Avec Denis Gence disparaît une grande figure de la Maison Molière où elle aura
accompli l’essentiel de sa carrière fastueuse.
Elle avait cette scansion de la voix qui appelle les classiques, le geste précis, le
regard de velours et ce don exceptionnel pour la métamorphose, lui permettant
d’aborder tous les répertoires et de jouer une vaste étendue de rôles. De Bélise
des Femmes savantes à Marceline dans Le Mariage de Figaro, de Mme Lepic
dans Poil de Carotte à ses interprétations inoubliables sous la férule des plus
grands metteurs en scène comme Charles Dullin, Julien Bertheau ou Jean-
Pierre Vincent, elle avait cet art d’aborder les contrées dramatiques les plus
étrangères à ce qu'elle était.
Si après 50 ans de carrière, 125 rôles et des milliers de représentations, Denise
Gence avait décidé de quitter la Comédie Française, c’était semble-t-il pour ne
plus quitter le festival d'Avignon dont elle était devenue, ces dernières années,
l'une des figures majeures.
La profondeur de jeu de Denise Gence nous permettait de regarder autrement
le monde et les autres.