Le château de Marcoussis, dont les origines remontent au XIe siècle, fut entièrement reconstruit à la fin du XIVe siècle par Jean de Montagu, conseiller des rois Charles V et VI, qui en fit une résidence fortifiée et fastueuse avant d’être exécuté en 1409.
Durant les années 1970 et 1980, le château de Marcoussis fait l’objet d’explorations archéologiques sous la direction de Nicolas Payen, président de l’association des Amis du château féodal de Montlhéry. Puis, en 1984, le château est classé monument historique. La véritable renaissance du site débute après 1990 sous l’énergique impulsion de l’Association historique de Marcoussis (AHM). Ses membres se sont alors consacrés à la mise en valeur des vestiges castraux. En particulier, l’association participe aux Journées européennes du patrimoine, aux Journées européennes de l’archéologie et accueille régulièrement des scolaires. Parallèlement, l’AHM a adhéré à l’union Rempart et a annuellement organisé des chantiers internationaux pour la restauration des maçonneries de la contrescarpe. Enfin, entre 2019 et 2024, un chantier de fouille archéologique programmé a été engagé sur le château, sous la direction scientifique de Sarah Beiger. Cette intervention, un chantier-école, a bénéficié de subventions de la DRAC, de l’accompagnement logistique de l’AHM et du lycée. Les archéologues ont ainsi pu étudier et tester plusieurs secteurs du château : une cuisine, des latrines, le logis méridional et les abords de la tour est. Grâce à ces travaux, il est désormais possible de mieux connaître l’évolution chronologique du site, particulièrement pour les époques antérieures à celle de Montagu.
À la fin des années 2010, ces dynamiques ont porté à s’interroger sur les possibilités de renforcer la valorisation du site. En particulier, le rôle que pourrait prendre la tour Henri IV s’est avéré central dans cette réflexion. En effet, cette tour conservée sur une élévation de dix-sept mètres, présente encore cinq niveaux superposé, quatre d’entre eux étant utilisables pour des présentations au public. Mais pour cela, il était nécessaire d’en rétablir l’accessibilité, de stabiliser les maçonneries, d’étanchéifier le sommet de l’édifice et de lui apporter les fluides nécessaires à son fonctionnement. L’alternative la plus simple a consisté à rétablir l’escalier en vis autrefois accolé à la tour, projet facilité en raison de la présence de traces maçonnées de l’escalier médiéval.
En juin 2021, la mission Patrimoine a désigné le château de Marcoussis lauréat d’une subvention de restauration de la tour Henri IV, soit la somme de 77 000 €. Cet apport, ainsi que ceux de la DRAC (40 % du montant du projet), de la région, du département, du mécénat (fondation TotalEnergie, Crédit agricole Île-de-France mécénat, etc.) ainsi que des dons, ont permis de lancer le projet.
Le chantier a été confié à l’architecte du patrimoine Jean-Paul Mauduit. L’intervention a débuté en 2023 et a été supervisée par plusieurs services de la DRAC : Conservation régionale des monuments historiques (Colette Aymard), Unité départementale de l’architecture et du patrimoine de l’Essonne (Jennyfer Rozé), Service régional de l’archéologie (Christian Piozzoli). Elle a d’abord consisté en la restauration des maçonneries intérieures et extérieures de la tour. Puis, de nouvelles portes et fenêtres ont été installées. Des planchers neufs ont été posés dans les étages. Un paratonnerre a été installé. En 2024, le chantier a consisté en la construction d’une tourelle d’escalier adossée à la tour.
L’ensemble prend appui sur des poutres horizontales reposant sur les maçonneries des courtines, dispositif présentant l’intérêt de ne pas impacter les niveaux archéologiques enfouis. La structure de l’escalier est métallique et le bardage est réalisé en acier Corten.
Actuellement, le chantier est en cours d’achèvement. Au printemps 2025, un comité scientifique a été mis en place afin d’entamer une réflexion sur les thèmes et objets qui seront présentées au public dans les salles de la tour : l’historique du site, l’architecture castrale, Jean de Montagu, etc. Plusieurs agents de la Drac (CRMH, SRA, Udap) en sont membres. La tour devrait être ouverte au public en 2026.
Une seigneurie médiévale au cœur de l’histoire de Marcoussis
La seigneurie de Marcoussis est attestée dès le XIe siècle. Un édifice castral devait exister dès cette époque, probablement une construction en matériaux périssables dont aucun vestige ne nous est parvenu. En effet, la majeure partie des éléments actuellement visibles sont contemporains de Jean de Montagu (1363-1409). Jean fut un intime et un important conseiller des rois Charles V et Charles VI. En particulier, il occupa les fonctions de Grand trésorier de France, puis de chambellan et de Grand maître de France. Sa carrière politique intense, la fulgurance de son ascension et l’immense fortune accumulée au service du roi furent à l’origine de nombreuses inimitiés, particulièrement celle de Jean sans Peur, le duc de Bourgogne, qui parvint à le faire condamner et exécuter en 1409.
La reconstruction du château par Jean de Montagu
Avant sa mort, Jean de Montagu avait toutefois eu le temps de restructurer et renforcer le château. Celui-ci était aménagé sur une plateforme de plan rectangulaire flanquée de tours défensives. Le site était cerné d’imposantes douves en eau et l’accès s’effectuait par un pont-levis défendu par un châtelet. Au-dessus de la porte, en bon courtisan, Jean de Montagu avait fait installer un médaillon représentant l’effigie du roi Charles VI. Autour de la cour, des logis étaient adossés aux courtines. Les descriptions disponibles attestent de bâtiments richement décorés.
De la disparition du château à la création d’un lycée horticole
Bien plus tard, à la veille de la Révolution, le château appartient à la famille d’Esclignac. En raison de son état de délabrement, sa destruction est décidée en 1805. Toutes les constructions sont alors arasées hormis la tour orientale. En 1941, la dernière descendante de la famille d’Esclignac, Geneviève de la Baume-Pluvinel, donne la propriété aux Orphelins apprentis d'Auteuil sous la condition d’y créer une école d’horticulture. La première pierre des bâtiments scolaires est posée en 1946. Aujourd’hui, le lycée horticole et paysager Saint-Antoine (établissement privé sous contrat) est géré par la fondation des Apprentis d'Auteuil. Il accueille environ 250 élèves qui préparent soit un CAP (métiers de l'agriculture ; services aux personnes et vente en espace rural, jardinier paysagiste), soit un bac pro (service aux personnes et animation dans les territoires, aménagements paysagers, conduite de productions horticoles).
Château de Marcoussis
Lycée Horticole et Paysager Saint-Antoine
53, avenue Massénat Déroche
91460 MARCOUSSIS
Téléphone : 01 69 63 35 72
La visite du château peut se faire en contactant l’AHM (Association Historique de Marcoussis) (06 74 40 66 36). Sur place, il est également possible de visiter la serre de production du lycée. Un point de vente est ouvert pour les plantes à massifs, les plants de légumes, les vivaces et les petits arbustes…
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