Le festival du film de La Rochelle (Fema) était l’endroit tout trouvé pour célébrer la mer au cinéma. Lors de sa dernière édition (27 juin - 5 juillet), il l’a fait avec une programmation de haut vol combinant rendez-vous professionnels et grand public au cours d’une même journée. En témoignent la table ronde « Comment filmer en milieu marin et sous-marin ? » organisée par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et la présentation en avant-première de la version restaurée du Grand bleu, le film culte de Luc Besson. Retour sur cet événement avec Sophie Mirouze, déléguée générale du Fema.
Pour cette édition 2025 du festival du film de La Rochelle, vous avez organisé une journée dédiée aux océans. Quelle en a été la genèse ?
Le CNC nous a fait part de son intention d’organiser pendant le festival une table ronde dans le cadre de l’Année de la mer. Dès lors, nous avons vu les choses en grand : nous avons décidé de célébrer la mer pendant toute une journée avec des rendez-vous à destination des professionnels et du public.
Quel était le thème de la table ronde organisé par le CNC ?
Elle avait pour titre « Comment filmer en milieu marin et sous-marin ? ». Au festival, nous invitons des cinéastes mais nous avons aussi à cœur de faire connaître les métiers du cinéma, monteur, compositeur... La table ronde proposée par le CNC nous a donné l’occasion de mettre en lumière des métiers et des savoir-faire méconnus. Les invités étaient des habitués du tournage en milieu aquatique, des professionnels, autrement dit, ayant une double passion, pour le monde de la mer d’un côté, pour le cinéma et l’audiovisuel de l’autre. Tous en ont parlé avec beaucoup d’éloquence. Les professionnels invités étaient en effet des habitués du tournage en milieu aquatique. La table ronde, de surcroît, était organisée à l’Aquarium de La Rochelle. Elle était précédée par la projection du documentaire Des baleines, des tortues et des hommes de Rémy Tézier. Quand l’écran s’est relevé et a laissé place aux intervenants devant l’aquarium, c’était du plus bel effet... c’était très cinématographique.
Ces métiers sont aujourd’hui revus à l’aune des enjeux climatiques…
La prise en compte de la dimension environnementale y est aujourd’hui centrale en effet. Elle était naturellement au centre de la discussion. Cette dimension, du reste, fait écho à notre propre engagement. Le festival est engagé dans une démarche éco-responsable. Il a signé la charte des événements rochelais éco-responsables. Nous organisons chaque année avec l’association Echo-Mer des ballades gratuites et ouvertes à tous sur le littoral de La Rochelle. La ballade s’est imposée pour ouvrir cette journée.
La table ronde était également organisée en partenariat avec Sunny Side of the Doc, le marché international du documentaire...
Nous n’avions encore jamais eu l’occasion de collaborer. La table ronde est tombée à point nommé. Sunny Side of the Doc, qui avait carte blanche, a choisi de projeter Des baleines, des tortues et des hommes que j’évoquais plus tôt. Son réalisateur, Rémy Tézier, était présent. Etant donné l’ampleur des dégâts, il est difficile de rester positif dès lors qu’il est question d’écologie. Or ce film grand public – il a déjà été diffusé sur Arte – l’est. Nous sommes très heureux de cette première collaboration avec Sunny Side of the Doc.
La journée s’est terminée en beauté avec la projection de la version restaurée du Grand bleu...
Gaumont, qui est partenaire du festival, fête cette année ses 130 ans, un événement célébré en diverses occasions. Le Grand bleu de Luc Besson est un des films emblématiques de son catalogue. A la veille du festival, heureux hasard de calendrier, le film venait tout juste d’être restauré en 4K, et Gaumont cherchait un bel écrin pour organiser la première projection publique du film. Or, pendant le festival, nous investissons La Coursive, la scène nationale de La Rochelle, une très grande salle de 1000 places très bien équipée en 4K. A partir de là, la projection de ce film culte à La Coursive s’est imposée. Elle a eu un grand succès. Certains spectateurs ont revu le film en famille, d’autres l’ont découvert. Dans les deux cas, l’effet est le même. Le Grand bleu, ses images, sa musique – Eric Serra, son compositeur était présent – est un film qui nous emporte.
Comment filmer en milieu marin et sous-marin ?
Beau panel d’intervenants pour cette table ronde proposée par le CNC. Outre Rémy Tezier, réalisateur du documentaire Des baleines, des tortues et des hommes, étaient conviés Justine Rauby, coordinatrice de tournage sous-marin, plongeuse, et réalisatrice d’Aquaverse (2023), Jérôme Lombard, biologiste, formateur et spécialiste de la conservation des espaces naturels et du changement climatique, et Jean-Charles Granjon, chef opérateur, producteur, réalisateur et fondateur de Bluearth production. « On ne peut faire ce métier que si on est passionné, selon Rémy Tézier, la règle d’or, c’est le temps. Parfois, on passe des jours en mer, et on n’a rien. On se dit qu’on ne va pas y arriver, mais on y retourne le lendemain, et à un moment, magie, on obtient les images écrites dans le scénario ». Justine Rauby est à pied d’œuvre : « Le monde sous-marin est un impensé. Quand nous pensons au monde sous-marin, nous pensons aux bords, aux petits fonds, aux herbiers. Mais à des centaines de mètres des côtes, il y a tout un écosystème. Il existe par exemple un récif coralligène sublime en Méditerranée. Or, si nous ne le montrons pas, il reste invisible pour la population qui ne peut donc pas y être sensibilisée. »
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