Cette année, l’Eté culturel bat son plein dans les campings. Parmi les nombreuses actions artistiques et culturelles proposées aux vacanciers, des initiatives sont déployées dans ces lieux pour favoriser l’accès au livre et à la lecture, dès le plus jeune âge. Animations, ateliers avec des comédiens ou des conteurs sont organisés tout au long de la saison estivale.
C’est l’une des ambitions que s’est fixée cette année l’opération Eté culturel, en partenariat avec les associations qui agissent en faveur de la lecture. Plusieurs actions sont ainsi mises en œuvre partout en France. En Ile-de-France, le Centre de promotion du livre jeunesse (CPLJ) coordonne la création de petites bibliothèques et l’organisation d’ateliers. Par ailleurs, « le Livrodrome », parc d’attraction littéraire mobile, s’est installé dans un camping de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Le Labo des histoires » propose quant à lui, en Nouvelle-Aquitaine, des ateliers de lecture et d’écriture animés par des professionnels.
En Ile-de-France, le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis intervient, avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, au sein des campings de trois départements (77 – 91 – 93) . Onze campings partenaires sont ainsi dotés de kits littéraires et 5 campings bénéficient d’un espace lecture. C’est à travers l’opération « Lire au camping ? ça se tente ! », des animations et scénographies repensées pour s’adapter aux lieux que le livre vient à la rencontre d’un public de tous les âges, familial et venant de tous horizons. Pascaline Mangin, responsable du pôle publics et médiations au sein de l’association, a accepté de revenir sur la mise en œuvre de ce dispositif au sein des campings de la région.
Pourquoi les campings représentent-ils un lieu de choix pour la lecture ?
Quand le ministère de la Culture a lancé le chantier de l’été culturel dans les campings, cela nous a tout de suite intéressés parce que c’est un nouveau champ d'exploration et d'action de démocratisation de la lecture. La devise de notre association, c'est le meilleur de la littérature jeunesse pour tous les publics. Cela a tout de suite résonné. Nous avons un grand nombre d'actions de démocratisation de la lecture, avec l'idée d'aller vers tous les publics, pendant le temps des vacances, qui nous semble un temps intéressant. Pour les enfants et leur famille, c'est une période qui s'ouvre avec un peu plus de disponibilité pour partager un rapport au livre qui peut être plus diversifié que pendant l'année. Donc, il est évident que les campings sont des lieux intéressants à explorer. Avec 25 millions de clients annuels, c'est le mode touristique le plus apprécié du public français. C’est aussi un lieu à la croisée et en dehors des circuits traditionnels du livre avec des publics assez mixtes.
Comment s’est réalisé le partenariat avec le réseau FNHPA et le ministère de la Culture ?
C'est une action qu'on a créée conjointement avec le ministère de la Culture par l’intermédiaire de la DRAC Ile-de-France ainsi qu’à l’échelle nationale avec la Fédération nationale de l’Hôtellerie de Plein air (FNHPA). Nous sommes présents dans onze campings. Nous avions déjà un travail avec la DRAC Ile-de-France dans les bibliothèques qui vise à toucher les publics les plus éloignés de la lecture, avec des propositions ludiques durant l'été. On travaille beaucoup sur cette question du jeu comme chemin vers la lecture. Quand s'est posée cette question du nouveau territoire des campings, ce qui nous a paru assez évident, c'était de l'aborder avec la même méthodologie déployée avec d'autres typologies de public et d'action. Il est important que les publics et les professionnels des campings aient accès à des contenus artistiques de qualité. Pour s'assurer que ces contenus arrivent à tous les publics, y compris ceux qui ne sont pas forcément familiers avec la lecture ou avec la littérature jeunesse, il était important de proposer un accompagnement professionnel dans les campings, à la fois avec des temps de formation et en concevant un dispositif de médiation assez facile à mettre en œuvre. Nous essayons aussi de faire le lien avec les territoires de proximité. Par exemple, nous avons travaillé sur une cartographie qui recense les bibliothèques et les librairies les plus proches des campings.
Comment les espaces dans les campings ont-ils été pensé pour accueillir les animations lecture ?
Des espaces de lecture ont été installés à proximité d'espaces de jeux ou d'activités qui étaient déjà adaptés pour favoriser la circulation entre les différentes propositions de médiation. Il s’agit également de pérenniser ces espaces dans le temps. Certains campings ont été choisis de façon expérimentale pour installer un espace de lecture qui a vocation à rester cet été, mais également pour plusieurs années. Nous avons pensé à une mise en scène, une scénographie des ouvrages dans le contexte particulier du camping et du plein air. Donc, c'est une petite bibliothèque que l’on peut à la fois utiliser à l'intérieur, comme au camping de Nemours (77), dans un petit chalet enfant ; et à l’extérieur avec l’installation de jardinières de lecture, détournées pour être transformées en bibliothèques que l’on peut déplacer. Autre exemple, au camping Le Parc du Gué près de Fontainebleau (77), l’espace de lecture a été installé au bord de la piscine. C'est un camping qui accueille beaucoup de familles, d'enfants et d'adolescents. Ainsi, chaque camping s'approprie ces espaces et fait le lien avec ses propres activités.
Quelles sont les animations proposées pour favoriser la lecture des plus jeunes dans les campings ?
Il n'y a pas qu'un seul chemin pour aller vers la lecture. Quand on nous a parlé des campings, nous avons essayé de réfléchir à un contenu intéressant à mettre en partage pour favoriser le lien entre jeunes et adultes, enfants et parents. Nous nous sommes interrogés sur une autre façon d'explorer le rapport à la lecture et à la littérature jeunesse dans cette période des vacances. S’agissant du contenu artistique, celui-ci est centré autour de quatre artistes et autour de la thématique du « charivari des animaux » qui fait écho à l'empathie et cette idée de se glisser dans la peau d'un autre. Nous avons commandé des visuels à quatre illustrateurs. Par ailleurs, il existe un travail de médiation avec une fiche pour expliquer comment on peut, avec un petit groupe, faire une parade de lecture par exemple. Un volet numérique a aussi été réalisé, avec une série de vidéos qui s'appelle « Qui lit, dort ». Une comédienne ou un comédien, à partir d'un album choisi, le lit à un ou plusieurs enfants dans la vidéo.
Qu’est-ce que la lecture au camping peut susciter chez les jeunes ?
L'important, c'est la question de l'égalité d'accès à des ouvrages diversifiés de qualité. Ensuite, le public fait son chemin, mais il y a un engagement pour s'assurer que les livres parviennent jusqu'à eux. Les campings font tomber des freins d'intimidation sociale que le livre peut susciter. Le fait d'être dans un lieu qui n'est pas traditionnellement dédié à des activités littéraires, avec des outils artistiques qui ont été pensés pour être attractifs et très faciles d'accès peut faire tomber des barrières. C’est aussi une activité joyeuse qu'on peut partager, d'où ce slogan « Lire au camping ? ça se tente ! », qui est un jeu de mots assez transparent, mais qui était aussi une façon de ramener la lecture à une vision ludique et accessible à toutes et tous, dès le plus jeune âge.
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