Le projet. Cette commande vient agrémenter le Clos du Frac, œuvre inattendue en forme de parcelle viticole créée par Nicolas Boulard en hommage à la tradition viticole alsacienne. La nouvelle sculpture prolonge la tradition d’orner l’accès d’un domaine par un portail sans grille ni clôture. Réalisée avec les conseils de la Manufacture de Sèvres, l’œuvre a été montée et assemblée sur place en avril 2015. Cette procédure de commande publique relève de l’initiative spécifique des instances de gouvernance de l’Agence culturelle d’Alsace, soutenues par la Région Alsace et la DRAC Alsace / ministère de la Culture et de la Communication, avec le concours de la Ville de Sélestat. Avec cette réalisation, le Frac Alsace valorise sa mission d’accompagnement d’un artiste dans une production ambitieuse. Une démarche de commande d’œuvre avait déjà été engagée en 2003 avec la sculpture Un peu d’incertitude d’Etienne Bossut, définitivement installée sur le toit du Frac Alsace.
Elmar Trenkwalder, WVZ 284 (2015)500 x 650 x 60 cm. Céramique émaillée. Commande passée à l’artiste par l’Agence culturelle/Frac Alsace, avec le soutien de la Région Alsace, de la DRAC Alsace/Ministère de la Culture et de la Communication et de la Ville de Sélestat. Crédit photo: © D. Betzinger
La sculpture WVZ 284. Sur la base d’un univers de formes organiques en prolifération, dans une exubérance de détails qui saturent le regard – qui sont des éléments caractéristiques de son œuvre, Elmar Trenkwalder a conçu une sculpture monumentale en deux éléments de 5 mètres de haut chacun, destinée à être installée à l’entrée du jardin du Frac, dans le prolongement de la salle d’exposition et du mur de façade du Frac. Entièrement réalisée en céramique, c’est la plus monumentale des œuvres d’Elmar Trenkwalder et la première à avoir été conçue pour l’extérieur. Il s’agit de deux soubassements architecturaux, comme des pilastres, suffisamment écartés pour permettre le passage des engins agricoles pour la culture de la vigne et à partir desquels s’élève vers le ciel une succession de motifs décoratifs enchevêtrés les uns aux autres. Le projet se révèle différemment selon qu’il est observé de l’intérieur ou de l’extérieur. À l’extérieur, un motif de cannelures verticales prolonge le style architectural rigoriste du bâtiment. À l’intérieur, le dessin sinueux de rameaux végétaux entrelacés, tels ceux d’une liane ou d’une plante grimpante, répond au ceps de vigne du jardin. Entre nature et architecture, WVZ 284 se veut à une croisée symbolique entre le terrestre et le souterrain d’une part, l’imaginaire et le fantastique de l’autre.
La démarche d’Elmar Trenkwalder. Peintre, dessinateur et sculpteur, Elmar Trenkwalder vit et travaille à Innsbruck. Il utilise une large gamme de matériaux et de techniques, mais fait en particulier un surprenant usage de la céramique en la mettant en œuvre de plus en plus dans des dimensions monumentales inattendues et surprenantes. Depuis plus de 10 ans, Elmar Trenkwalder développe une œuvre polymorphe et exubérante qui interroge une relation d’appartenance et de résonance entre l’esprit humain et l’univers, une dialectique du corps et de l’espace, tentant de réunir les deux comme les aspects paradoxaux d’une même réalité. Enracinant sa recherche dans un rapport à l’inconscient, Elmar Trenkwalder explore les liens entre architecture et nature dans un va-et-vient entre structure et ornement. La sculpture d’Elmar Trenkwalder est une œuvre théâtrale à caractère architectonique et anthropomorphique. Elle met en scène une prolifération de figures de la reproduction et exprime un élan vitaliste puissant, entre jaillissement et évanouissement, comme une métaphore de la création et du geste artistique, en transformation permanente. La multitude de détails végétaux et corporels dans ses sculptures traduit « une activité imaginaire très dense, proche d’hallucinations. » Outre ses références au baroque et à l’art brut, l’œuvre d’Elmar Trenkwalder est riche de liens avec la sculpture religieuse des temples indiens, la sculpture maniériste d’extérieur de la fin de la Renaissance italienne ou encore la tradition du mobilier vernaculaire d’Europe centrale. En Alsace, elle entre en résonance avec la culture du bassin rhénan, des Vosges et de la Forêt Noire. Plus globalement, elle peut être envisagée comme une alternative au souci contemporain de logique et de pragmatisme.
Fonds régional d’art contemporain d'Alsace, 1 route de Marckolsheim – 67600 Sélestat. Tél. : 03 88 58 87 55.
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