Coupe du monde de rugby oblige, les Archives de Bordeaux Métropole – ville hôte de la compétition – se sont mises, pendant toute la durée de l’événement, à l’heure de ballon ovale. Elles présentent jusqu’au 28 octobre une sélection de documents, issus de la Grande collecte des archives du rugby : photographies, programmes de matchs, journaux, cartes de membres… A terme, l’objectif est de recueillir les fonds des clubs afin de préserver la mémoire d’un sport enraciné dans la vie de la Métropole. Entretien avec leur directeur, Frédéric Laux.
L’exposition présentée en ce moment est le fruit d’une grande collecte. À quel moment celle-ci a-t-elle commencé ?
Nous avons souhaité lancer cette collecte en février, avant la grande campagne initiée par Bordeaux Métropole en sa qualité de ville hôte de la coupe du monde de rugby, pour laisser le temps à d’éventuels participants de se manifester. Par la suite, nous nous sommes intégrés à la Grande collecte nationale sur les archives du sport, dont le coup d’envoi a été donné en juin, dans le cadre de l'Olympiade culturelle.
Quels types de documents avez-vous reçus ?
Depuis février, nous avons collecté 150 documents : des billets, des programmes de matchs, des journaux, des cartes de membres de clubs sportifs, mais surtout beaucoup de photos. A commencer par un dossier comprenant des photos de deux rencontres estudiantines féminines qui ont eu lieu à Pessac en 1965 et 1966. Il s’agit donc d’étudiantes, notamment en médecine, qui sont également rugbywomen. Quand j’ai eu ces photos entre les mains, j’ai été frappé par la modernité de ces femmes qui jouent au rugby dans les années 60. Aujourd’hui, c’est presque ordinaire mais pour l’époque, c’est très surprenant. Ces pièces, qui pour l’essentiel viennent de dons de particuliers, restent malgré tout isolées. Il s’agit de documents intéressants sur le plan de la documentation historique mais qui ne donnent qu’une vision parcellaire de la réalité.
Qu’en est-il des clubs de sport ?
Bordeaux et sa métropole sont une terre de rugby. Nous avons naturellement écrit aux présidents des clubs de l’ensemble de la métropole. Pour le moment, les retours sont modestes mais nous ne désespérons pas que des contacts soient pris après la coupe du monde. La conservation des archives n’est pas forcément la principale préoccupation des clubs sportifs et il y a malheureusement beaucoup de disparitions. Notre ambition est de faire évoluer les mentalités.
L’exposition est présentée jusqu’à la fin du mois d’octobre. Que peut-on y voir ?
L’idée était de présenter au public un florilège des documents qui nous ont été donnés, c’est donc forcément un peu disparate. On retrouve naturellement les photos des étudiantes jouant au rugby dans les années 60, mais aussi le fonds photographique du journal Miroir du rugby, des photos datant de 1928 du Bordeaux Étudiants Club, le BEC, très connu à Bordeaux, des cartes de joueurs datant de différentes époques, quelques exemplaires du journal de l’école de rugby du stade bordelais publié entre 1998 et 1992, Le lionceau du stade Bordelais, ou encore le menu du dîner organisé en l’honneur de l’équipe de France à Cardiff en 1980…
Y-a-t-il eu des précédents en matière de dépôts d’archives sportives ?
En 2017, la Villa Primrose, le grand club de tennis et de hockey sur gazon créé en 1897, a déposé ses archives. Elles sont très complètes pour un club aussi ancien ! L’objectif est d’achever le classement d’ici la fin de l’année et de le diffuser à l’occasion de Paris 2024. Notre espoir est de créer un effet d’entraînement et de voir arriver les archives des grands clubs bordelais.
Le dispositif de la Grande collecte des archives du rugby
Lancée en février, la Grande collecte des archives du rugby, conçue par les Archives de Bordeaux Métropole, s’appuie bien sûr sur un événement incomparable, qui se tient jusqu’au 28 octobre : la coupe du monde de rugby, dont Bordeaux est ville hôte. « Nous communiquons sur la Grande collecte du rugby en tant qu’Archives de Bordeaux Métropole, mais l’’opération bénéficie également du relais de la métropole, notamment à travers un site internet spécifique ouvert pour la coupe du monde, explique Frédéric Laux. Nous avons également réalisé un diaporama sonorisé qui est diffusé sur un écran iPad dans le container rugby de Bordeaux Métropole. Ce container, où les visiteurs sont invités à entrer, sillonne les 28 communes de la métropole. Les soirs de match à Bordeaux, il est installé devant le grand stade. L’opération a également été relayée par la presse locale ».
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