Le site archéologique paléolithique moyen du Rozel, département de la Manche, (Normandie, France), livre des vestiges mobiliers (os, charbons, silex et quartz taillés) et des structures (amas de débitage d’éclats, concentrations de restes osseux témoignant de traitement de carcasses animales, foyers) dans un état exceptionnel de conservation qui autorisent des analyses de type palethnographique.

L’originalité du site du Rozel consiste en la présence et la conservation de dizaines de traces de pattes animales et surtout de plusieurs centaines d’empreintes de pas, de mains d’individus de tous âges constituant les groupes de néandertaliens qui ont fréquenté de manière récurrente le site, il y a environ 80 000 ans.

Le site du Rozel  compte parmi les sites majeurs du Paléolithique moyen d’Europe de l’Ouest.

Comme chaque année, les fouilles sur le site du Rozel se sont poursuivies durant l'été 2020. Elles ont permis la mise au jour d’environ 300 nouvelles empreintes, essentiellement de jeunes (très petits enfants et enfants) et d’adolescents dans un espace qui leur était dédié en périphérie des aires de travaux de boucherie. Sur ces espaces les adultes découpaient les animaux introduits entiers pour les cerfs et par quartiers pour les chevaux et les aurochs (bœufs sauvages) afin d’en récupérer, moelle, viande, peau, abats et viscères dont une partie était traitée dans des foyers spécialisés alimentés avec du pin sylvestre et des fragments d’os spongieux  de grands herbivores (cuisson directe, indirecte (technique de la « pierrade »), fumage). Ces aires de travaux comportent aussi des secteurs de taille du silex destinés à la fabrication des outils des « artisans-bouchers » et  conservent une majorité d’empreintes d’adultes et d’adolescents.                                                                                                                                

 

2 000 traces et empreintes humaines

Ce sont presque 2 000 traces et empreintes humaines (pieds, mains, genoux) et de pattes animales qui ont été enregistrées depuis 2012, sachant que seules 9 autres empreintes de pieds sont actuellement connues pour cette période où l’Homme de Néandertal occupait l’Eurasie (de l’Atlantique aux confins de la Mongolie). Si les techniques de datation ne nous permettent pas d’avoir une extrême précision pour les périodes d’occupations du site qui se situent autour de 80 000 ans, le gisement du Rozel a livré de nombreux instantanés de la vie quotidienne des Paléolithiques : petits éclats correspondant aux affutages successifs des couteaux de boucherie, raclage de talons d’un enfants assis dans le sable, associations d’empreintes de pas de très jeunes enfants qui commencent à marcher, accompagnés d’adolescents ou de femme pour effectuer leurs premiers pas. Outre sa dimension ethnographique qui permet d’approcher la constitution du groupe humainet ses activités, le site du Rozel est un des rares gisements du Paléolithique moyen au monde à permettre une approche sociétale des chasseurs-cueilleurs vraisemblablement néandertaliens (entre 350 000 et 40 000 ans).