Découvrez la vie et l'oeuvre de Marie Bashkirtseff.

Benque & Cie, Marie Bashkirtseff, vêtue d'une robe blanche, debout mains croisées sur le ventre, avant 1884, Paris, musée d'Orsay

Marie Bashkirtseff (Poltava (Ukraine), 1858 – Paris, 1884)

L'enfance et l'adolescence de Marie Bashkirtseff se déroulent principalement en Italie et en France, «dans un milieu riche, élégant, parfois excentrique» (Lettres, p. 258). En 1877, elle entre à l’Académie Julian. De cette formation, elle laissera une représentation (1881, Dnipro, State Art Museum), mais aussi des témoignages écrits d’un grand intérêt (Journal), témoignant de l’émulation qui règne alors parmi les artistes femmes, et notamment avec Louise Breslau. Madeleine Zillhardt, leur camarade d’atelier, dit Marie Bashkirtseff «autoritaire à l'excès». Aussi douée qu’ambitieuse, Marie Bashkirtseff souffre de la discrimination qui l’empêche de bénéficier d’une formation similaire à celle des hommes : «On voyait l’École des beaux-arts. C’est à faire crier. Pourquoi ne puis-je aller étudier là ? !» (Journal, 20 octobre 1878). Elle expose au Salon à partir de 1880. En 1884, Un Meeting (Paris, musée d'Orsay), est unanimement salué par la presse. Peintre, dessinatrice et pastelliste de talent, M. Bashkirtseff s’essaie également à la sculpture (Douleur de Nausicaa, 1884, Paris, musée d'Orsay).

Marie Bashkirtseff, Douleur de Nausicaa, 1884, Paris, musée d'Orsay

En 1882, elle se lie d’amitié avec Jules Bastien-Lepage (1848-1884), dont elle admire l’œuvre, comme nombre de ses contemporains : « Voici l’artiste qui exerce actuellement la plus large influence sur l’art français. Ses imitateurs se comptent par cinquantaines » (L’Art moderne, 14 mai 1882, p. 155). Marie Bashkirtseff apprécie également Édouard Manet (1832-1883) : « L'ensemble de cette exposition est saisissant. / C'est incohérent, enfantin et grandiose » (Journal, 5 janvier 1884, après avoir visité l’exposition posthume de Manet). Elle achète une peinture à la vente de l’atelier Manet, en février 1884 (probablement Gitane à la cigarette, The Art Museum, Princeton University). L’avis des Impressionnistes sur Marie Bashkirtseff est mitigé. Julie Manet (1878-1966), la fille de Berthe Morisot (1841-1895) rapporte : « Papa, loin de trouver comme M. Degas que Bashkirtseff était une femme à fouetter en place publique, l’admirait, alors maman lui disait : "je vous vois avec une femme comme celle-là, vous la trouveriez insupportable" » (Julie Manet, Journal). Berthe Morisot apprécie la personnalité alerte et audacieuse de Marie Bashkirtseff, mais se montre réservée à l’encontre de son art : « Mon admiration est contrariée par sa médiocre peinture ; c’est grossier, commun, presque bête son meeting et le reste » (Rouart, 1950, p. 156).

Marie Bashkirtseff s’engage en faveur de l’égalité du droit des femmes « J’estime que les hommes ne doivent être que des accessoires pour les femmes fortes », Lettres, p. 240). Elle collabore à La Citoyenne, journal dirigé par Hubertine Auclert (1848-1914), publiant sous le pseudonyme de Pauline Orell la critique du Salon de 1881 (16 mai et 22 mai). Elle entretient également une importante correspondance, s’adressant avec beaucoup de spontanéité et de désinvolture aux écrivains qu’elle admire : Alexandre Dumas fils (1824-1895), Edmond de Goncourt (1822-1896), Guy de Maupassant (1850-1893), Émile Zola (1840-1902).

Marie Bashkirtseff, Un meeting, 1884, Paris, musée d'Orsay

Personnalité météore, elle s’éteint à l’âge de 25 ans, quelques semaines avant Bastien-Lepage. Une exposition posthume est organisée par l’Union des femmes peintres et sculpteurs, avec un catalogue préfacé par François Coppée (1842-1908). L’État achète à cette occasion Un Meeting. Conformément à la volonté de l’artiste, son journal est publié en 1890, et régulièrement réédité sous différents titres (Nouveau journal inédit, 1901, Cahiers intimes inédits, 1925-1926). Sa correspondance est publiée en 1891. Le musée Masséna, à Nice, qui, grâce à la générosité de la mère de l’artiste, conserve un fonds d’œuvres et de souvenirs de M. Bashkirtseff, ainsi qu’un cahier du journal, lui a consacré une exposition en 1995.

Laurent Manoeuvre

Sélection d'oeuvres de Marie Bashkirtseff sur la base Joconde Pop

Bibliographie
Konz Louly Peacock, Marie Bashkirtseff's life in self-portraits (1858-1884) : woman as artist in 19th century France, Lewinston NY, E. Mellen Press, 2005