Le Mobilier national et les Manufactures
L'histoire du Mobilier national et celle des Manufactures nationales sont inséparables depuis Colbert, sans toutefois se confondre. Ces deux institutions sont réunies sur un même site depuis 1937, date de la construction des actuels bâtiments du Mobilier national au voisinage immédiat de l'enclos historique des Gobelins. Elles sont rattachées depuis la même date à une administration générale unique, mais chacun des bâtiments (siège du Mobilier national et ateliers des manufactures) conserve malgré tout son esprit singulier.
Le Mobilier National
Ancien Garde-Meuble de la Couronne, l’institution, tout en gardant ses missions d’origine (lien avec missions) a évolué au fil des siècles. Elle est aujourd’hui un service à compétence nationale, (depuis le 1er janvier 2003), rattaché à la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture et de la Communication.
Le Mobilier national est installé depuis 1937 dans un bâtiment construit en ciment par Auguste Perret sur les anciens jardins de la manufacture des Gobelins. Quelques dates importantes :
- 1959 : rattachement au ministre en charge des Affaires culturelles.
- 1964 : création au sein du Mobilier national et à l’initiative d’André Malraux, d’un atelier de recherche et de création.
- 1980, 23 février : décret fixant les missions principales du Mobilier national.
- 1982, octobre: le Mobilier national est placé sous la tutelle de la Délégation aux Arts plastiques du ministère de la Culture.
- 2003, 1er janvier : le Mobilier national devient un service à compétence national.
À l’heure actuelle, le Mobilier national est chargé de nombreuses missions. Il conserve, répare et entretient environ 80 000 objets mobiliers et textiles (tapisseries, tapis). Héritier du Garde-Meuble de la Couronne, le Mobilier national pourvoit à l’ameublement des palais officiels de la République et des différentes résidences présidentielles. La mission de création de l’institution s’exerce dans le cadre des trois manufactures de tissage, de l’Atelier de Recherche et de Création (ARC) et des ateliers conservatoires de dentelle du Puy et d’Alençon. Depuis les origines, les manufactures sont des lieux de création où le tissage s’exerce dans le cadre d’un dialogue avec des artistes vivants. Une commission consultative examine les propositions d’achats de cartons de tapis, tapisseries et dentelles.
Les pièces issues des collections anciennes comme les œuvres récemment créées sont régulièrement présentées à la Galerie des Gobelins à Paris, et à la Galerie nationale de la tapisserie à Beauvais.Elles font par ailleurs l’objet de prêts dans le cadre d’expositions organisées en France ou à l’étranger.
Les expositions : voir l'actualité.
Le centre de documentation est ouvert aux chercheurs pour toute demande relative aux archives et aux dossiers d’œuvres et répond également par courrier à un certain nombre de demandes d’informations émanant de personnes ou d’organismes extérieurs.
Les publications : voir la liste.
Les activités pédagogiquesL'Administration générale du Mobilier national et des Manufactures assure une formation complète aux métiers de lissiers et de restaurateurs de tapis et tapisseries. Au cours des quatre années d'études, les élèves acquièrent la maîtrise technique des métiers de tissage (tapisserie de haute-lisse, de basse-lisse ou tapis de Savonnerie) ainsi que des métiers de restauration (tapis, tapisseries). Ils suivent également des cours d'art plastiques et des cours d'histoire générale de l'art.
Formation initiale :> Télécharger la brochure des formations
Les activités pédagogiques : > Télécharger la brochure
Pour en savoir plus : Le site du Mobilier national
La Manufacture nationale des Gobelins
Rattachée à l’administration du Mobilier national depuis 1937, la Manufacture nationale des Gobelins tisse comme il y quatre siècles, des tapisseries d’après des œuvres contemporaines (Marcel Gromaire, Pierre Dubreuil, Jean Arp, Fernand Léger, Alexandre Calder, Sonia Delaunay, Jean Dewasne, Serge Poliakoff, Jean-Paul Riopelle, Eduardo Arroyo, Gérard Garouste, Louise Bourgeois, Patrick Corillon, Hervé Télémaque, Ung no Lee, Gudmundur Erro, Jean-Michel Alberola…) témoignant ainsi des multiples possibilités d’un mode d’expression ouvert à toutes les tendances esthétiques et contemporaines.
L’acte de création est aujourd’hui un dialogue fécond qui se noue avec les artistes. Il est un acte de transposition en termes textiles d’une écriture au départ picturale ou photographique. Le tissage n’est pas une simple copie, même si le carton est adapté d’un modèle préexistant. Le carton, aujourd’hui agrandissement photographique réalisé par les lissiers et éventuellement retouché par l’artiste, constitue une étape vers une nouvelle création qui devra son originalité à la nouvelle matière, au travail des teinturiers et au talent du lissier. De ce dialogue naissent souvent des modifications du projet qui font de l’œuvre tissée une co-création.
