Journée annuelle de l'Observatoire de l'économie de l'architecture 2024
La quatrième édition de la journée annuelle de l’Observatoire de l’économie de l’architecture a réuni une centaine de personnes autour de deux séquences consacrées à la restitution des travaux de l’Observatoire et à une présentation des dispositifs d’accompagnement et de soutien aux agences d’architecture.
La richesse des présentations, témoignages et échanges démontre la pertinence de cette instance partenariale dont l’objectif est de mettre en commun, de produire et de diffuser de la connaissance sur la filière de l’architecture, ses évolutions et ses perspectives. Cette journée a mis en évidence les défis auxquels fait face le secteur de l’architecture dans un contexte économique incertain (positionnement dans la chaine de valeur du marché de la construction, conditions d’exercice de la profession, féminisation, territorialisation) tout en démontrant que l’innovation portée par les professionnels du secteur et les dispositifs développés par l’État permettront d’y répondre.
Mme Hélène Fernandez, directrice de l’architecture, a ouvert la journée en insistant sur l’importance de cet espace de collégialité et de partage de connaissances qui permet d’inscrire l’architecture dans la chaîne de valeur globale de la construction et d’accompagner les mutations des parcours professionnels. La directrice de l’architecture a souhaité que cette journée contribue également à éclairer des injonctions paradoxales auxquelles les architectes doivent répondre en matière de qualité, de coût et de durabilité en se positionnant comme acteurs de la transition écologique.
Restitution des travaux des commissions thématiques de l’Observatoire
· Étude des filières économiques de l’architecture en Europe : comparaison et enseignements pour la filière française
Financée par le ministère de la Culture et réalisée par le Boston Consulting Group, cette étude compare l’organisation de la filière de l’architecture en France avec celles de l’Espagne, de l’Allemagne et du Danemark. Cette étude présente dans un premier temps la performance économique des marchés de l’architecture dans ces quatre pays. Cette étude relève que la part du marché de l’architecture rapporté au marché de la construction est inférieure en France à celle des trois autres pays ce qui s’explique par la structuration des agences (profils, taille) et ainsi par leur positionnement sur les étapes d’un projet. Cette étude présente également une mise en contexte des écarts concernant le nombre d’architectes par pays qui est réduit lorsqu’il est rapporté au nombre estimé de diplômés en architecture exerçant dans la filière.
Par ailleurs, cette étude confirme la très bonne performance à l’export des entreprises françaises. En effet, les entreprises d’architecture françaises réalisent deux fois plus de chiffre d’affaires à l’export que les architectes espagnols et allemands. La très bonne performance du Danemark est expliquée en partie par la proximité d’un marché scandinave intégré.
Cette étude détaille également les facteurs de performance des trois pays comparés dans plusieurs domaines (structuration de la filière, aspects réglementaires, rôle et positionnement de l’architecte, formations).
A l’issue de cette analyse, des pistes de réflexion pour les agences d’architecture françaises sont proposées, en s’inspirant des principaux enseignements retenus dans les trois pays de comparaison tout en tenant compte du contexte dans lequel les entreprises françaises évoluent.
L’ensemble de ces pistes de réflexion seront étudiées par l’Observatoire, ses partenaires et le service de l’architecture du ministère de la Culture. Certaines pistes de réflexion s’inscrivent dans des actions d’ores et déjà initiées par le Service de l’architecture, notamment l’adaptation des formations initiales aux enjeux de transition écologique, ou encore le renforcement du soutien à l’export via le Comité interministériel pour l’export de l’architecture. Enfin, plusieurs pistes de réflexion s’inscrivent dans les axes de la nouvelle stratégie nationale pour l’architecture qui sera prochainement dévoilée.
