En ce qui concerne l’accès au œuvres cinématographiques :
Dans le cadre des différents dispositifs d’aide à la numérisation du patrimoine, la réalisation du sous-titrage et de l'audio-description des films, comme je l'ai annoncé, seront pris en compte parmi les éléments du cahier des charges. Cette mesure permettra la mise à disposition de films et/ou de documentaires accessibles sur les plateformes de diffusion, notamment la Vidéo à la demande (VàD), mais aussi bien sûr les DVD, les salles de cinéma et les chaînes de télévision.
Afin d’assurer et de rationaliser la disponibilité de versions sous-titrées pour malentendants et de versions d’audio-description sur l’ensemble des supports de diffusion - salle, télévisions, vidéo, Vidéo à la demande - le Centre National du Cinéma et de l'image animée va entreprendre à ma demande et sans tarder une action de coordination de l’ensemble des intervenants et secteurs professionnels concernés : producteurs, distributeurs et exploitants. L’objectif est de parvenir à l’élaboration d’un accord de référence sur l’audio-description et le sous-titrage des films.
En ce qui concerne plus particulièrement l’accès aux œuvres cinématographiques en salle :
Afin de favoriser l'équipement des salles et permettre l'accès aux œuvres diffusées, le CNC va intégrer aux conventions permettant les travaux de modernisation des salles la possibilité d’une aide sélective pour l’installation d’un émetteur de sous-titrage et d’audio-description ainsi que la valorisation de la programmation de séances accessibles. Je me permets de souligner que ces dépenses d’équipement peuvent d’ores et déjà être prises en charge sur l’aide automatique du CNC à laquelle chaque exploitant peut accéder.
Afin de sensibiliser les exploitants et de favoriser la diffusion des films accessibles, le CNC, en lien avec le MCC va engager dès 2011, une action pilote impliquant l'organisation d'une concertation avec l’ensemble des exploitants (Fédération nationale des cinémas français ) afin de garantir :
la mise en place d’équipements permettant aussi bien le sous-titrage que l’audio-description dans un minimum de salles dans chaque région ;
la programmation régulière de séances accessibles, en concertation avec les regroupements d'usagers (personnes déficientes visuelles et auditives).
Pour mener à bien ce plan d’action, j’ai missionné le CNC pour la réalisation de deux études qui permettront :
- le recensement des films accessibles dès leur sortie en salle ;
- la réalisation, en lien avec les professionnels du secteur, d’un état des lieux sur l’ensemble du territoire, des salles équipées en émetteur permettant l’audio-description, l’amplification ou le sous-titrage et l’identification des réseaux pilotes.
L’accès à la culture doit se décliner dans toutes ses dimensions à l’image de la diversité des modes d’expression et des métiers de la culture :
- Je souhaite Egalement mobiliser les établissements publics QUI dépendent de MOn MINISTERE sur CEt enjeu
Parallèlement à la mise aux normes, le dialogue entre les établissements publics qui dépendent du Ministère de la Culture et de la Communication se poursuit depuis 2003. J’ai demandé à ces établissements de développer un programme national « Innovation, recherche et développement en accessibilité culturelle ».
Dans le cadre du suivi de la mise en application de la loi de 2005, mon ministère va intégrer le respect de l'accessibilité du cadre bâti et de l'offre culturelle aux subventions d'investissements de ses opérateurs. A titre d’illustration, cela peut concerner un quota et le positionnement de places accessibles au sein des lieux de diffusion du spectacle vivant.
J’attache également beaucoup de prix à l’accès des jeunes personnes handicapées aux métiers de la culture. A ce titre, nous avons mis en place un plan de financement qui permet d'engager la mise aux normes des bâtiments des écoles d’enseignement supérieur Culture, l'accessibilité des contenus pédagogiques, des concours et des examens, enfin la prise en charge des frais de transport des étudiants handicapés inscrits dans nos écoles.
- L’accès aux pratiques artistiques et culturelles EST AUSSI UN chantier MAJEUR
L’égalité des droits et des chances, cela suppose un accès égal aux pratiques culturelles, notamment aux pratiques amateurs qui peuvent, nous le savons, éclairer une vie, faire découvrir un « univers », permettre un rapport intime à l'art et à la culture. Beaucoup de personnes handicapées veulent pratiquer une discipline artistique. Nous devons les aider, nous devons les soutenir. Les personnes en situation de handicap savent nous surprendre : accompagnées, elles peuvent renouveler les langages de la création, frayer de nouveaux chemins pour l’expression artistique. A mes yeux, elles sont de véritables acteurs de la diversité culturelle ; elles contribuent pleinement à la vitalité mais aussi à l’humanité de notre culture. Un homme de théâtre comme Pippo del Bono l’a merveilleusement exprimé.
A cet égard, le ministère de la Culture et de la Communication soutient l’émergence de réseaux inter-professionnels favorisant l’accès aux pratiques artistiques des personnes handicapées au sein des lieux de pratiques ouverts à tous. Je pense notamment au travail exemplaire du réseau Musique et Handicap soutenu par mon ministère depuis sa création en 2008.
Rendre accessible, c’est aussi favoriser les pratiques culturelles au plus près des personnes atteintes de handicap. Dans les institutions d'accueil, la culture ne doit pas être une variable d’ajustement, une simple valeur ajoutée : elle doit être présente au cœur du projet d’établissement. L’expression artistique et le développement culturel, au sein des institutions médico-sociales, sont un facteur d’épanouissement et permettent une ouverture au monde. L’accès à la culture sont à cet égard le meilleur vecteur pour libérer l’esprit de la « prison du corps » et, pour certains, libérer le corps de la « prison de l’esprit ».
C'est pourquoi dans le cadre de la nouvelle convention que j'ai eu le plaisir de signer le 6 mai 2010 avec Roselyne Bachelot, nous avons posé les bases de l'élargissement de notre politique Culture-Santé à l'ensemble du champ médico-social. Dès 2011, nous mettrons en œuvre cette nouvelle politique dans cinq régions pilotes.
Je souhaite que tous ces sujets fassent l’objet d’un examen et d’un suivi précis dans le cadre de la prochaine réunion de la Commission nationale culture et handicap, qui se tiendra à l'automne Rue de Valois et dont nous allons prochainement fixer la date.
Former sa sensibilité, s’approprier les chefs d’œuvre, se nourrir de la création contemporaine, cela ne doit pas être un « ilot préservé» à destination d’une élite, cela ne doit pas non plus être un « continent inaccessible » pour ces femmes et ces hommes qui souffrent de handicap mais veulent s’émouvoir, veulent être émerveillés, veulent vibrer à l’unisson de leurs contemporains.
Leur ouvrir, vous ouvrir les portes des lieux culturels, c’est d’une certaine façon changer notre regard et nous changer nous-mêmes, c’est faire du mot égalité non plus seulement l’inscription d’une vertu républicaine mais une politique publique qui transforme le quotidien et la vie.
Je suis convaincu qu’ensemble, armés d’une même volonté, mobilisés pour un même objectif, nous pouvons beaucoup, nous pouvons faire changer les regards, nous pouvons bousculer les habitudes, nous pouvons ébranler ces certitudes qui nous brident. Je porte une conviction : la culture est agrégation, mélange, diversité. Elle ne peut être un lieu d’exclusion, elle ne peut créer l’intimidation, elle ne doit en aucun cas paraître inaccessible. C’est tout l’enjeu du débat qui nous réunit.