8.Annecy (Haute-Savoie) : hôtel de la préfecture de Haute-Savoie
L’hôtel de la préfecture constitue un témoignage particulièrement réussi et préservé de l’architecture préfectorale du Second Empire, dans le contexte particulier de la création du nouveau département de Haute-Savoie suite au rattachement de la Savoie à la France en 1860.
- 1861-1866 -
inscription au titre des monuments historiques le 17 mars 2022 de l’hôtel, du parc, des deux pavillons d’entrée, de la grille et du mur de clôture, à l’exclusion des bâtiments construits sur la rue du 30e régiment d’infanterie.
© F. de Peyronnet-Dryden DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Après le rattachement de la Savoie à la France suite au traité de Turin et au référendum de 1860, se posa la question du logement des services de la nouvelle préfecture de Haute-Savoie installée à Annecy.
Le choix tomba sur les abords du lac, offrant une visibilité forte ainsi qu’un espace vierge destiné à être développé et mis en valeur en dehors de la vieille ville.
Les travaux furent confiés à l’architecte d’origine lyonnaise Léon Charvet (1830-1916) qui proposa un type de construction conforme au style préfectoral privilégié sous le Second Empire, s’inspirant de l’architecture des hôtels particuliers et châteaux des derniers siècles de l’Ancien Régime : on privilégia le modèle classique d’un monumental hôtel particulier Louis XIII, en forme de H, avec entrée sur cour d’honneur et cabinet du préfet face au lac (au sud), services administratifs côté ouest, et pièces de réception ainsi qu’appartement du préfet donnant sur le parc à l’est. A l’arrière, moins visible (au nord), se trouvaient les couloirs et pièces de services.
Propriété du département, dès les débuts les lieux ont été occupés conjointement par les services de la Préfecture et du Conseil général.
Les archives très documentées et précises montrent que les travaux furent menés en trois étapes : tout d’abord le gros œuvre, commencé en avril 1862, avec la conception de la décoration extérieure, allie les éléments typiques du style Louis XIII (volonté de symétrie, rythmique articulant de manière harmonieuse les lignes horizontales et verticales, s’exprimant dans les avant-corps et pavillons centraux des façades, les éléments décoratifs comme des soubassements à bossage et des mascarons, un fronton comportant des trophées, ainsi que de nombreuses cheminées monumentales) ; puis la décoration intérieure, au style éclectique Napoléon III mêlant divers styles : on notera notamment le vestibule et le grand escalier à double révolution particulièrement réussi, ainsi que la salle d’honneur dit salon Louise et Colette Périès, qui est la pièce qui a conservé le plus d’éléments originels (riches moulures et boiseries en partie dorées à l’or fin, panneaux de soie cramoisie, rosaces et corniche à palmettes, cheminée surmontée d’une glace monumentale).
Les matériaux employés pour le gros-œuvre ainsi que pour la décoration étaient tous de grande qualité, minutieusement détaillés dans les devis, et de préférence d’origine régionale, mis à part les ardoises d’Angers (moellons de Talloires, pierre de Seyssel, chaux de Saint-Colombe, soieries de Lyon, marbre des Alpes).
Enfin, à partir de 1864 fut aménagé le parc, mêlant essences vernaculaires et exotiques, arbres à feuilles persistantes ou caduques, le tout entièrement clos d’une grille de fer forgé, dont l’élément le plus remarquable est la grille d’entrée monumentale qu’encadrent les deux pavillons Louis XIII et surtout les deux gigantesques séquoias.
Depuis sa construction, l’hôtel de la Préfecture a subi certaines modifications : les symboles impériaux ont été pour la plupart ôtés après 1870 ; avec l’évolution des services (notamment l’extension des services du Conseil général puis départemental) et les besoins de modernisation de ceux-ci, la décoration a été modifiée en de nombreux endroits, donnant lieu à des cloisonnements et des faux-plafonds, et des bâtiments ont été construits sur la bordure nord du parc, le long de la rue du 30e régiment d’infanterie.
Néanmoins, une grande partie de l’emprise originelle du site a été préservée, ainsi que le caractère somptueux et représentatif de cet ensemble, élément incontournable de l’identité annécienne.
Partager la page