Antoni Tapies s’est éteint lundi à Barcelone, sa ville natale, à l’âge de 88 ans.
Au terme de sa vie et d’un parcours marqué par une énergie qui semblait
proprement inépuisable, ce géant de la scène artistique espagnole, cet
autodidacte nous laisse pas moins de huit mille oeuvres à sans cesse
redécouvrir.
Dans le monde de l’abstraction, qui allait au milieu du XXe siècle se
découvrir tant de paysages nouveaux, Antoni Tapies sut très vite imposer
son propre monde. Il avait la force et l’audace des précurseurs. Avant même
les Italiens de l’Arte Povera, il avait compris tout le parti qu’il pouvait tirer de
la récupération et du détournement des matériaux les plus humbles : cordes,
ficelles, vieux papiers, chiffons, paille ou même quelques poignées de
terre…
Avec ces pauvres choses, il produisait de la beauté. C’était sans doute la
marque la plus étonnante de son génie.