Collections en accès libre, regards inattendus sur les œuvres, carte blanche en bande dessinée... Tels sont les temps forts de la 3e édition de WEFRAC, le rendez-vous annuel destiné à mieux faire connaître les Fonds régionaux d'art contemporain (FRAC). "Notre action est une manière de briser le plafond de verre qui fait que trop de nos concitoyens n'imaginent pas que l'art est fait pour eux", observe Bernard de Montferrand, président de Platform, l'association qui regroupe les 23 FRAC, et président du FRAC Aquitaine.
Acteurs essentiels de la décentralisation culturelle, les vingt-trois FRAC, créés en 1982, ont pour mission de constituer des collections publiques d’art contemporain, de les diffuser auprès de tous les publics et d’inventer des formes de sensibilisation à la création actuelle. Aujourd’hui, les collections des FRAC rassemblent plus de 30 000 œuvres de 5 700 artistes autant français qu’étrangers. Entretien avec Bernard de Montferrand.
Pour sa troisième édition, WEFRAC invite, les 17 et 18 novembre, des personnalités extérieures au monde de l'art pour évoquer leur rapport avec la création contemporaine. En quoi cette initiative originale, qui va solliciter des personnalités aussi différentes qu'un chef étoilé, un navigateur, un humoriste ou des compagnons de la communauté d'Emmaüs, va-t-elle permettre d'apporter un autre regard sur l'art contemporain ?
Pour attirer davantage de publics vers l'art contemporain, nous voulons que chacun trouve dans l'œuvre d'un créateur un sentiment ou une émotion qui le touche. Une personnalité éloignée du monde de l'art peut ainsi donner une clé d'accès inédite et nouvelle à une œuvre. Tel est le but des FRAC en faisant appel à de nombreux regards de professionnels ou de "caractères" qui, dans une région, donneront envie à un public plus large de "rentrer" dans un FRAC. C'est une manière de briser le plafond de verre qui fait que trop de nos concitoyens n'imaginent pas que l'art est fait pour eux et peut tout simplement leur apporter un enrichissement et une meilleure compréhension du monde si complexe dans lequel ils vivent. Nous sommes là au cœur de notre mission de démocratisation de l'art contemporain.
Un sportif, un chef de restaurant, un navigateur, un acteur, nous en apprendront peut-être plus sur l'ouverture au monde que représente l'art que beaucoup de discours de "spécialistes"
L'espace d'un week-end, WEFRAC va présenter dans toute la France un véritable panorama de la création contemporaine. Comment cet événement unique en son genre entend-il favoriser l'accès de tous à l'art contemporain ?
Les FRAC ont un vrai savoir-faire pour montrer l'art contemporain au plus près de nouveaux publics sur tous les territoires de nos régions, en allant dans des lieux où les musées et d'autres institutions ne vont pas. Beaucoup de FRAC ont, dans nos régions, inventés de façon très originale des outils de médiation pour rendre accessibles des œuvres aux publics les plus variés. Ce Week-end des FRAC étend ce principe, non pas à de nouveaux lieux, mais à de nouveaux interprètes. Un sportif, un chef de restaurant, un navigateur, un acteur, tous connus dans leur région, nous en apprendront peut-être plus sur l'ouverture au monde que représente l'art que beaucoup de discours de "spécialistes". Lors du dernier Week-end des FRAC nous avions accueilli un public nouveau grâce aux médias qui avaient efficacement relayé notre initiative. Je suis convaincu que cette année, il en ira de même.
L'une des idées fortes de WEFRAC est de mettre en avant la diversité de chacun des 23 FRAC, mais aussi celle des spécificités territoriales ou celle des pratiques artistiques. En quoi cette diversité est-elle un signe de la vitalité de la création contemporaine ?
La création artistique est une activité exigeante et difficile, car c'est une recherche permanente, qui échappe à la rationalité et aux calculs. Plus il y a de tentatives, plus il y a de chances d'avancer. L'important est donc de favoriser un climat, un écosystème, favorables à cette création. La diversité des FRAC sur le territoire, un peu à l'image des centaines de "Kunst Verein" allemands qui ont tant favorisé la créativité de la scène artistique de ce pays, est une chance pour la France. Cela donne plus d'opportunités aux créateurs d'être remarqués et aux publics de découvrir des expressions nouvelles. Tous les artistes émergents nous disent que ce sont les FRAC qui leur ont mis le pied à l'étrier.
Cette diversité correspond aussi à celle de l'art d'aujourd'hui où la variété des expressions est impressionnante. Elle correspond enfin à celle de nos régions qui ont toutes une très forte personnalité avec des collections d'œuvres marquées par une histoire et une sensibilité différentes. Ajoutons que dans chaque région, il y a des réseaux de partenaires artistiques et sociaux qui doivent être accompagnés dans une relation de proximité et de confiance. La diversité des FRAC est donc une richesse pour la France et un puissant outil d'aménagement culturel du territoire.
WEFRAC : les temps forts de la 3e édition
> Les FRAC « grand ouverts ». En accès libre et conçu sur un mode participatif, le Week-end des FRAC est une invitation inédite à vivre une expérience complète au FRAC : échanges privilégiés avec des artistes invités, multiples parcours de visites guidées par les équipes mobilisées, accueil personnalisé dans les coulisses des FRAC, ateliers, conférences, performances…-
> Regards inattendus sur les collections. Chaque FRAC invite une personnalité le plus souvent extérieure au monde de l’art, à porter un regard inédit sur une œuvre de sa collection lors d’une rencontre conviviale. Nous avons souhaité donner un aspect moins institutionnel à cette manifestation afin de capter le public et de faire des ponts entre l’art contemporain et d’autres champs : gastronomie avec le chef Philippe Mille, sport avec le navigateur Thomas Coville, associatif avec les compagnons d'Emmaüs, architecture avec Dominique Jakob et François Fontès, cinéma avec l'actrice Laetitia Dosch, musique avec les chanteurs Bigflo & Oli, Patrizia Poli ou Ellah A. Thaun, humour avec le comédien Benoît Délépine…
>Carte blanche : les FRAC en BD. Les FRAC ont fait appel au dessinateur Simon Roussin à travers un projet original de commande artistique pour réaliser une bande dessinée inspirée par la diversité des FRAC. Cet objet collector sera distribué dans chaque FRAC pendant le week-end.
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