Avec ses 321 millions de locuteurs sur les cinq continents, ce qui en fait la 5e langue la plus parlée au monde, le français dispose d’un potentiel incomparable qui, selon les estimations de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), devrait doubler d'ici 2050. C’est ce potentiel – linguistique, bien sûr, mais aussi économique, diplomatique, social et culturel – qui va faire l’objet de débats, propositions et préconisations, à l’occasion du XIXe Sommet de la Francophonie un événement qui va être accueilli pour la première fois depuis plus de trente ans en France, les 4 et 5 octobre, à Villers-Cotterêts (Hauts-de-France) puis au Grand Palais, à Paris.
Ce Sommet aura un format inédit par les manifestations qui l’entourent en ce début octobre : temps fort du Festival de la Francophonie ; village de la Francophonie et ses pavillons nationaux au CENTQUATRE-PARIS et FrancoTech, le Salon des innovations en français à la Station F.
La Culture mobilisée
Temps fort de « Refaire le monde : le Festival de la francophonie », l’autre versant du Sommet sera une magnifique « vitrine » destinée au grand public, sous la forme d’une passionnante fête culturelle qui se tiendra à la fois à la Gaîté lyrique ,à Villers-Cotterêts (Cité internationale de la langue française) et en d’autres lieux en ce début octobre.
Lancé le 20 mars 2024 (journée internationale de la francophonie) sous la direction de sa commissaire Valérie Senghor, le Festival s’est déployé sous la forme d’une série d’événements (« Résonances ») dans l’Hexagone, dans les Outremers et à l’International. Il a rassemblé plus de 150 événements portés par 500 partenaires dans 50 pays sur les cinq continents, dont ici un exemple, par l’Alliance française de Dublin. Quant au ministère de la Culture, plus d’une trentaine de ses opérateurs, répartis sur la majeure partie du territoire national, se sont portés partenaires de ces projets. Signalons ici l’engagement des trois pôles de référence de la création francophone que sont les Francophonies de Limoges (Les Zébrures de printemps et d’automne), La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon (Carrefour Caraïbe-Afrique, Lumière sur les jeunes écritures théâtrales francophones) et la Cité internationale des arts (Re-tisser).
Le Temps fort du festival, inauguré à la Gaîté lyrique le 1er octobre, propose une offre foisonnante dans tous les domaines culturels et artistiques. Un week-end flamboyant de spectacles, concerts et rencontres est également prévu les 5 et 6 octobre à la Cité internationale de la langue française , avec le soutien exceptionnel du ministère Un éclectisme de bon aloi pour toutes et tous, jeunes, familles, amateurs d’art, de culture, curieux, professionnels. Un univers plurilingue, contemporain, attractif, qui, on l’espère, se vivra comme une révélation, notamment pour la jeunesse française, à Paris comme à Villers-Cotterêts.
On trouvera à la Gaîté lyrique, notamment, encore une fois avec le soutien du ministère, les Rendez-vous du livre francophone, organisés par le Bureau international de l’édition francophone, qui accueilleront aussi la remise du Grand Prix de la Traduction -Société des gens de lettres / ministère de la Culture 2024. Ne pas manquer non plus les ateliers surprenants et ludiques autour de la langue française ni les tables rondes passionnantes organisées par le Centre national du cinéma et l’image animée (CNC) ou celle qu’organise le ministère sur la « découvrabilité » des contenus culturels francophones, interrogeant les nouveaux usages dans la musique, le livre et la formation afin de les rendre plus accessibles en ligne.
La jeunesse vivifie l’espace francophone
Réfléchir et formuler des recommandations pour l’avenir n’aurait pas grand sens sans la participation des personnes concernées, à savoir les jeunes, qui représentent une large majorité des locuteurs aujourd’hui. Ce XIXe sommet, le deuxième depuis que sa Secrétaire générale, Louise Mushikiwabo et ses équipes ont entrepris de moderniser l’OIF, prendra à la lettre cette remarque de bon sens. Celui de Djerba en 2021 avait initié la pratique des tables rondes réunissant les chefs d’Etat. Cette fois-ci, au Grand Palais le samedi 5 octobre, de jeunes professionnels issus des sociétés civiles de l’espace francophone vont se joindre à eux pour débattre. Huit hommes et huit femmes, tirées au sort parmi les nombreuses candidatures – innovateurs, créateurs et entrepreneurs de haut niveau proposés par chacun des Etats et gouvernement membres de l’OIF – vont ainsi discuter de vive voix avec les politiques et formuler des recommandations précises.
Au cœur du thème choisi pour ce XIXe sommet « Créer, innover, entreprendre en français », des questions très concrètes seront formulées. Comment répondre au défi démographique de l’espace francophone (750 millions de locuteurs estimés en 2050) ? Davantage d’enseignement du français ? Davantage d’enseignements en français ? Comment répondre aux défis géopolitiques (88 États et gouvernements membres de l’OIF, c’est presque la moitié des États membres des Nations Unies) ? Renforcer l’influence des francophones dans les organisations et forums internationaux ? Renforcer la francophonie comme enceinte de dialogue singulière, douée de valeurs partagées ?
Comment la Francophonie peut-elle relever ses défis numériques (notamment la visibilité et découvrabilité de la diversité linguistique et culturelle) ? Faire de l’IA un atout pour le plurilinguisme – comment ? Une interlocution, une modération des contenus, des mécanismes d’alerte en français sur les grandes plateformes numériques – par quels encouragements ? Comment favoriser le développement économique (en s’appuyant sur notre langue commune et la culture juridique qui l’accompagnent) ? Renforcer la mobilité dans l’espace francophone, pour les jeunes, pour les hommes d’affaires ? Aider les entrepreneurs et les innovateurs à déposer davantage leurs brevets en français ? On le voit, les sujets, plus passionnants les uns que les autres, ne manquent pas.
Une exposition exceptionnelle : l’art contemporain du Bénin à la Conciergerie
Sur l’Île de la Cité, le cœur s’il en est de la langue française, le vieux et vénérable palais des rois capétiens (la Conciergerie) aura l’honneur de s’allier symboliquement à celui des rois de l’ancien Danxomè, aujourd’hui au Bénin. On se souvient en effet de l’accueil à Cotonou des vingt-six trésors royaux d’Abomey restitués par la France, en 2022. On sait moins que l’exposition de ces chefs-d’œuvre palatiaux du Dahomey était complétée d’un volet contemporain, conjuguant restitution et révélation, révélation du dynamisme des artistes du Bénin d’aujourd’hui et de sa diaspora.
C’est ce volet contemporain (Révélation ! Art contemporain du Bénin), encore augmenté et complété, qui vient s’exposer à la Conciergerie à partir du 4 octobre, en soulignant combien l’inspiration des artistes d’aujourd’hui s’ancre dans la tradition et l’histoire de ce pays. Cette exposition organisée par le Centre des monuments nationaux en partenariat avec l’Agence de développement des arts et de la culture du Bénin (ADAC) a reçu un soutien financier exceptionnel du ministère de la Culture. Elle préfigure le futur Musée d’Art contemporain de Cotonou (MACC).
Partager la page