Avec Denise Scharley, c’est une grande figure de notre bel canto qui
nous quitte, une admirable mezzo contralto, cette tessiture si rare qui
descend aux profondeurs de l’âme. Étonnante Mélisande en 1942 à
ses débuts à l’Opéra Comique, bouleversante Marguerite de Gounod,
son dernier rôle en 1983 à Toulouse, sa carrière a embrassé les rôles,
scènes et partenaires les plus prestigieux de son temps.
Elle était une Carmen, une Dalila, une Charlotte, une Tatiana rêvées,
avec cette dimension de feu et de glace qui était sa marque de
noblesse. Pour les mélomanes, elle restera une Madame de Croissy à
jamais inégalée, dans la grande scène d’agonie du Dialogue des
Carmélites de Poulenc.
Par son talent, elle aura régné sur le répertoire le plus large, de
Rameau à Lesur, et aidé à la création de plusieurs ouvrages du XXe
siècle : Ondine de Daniel Lesur ou Médium de Menotti.
Je rends hommage à cette grande cantatrice française, que nous
n’avons pas fini d’écouter et d’aimer.