· Étude sur les dynamiques de genre dans le secteur de l’architecture
Financée par le ministère de la Culture et conduite par le Laboratoire Espaces Transformations (LET-LAVUE) de l’ENSA Paris-La-Villette, cette étude relève que le secteur de l’architecture, comme d’autres secteurs professionnels, est marqué par des inégalités entre les femmes et les hommes en matière de responsabilités, de revenus, de fonctions et de consécration. Est également constatée l’exposition des femmes à des violences sexistes et sexuelles lors de leurs études, de façon comparable à d’autres domaines de l’enseignement supérieur artistique et culturel, et dans leur carrière lors de laquelle leurs compétences professionnelles sont particulièrement remises en cause. Les données démontrent une féminisation massive dans les études qui se répercute lentement sur les inscriptions à l’Ordre. L’étude souligne que les femmes contribuent au développement de nouvelles formes d’activités dans le domaine de la maîtrise d’œuvre et de la maîtrise d’ouvrage.
· Présentation par le CNOA des principaux axes de l’étude Archigraphie 2024-26
L’étude Archigraphie 2024, dont les résultats seront présentés en décembre, décrira les évolutions de la profession d’architecte dans les domaines suivants : la formation et la démographie, la féminisation de la profession, les modes d’exercice, l’évolution de l’activité en valeur de travaux, l’utilisation de l’intelligence artificielle et la répartition territoriale.
· Lancement d’un groupe de travail « Architecture et matériaux bio et géo-sourcés et issus du réemploi : pour un apport concret vers la transition écologique »
Le lancement de ce groupe de travail répond à l’écart entre les atouts que présentent ces matériaux pour la transition écologique et les différents freins assurantiels, réglementaires, contractuels et de formation rencontrés par les architectes souhaitant y recourir. L’objectif de cette étude, initiée à la fin de l’année 2024, est d’identifier des pistes d’actions concrètes au profit de la contribution des architectes à la transition écologique.
Tables rondes sur les dispositifs de soutien aux agences d’architecture et à leurs projets
· Les accélérateurs à destination des agences d’architecture
Quatre architectes ont témoigné de leur participation à l’accélérateur « architecture et design », opéré par Bpifrance. Leur participation répondait à la volonté d’engager une évolution de leur activité et de leur structuration. Ils ont mis en avant les apports substantiels de ce programme au sein de leurs agences. En travaillant sur les sujets de gouvernance, de marketing, de finance et de comptabilité, ce programme a contribué à l’implication et au dynamisme de leurs équipes. Enfin, l’accélérateur leur a permis de partager leurs doutes et questionnements sur leur activité et de développer un regard nouveau sur leur pratique après plusieurs années d’exercice. Bpifrance a annoncé qu’un nouvel accélérateur est attendu pour 2025.
· Accompagner la création ou le développement d’entreprises ou de projets d’architecture grâce aux incubateurs
Trois duos composés de responsables des incubateurs SANA, Echelle Un et La Fruitière développés dans les ENSA, accompagnés d’architectes y ayant participé, ont présenté les programmes et le fonctionnent de ces dispositifs, complémentaires de la HMONP. Les participants aux incubateurs ont mis en avant l’intérêt de faire partie d’une promotion pour partager des questionnements au stade du lancement de leurs structures et projets. Cette table ronde a aussi été l’occasion de donner la parole à un porteur de projet incubé dans le cadre du programme Engagés pour la qualité du logement de demain qui a insisté sur la richesse des échanges avec les autres intervenants ayant permis de prendre du recul sur son activité et son rapport à la conception et construction.
· Dispositifs de financement pour les agences d’architecture et leurs projets
Cette table ronde a dessiné un continuum de dispositifs de soutien et de financement aux agences d’architecture et à leurs projets. L’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) et Bpifrance ont respectivement présenté leurs solutions de financement : garanties bancaires et prêts pour le premier, financements court termes et aides à l’export pour le second. Les différents dispositifs de soutien aux industries culturels et créatives ouverts aux agences d’architectures dans le cadre du plan France 2030 ont été présentés (appels à projets, dispositifs d’immersion à l’international) et éclairés par le témoignage d’un lauréat du dispositif « Alternatives vertes ». Enfin, la session s’est conclue par une présentation des opportunités offertes par le Nouveau Bauhaus européen et le témoignage d’un lauréat du prix NEB 2024.
Dispositif de soutien France 2030
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