l’un de vos
plus grands chefs-d’oeuvre est le Pavillon de la France pour l’exposition
universelle de Shanghaï. Edifice suspendu sur un miroir d’eau, habillé
d’une fine mantille de béton et abritant en son coeur un jardin suspendu, il
est l’expression du raffinement à la française, invitant au plaisir et à la
sensualité, bâtissant des ponts entre nos deux cultures. Il fut le pavillon le
plus visité de tous, accueillant plus de 10 millions de visiteurs venus du
monde entier.
Architecte des sens, scénographe du détail, créateur de lien, vous avez
contribué à faire avancer une réflexion essentielle sur le plaisir de vivre en
ville.
Cher Jacques Ferrier, au nom du Président de la République, nous vous
faisons Chevalier dans l’ordre du Mérite.
Cher François Grether,
Architecte de renom, vous vous êtes imposé comme un des plus grands
urbanistes de notre pays. Vous êtes également un homme de conviction
réputé pour votre sens inné du dialogue et votre détermination.
Architecte et urbaniste, vous choisissez immédiatement, dès l’obtention de
votre diplôme d’architecte, le service public. Vous entamez votre carrière
d’abord en Algérie au ministère de l’Intérieur, puis pendant plus de vingt
ans, à l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) où vous êtes responsable
d’études. Vous y dirigerez notamment les études pour l’aménagement du
secteur de La Villette, du plan programme de l’Est de Paris et de la ZAC
Seine Rive Gauche. Vous y participerez à l’élaboration de documents
d’urbanisme, prenant très vite conscience des rapports au temps et à
l’espace qui caractérisent la trame de la ville.
En 1992, vous fondez votre propre agence qui devient très vite une
référence en matière d’urbanisme. Vous réalisez ainsi la conception de
nombreux et importants projets urbains dans plusieurs villes et sites tels
que Lyon Confluences, la restructuration du Parc des Expositions à Paris
en 1995 ou la réalisation de la ZAC des Berges de Seine-Beaujon à Clichy
la Garenne. Vos nombreux travaux témoignent de la place de choix que
vous tenez aujourd’hui dans le monde de l’architecture française.
Vous croyez en la possibilité d’une architecture et d’un urbanisme aux
services des hommes. Vous vous êtes engagé dans une mission de
conseil et d’assistance en Charente Maritime suite à la tempête Xynthia qui
a ravagé la région en février 2010. Passionné par cette mission, vous avez
rencontré, pour le compte de l’Atelier Littoral du ministère de l'Ecologie, de
l'Energie, du Développement durable et de la Mer, l'ensemble des maires
de cette partie du département. Vous vous êtes entièrement investi, à la
demande des élus, pour proposer un projet opérationnel sur les zones de
solidarité et construire un plan urbain et paysager d'ensemble. Votre
grande générosité vous amène à participer à des réalisations soucieuses
du respect des habitants et du territoire façonné. Le projet Erdre Porterie
pour la ville de Nantes, qui prévoit la construction de 1400 logements, vise
ainsi à favoriser la mixité sociale et la création d'un "éco-quartier".
A l’image de ces projets et des multiples éco-quartiers dont vous avez la
charge, votre travail est unanimement reconnu pour votre implication et
votre capacité à aborder des questions de nature et d’ampleur différentes.
Des grands ensembles aux quartiers de ville, tous les projets méritent
persuasion et finesse dans la maîtrise de l’ouvrage. Lors de votre
nomination au grand prix de l’urbanisme en 2007, le jury souligne votre
aptitude à engager des processus et à les réaliser, mais aussi votre grande
capacité à faire passer vos convictions auprès de élus pour obtenir les
décisions.
Conférencier en France et à l’étranger, vous êtes aussi un inlassable
pédagogue, cher François Grether, à l'école nationale supérieur
d'architecture de Nancy et de Paris la Villette, à l'École Spéciale
d'Architecture, à l’Institut d’études politiques, à l'École Polytechnique
Fédérale de Lausanne. Reconnaissance ultime de vos talents d’architecte,
vous êtes membre de l’Académie d’architecture.
Pour votre carrière brillante, pour votre engagement constant en faveur
d’un l’urbanisme de qualité, François Grether, au nom de la République
française, nous vous faisons Commandeur dans l’ordre des Arts et des
Lettres.