A ce jour, les ateliers de la Manufacture nationale des Gobelins emploient 30agents et disposent de 15 métiers à tisser. Chaque année, ce sont six à sept pièces qui "tombent de métier".
La Manufacture de Beauvais
En 1936 la manufacture est rattachée au Mobilier national et gérée par une Administration générale dont dépendront aussi à partir de 1937 les Manufactures des Gobelins et de la Savonnerie. Beauvais prend alors une part active au renouveau de la tapisserie qui caractérise le XXe siècle. De nombreux artistes contemporains fournissent des cartons, tel Matisse (Polynésie, Le Ciel et Polynésie, La Mer), ou encore, Hartung, Le Corbusier, Picasso…
Cette ouverture se poursuit aujourd’hui, avec la contribution d’artistes contemporains provenant de toutes les tendances esthétiques (Raymond Hains, Eduardo Chillida, Roberto Matta, Patrick Tosani, Vincent Bioulès, Jean Le Gac, Shirley Jaffe…).
La Manufacture de Beauvais renoue par ailleurs en 2005 avec la tradition de tissage de tapisserie de sièges, qui avait fait sa renommée par le passé mais qui fut abandonnée dans les années 60. Elle invite alors trois artistes, Jean-Michel Othoniel, Paul-Armand Gette et Martine Aballéa, à concevoir des cartons pour recouvrir des sièges de styles différents appartenant aux collections. Chaque année, environ cinq à six tapisseries "tombent de métier".
La Manufacture de la Savonnerie dispose de deux ateliers, l’un à Paris, et l’autre à Lodève.
L'histoire du tapis en France débute avec la fondation par Henri IV, de la manufacture de tapis " façon de Perse et Levant " établie dans les galeries du Louvre, bénéficiant notamment du savoir-faire de Pierre Dupont, puis de son apprenti Simon Lourdet. Louis XIII développe la manufacture en installant les ateliers sur les bords de la Seine au pied de la colline de Chaillot, dans les bâtiments d'une ancienne fabrique de savon - d'où le nom de Savonnerie, qui depuis désigne les tapis réalisés selon la technique du point noué, dit "de Turquie". Le 4 mars 1825, une ordonnance décrète le rattachement de la manufacture royale de la Savonnerie à celle des Gobelins. A partir de la IIIe République, les métiers, peu nombreux, sont employés exclusivement à la fabrication de panneaux décoratifs pour le Panthéon, l'Elysée, la Bibliothèque nationale. Le XXe siècle amorce un renouveau stylistique. Quelques tapis sont en effet mis sur métier d'après des modèles de Diéterle et Pierre-Adrien Chabal-Dussurgey mais aussi de Félix Bracquemond, Hannotin, Chéret. Des feuilles d'écran sont exécutées d'après Odilon Redon, Vincent Van Gogh, Paul Cézanne. De 1911 date le tissage des Nymphéas d'après Claude Monet.
Après une période difficile, la Savonnerie connaît un nouvel et important essor. Des modèles spécialement conçus pour elle, parfaitement adaptés à la technique ont été commandés à Victor Vasarely et Georges Mathieu. Elle retrouve son originalité première en exécutant des tapis de grandes dimensions et même un panneau de Yaacov Agam, destiné à un décor mural.
En 1964, un atelier de tissage tout d'abord installé à Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard) est créé à Lodève pour favoriser l’insertion de femmes françaises d’origine nord africaine ayant quitté l’Algérie après l’Indépendance. En 1965, l'atelier est rattaché à l'Administration du Mobilier national. Cet atelier, annexe de la Manufacture de la Savonnerie, est installé depuis 1989 dans les bâtiments neufs d’après les plans de l’architecture Philippe Dubois. Les nouveaux bâtiments répondent de par leur fonctionnalité aux besoins de la manufacture grâce à de vastes et lumineux ateliers.
Si la Manufacture de la Savonnerie tisse encore aujourd’hui quelques copies de tapis anciens qui sont substituées à des pièces anciennes, les deux ateliers de Paris et de Lodève interprètent essentiellement des cartons de créateurs contemporains : peintres (Zao Wou ki, Soulages, Alechinsky, Buraglio…), architectes, designers (Garouste et Bonetti, Portzamparc, Paulin, Radi, Crasset, Dubuisson, Ruyant…).
Partager la page