Ce sont des bâtiments publics situés en plein centre-ville, une école, un collège, une piscine de quartier ou bien une maison de particulier nichée au fond d’une rue, plus à l’abri des regards. Au total, plus de 1 700 édifices sont labellisés « Architecture contemporaine remarquable » sur tout le territoire. Ce label, créé en 2016 par le ministère de la Culture, vise à mieux mettre en valeur la production architecturale datant de moins de cent ans. « Son objectif est simple : il vise à mieux faire connaître l’architecture contemporaine à nos concitoyens, car ceux-ci la méconnaissent trop souvent », explique Frédéric Haboury, adjoint à la sous-directrice de l’architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie au ministère de la Culture. Cette distinction concerne des bâtiments non protégés au titre des monuments historiques mais qui présentent un intérêt particulier : une singularité, un caractère innovant ou expérimental dans la conception, une certaine notoriété, une appartenance à un mouvement ou encore la reconnaissance nationale ou locale de son architecte.

Ce label est aujourd’hui valorisé à travers un guide, publié le 10 octobre dernier et édité par les Éditions du Patrimoine du Centre des monuments nationaux, sur l’initiative du ministère de la Culture. Il recense ces centaines de bâtiments, présentés à travers une notice et des photographies. Ainsi, au fil des pages, s’égrène tout un pan de l’histoire des XX^e et XXI^e siècles. « L’esprit de ce guide était d’insérer l’architecture dans une histoire sociale, culturelle, économique et technique. Les notices notamment s’attachent à les resituer dans leur contexte historique », complète Frédéric Haboury.

Une grande campagne de 900 photographies

Cet ouvrage a été rédigé par sept auteurs, spécialistes de l’architecture, qu’ils soient historiens de l’art, architectes ou chargés de protection des monuments historiques : Clarisse Duclos, Richard Klein, Corinne Langlois, Élise Lauranceau, Valérie Mettais, Jean-Baptiste Rendu et Raphaëlle Saint-Pierre. Ce guide s’adresse à tous, soit pour y piocher des idées de promenades architecturales avec son classement par région puis par département et par commune et ses cartes recensant la localisation des édifices, soit pour être feuilleté en tant qu’ouvrage de référence sur le sujet, grâce à ses notices.

Cet ouvrage est également unique par ses illustrations issues d’une grande campagne lancée par le ministère et confiée à huit photographes. Pendant trois ans, Thierry Ardouin, Stéphane Asseline, Nolwenn Brod, Cyrus Cornut, Clément Guillaume, Sandrine Marc, Florent Michel, et Myr Muratet ont sillonné le territoire et posé leur regard sur une sélection de 180 édifices et ensembles labellisés. « Pour cette campagne, nous avions la volonté de valoriser les architectes mais également les photographes. Nous leur avons demandé d’être attentifs à trois aspects : les usages du bâtiment, les matières et la lumière et enfin l’insertion du bâtiment dans son environnement », souligne Frédéric Haboury. Sur plus de huit cents pages, ces images font ainsi la part belle à l’humain, aux usagers de ces édifices.

Les huit photographes ont produit ainsi près de 900 images qui alimentent aujourd’hui un fonds iconographique conservé à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie et visible sur la plateforme POP (Plateforme ouverte du patrimoine) du ministère de la Culture. Ce travail d’illustration se poursuit avec une nouvelle campagne menée par douze nouveaux photographes qui se rendront également dans les territoires d’outre-mer. Ce fonds devrait enfin être valorisé par des expositions dès l’an prochain.

Un label en lien avec les Journées nationales de l’architecture

La sortie de ce guide coïncide avec le début des Journées nationales de l’architecture, qui se déroulent du 18 au 20 octobre sur tout le territoire. Le thème choisi cette année, celui des « Nouvelles vies des bâtiments et nouvelles pratiques de l'architecture » entre en résonance directe avec l’un des objectifs affichés du label ACR : encourager la réhabilitation de l’existant. « C’est un label de projet qui vise à accompagner la transformation qualitative de ces bâtiments. Cela correspond à une tendance forte de l’architecture. Pour répondre aux ambitions de la transition écologique, il est de plus en plus recommandé de ne pas démolir pour reconstruire du neuf mais de réhabiliter l’existant dans un enjeu de réutilisation des ressources », note Frédéric Haboury. Le label ACR propose notamment de sensibiliser, en amont, la maitrise d’ouvrage à la nécessité de réaliser un projet architectural respectant les qualités intrinsèques de l’édifice.