Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, remettra mercredi 7 mars le Grand Prix national de la poésie à Anne Perrier.
Créé en 1981, le Grand Prix national de la poésie a récompensé chaque année, jusqu’en 1996, un poète de langue française pour l’ensemble de son oeuvre.
Frédéric Mitterrand a souhaité faire renaître cette haute distinction, qui compte parmi ses lauréats Francis Ponge, Aimé Césaire, André du Bouchet, Eugène Guillevic, Edmond Jabès, Michel Deguy, Bernard Noël, Yves Bonnefoy ou encore Philippe Jacottet.
Le Ministre a confié la présidence du jury à Silvia Baron Supervielle. Les autres membres du jury, qui est nommé pour 3 ans, sont Aline Bergé, Christian Bobin, Muriel Bonicel, Florent Georgesco, Hélène Henry, Michel Lafon, Gérard Macé, Daniel Mesguich, Bruno Racine et Salah Stétié.
Le prix est doté d’un montant de 15 000 euros.
Né en 1922 à Lausanne où elle vit actuellement, la poétesse suisse Anne Perrier a publié son premier recueil en 1952. Livre après livre, son oeuvre s’est imposée comme l’une des toutes premières de la poésie du XXe siècle.
Elle est la première femme à recevoir cette distinction.
Les poèmes d’Anne Perrier sont des condensés d’expériences intensément vécues et reliées en profondeur à un imaginaire à la fois singulier, d’où les images personnelles qui emportent les poèmes, et collectif, largement structuré par l’héritage judéo-chrétien tel qu’il s’exprime dans la Bible et ses livres poétiques. (…)
Anne Perrier, qui habite Lausanne, a mené en famille une vie paisible, toute de mesure et de discrétion, animée cependant par une soif de connaissance et de beauté d’une grande intensité. Le travail, la passion, l’intransigeance, les colères parfois, c’est à la poésie et aux arts qu’elle les consacre, car ils sont pour elle inséparables de son cheminement spirituel. Les voyages, notamment dans l’aire méditerranéenne, : la Grèce, et surtout la Crète, la Provence, l’Italie, avec des ouvertures sur les mers et les déserts, jalonnent son parcours en autant d’étapes décisives par leurs richesses sensorielles, leur pouvoir d’éveil, leurs marques anciennes, leurs rêves des origines et des commencements. (…)
Doris Jakubec (Postface de La Voie nomade, Genève, MiniZoé, 2000)
«Quand on ouvre un livre d'Anne Perrier, on ne peut être que frappé par le peu de matière terrestre qui assure comme le lest de chaque poème. La brièveté des v la faible longueur de chaque pièce, se limitant parfois à un simple tercet, les éléments extérieurs souvent réduits à quelques repères et pour ainsi dire allégés d'une densité trop forte, concourent à esquisser un dessin fragile, presque une épure. On sent que de telles images brûlent de haute solitude, comme si Anne Perrier trouvait au cours de son existence certains correspondants privilégiés, fleurs, cailloux, arbres, oiseaux, ou plus encore des sortes de reflets ou de prolongements de son être intérieur.»
Gérard Bocholier (Quatrième de couverture de La Voie nomade & autres poèmes : oeuvres complètes 1952-2007, L'Escampette Éditions, 2008, Préface de Gérard Bocholier)