Le 27 mai 2021, le Musée Carnavalet - Histoire de Paris a entrouvert ses portes lors d'une visite inaugurale avec la Ministre de la Culture et la Maire de Paris, avant d'accueillir à nouveau les visiteurs à partir du 29 mai. L'occasion de revenir sur le rôle de la DRAC Île-de-France tout au long de ce chantier hors-normes, à la fois en termes de muséographie, d'enrichissement des collections et de contrôle scientifique et technique sur la restauration des parties protégées du monument.
Une véritable renaissance pour le plus ancien musée de la Ville de Paris
Après quatre ans d'imposants travaux de restauration, le musée Carnavalet, situé au cœur du Marais, s'apprête à rouvrir ses portes au public. Tout en demeurant fidèle à l'esprit de ce lieu consacré à l'histoire de Paris des origines de la ville à nos jours, cette rénovation de grande ampleur a permis de magnifier le bâtiment, de redécouvrir son architecture, de repenser le parcours muséographique et de jouer sur l’accessibilité et d'offrir en même temps un meilleur accueil aux visiteurs. La remise aux normes techniques et réglementaires du monument historique était l’un des objectifs de la restauration partielle afin d’assurer le fonctionnement du bâtiment en toute sécurité et selon les standards internationaux.
Cour d'honneur, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
Pour améliorer la qualité de l’accueil et de la médiation, la présentation des collections ainsi que l’accessibilité à tous les publics, le musée Carnavalet - Histoire de Paris a fait peau neuve. Ces quatre années d’intenses travaux ont été conduits par l’agence Chatillon Architectes associée à Snøhetta et l’agence NC, Nathalie Crinière pour la scénographie permanente. Complexe, le chantier a permis de restaurer les deux hôtels particuliers qui constituent le musée (Carnavalet et Le Peletier de Saint-Fargeau) mais aussi de repenser entièrement le parcours muséographique.
Accueil, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
Salle de bal Wendel, vue sur l'escalier monumental, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
Un suivi de chantier assuré par la DRAC Île-de-France
La Ville de Paris a évoqué le projet de restauration avec les services patrimoniaux de la DRAC bien avant le choix du maître d’œuvre afin de cerner toutes les contraintes possibles. La présentation des travaux a ensuite fait l’objet de plusieurs réunions sur place afin d’appréhender toutes les difficultés posées par ce chantier hors-normes. Lors du chantier, les protocoles de nettoyage, de restauration et de reconstitution ont été systématiquement validés par la DRAC, qui s'est rendue sur place à plusieurs reprises durant l'exécution des travaux.
Salle d'introduction, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
Une mise en valeur des volumes et de l'architecture des différents espaces
Les façades de la cour des Drapiers et les façades sur rue de la partie la plus ancienne de l’Hôtel Carnavalet, les couvertures et une grande partie des menuiseries extérieures de l’Hôtel Carnavalet ont également été restaurées. Des baies auparavant masquées sont désormais ouvertes pour apporter de la lumière naturelle, retrouver les vues sur les cours et les jardins des deux hôtels particuliers et redonner à lire leur architecture d’origine. Les aménagements intérieurs sont conçus pour mettre en valeur les volumes et l’architecture des différents espaces. Grande découverte de cette rénovation : l’une des parties les plus anciennes du bâtiment, au sous-sol de l’Hôtel Carnavalet, est aujourd’hui ouverte au public et dévoile ses espaces voûtés en pierre.
Escalier de Luynes, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
Musée Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
Les publics, placés au cœur de ce projet, découvriront de nouveaux espaces de circulation accessibles à tous. Le musée retrouve son entrée d’origine au 23 de la rue de Sévigné et un nouvel espace d’accueil dans les anciennes écuries du 17e siècle.
Un parcours muséographique repensé
Le nouveau musée Carnavalet relève le défi de raconter l’histoire de Paris sur 3 900 m2 . Tout en préservant le charme si particulier de ce musée installé au cœur du Marais historique, 3 800 œuvres sont présentées dans une scénographie repensée. 60 % des œuvres exposées étaient jusqu’ici conservées dans les réserves. Pensé comme un voyage authentique dans le passé et le présent de Paris, le nouveau parcours, construit pour la première fois selon un fil chronologique continu, dévoile ses plus grands trésors historiques de la Préhistoire à nos jours.
Salon de compagnie de l'hôtel d'Uzes, musee Carnavalet - Histoire de Paris © Antoine Mercusot
En plus de la fameuse chambre de Marcel Proust, du portrait de Madame de Sevigné par Claude Lefèbvre, de la bijouterie Fouquet réalisée en 1901 par Alfonse Mucha, ou encore des célèbres salles à décor (incluant les period rooms), le public découvrira au rez-de-chaussée de nouvelles salles introduisant l’histoire de la Ville de Paris et l’histoire du musée qui présentent Paris, ses symboles et ses données clés.
Mobilier ayant appartenu à Marcel Proust, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Pierre Antoine
Bijouterie Fouquet, musée Carnavalet - Histoire de Paris © Pierre Antoine
Une nouvelle présentation des collections
En sous-sol, des espaces auparavant inaccessibles au public, présentent les collections allant du mésolithique (9600-6000 avant notre ère) à la Renaissance. Outre la Renaissance qui fait son entrée dans le parcours du musée, celui-ci s’ouvre aux périodes du Moyen Âge et des 20e et 21e siècles. Pour l’histoire du temps présent (depuis 1977, date de la réforme du statut de Paris), une salle donne la parole à des peintres, photographes, architectes et créateurs… qui révèlent la force des expressions, des mutations et des projets à l’œuvre sur le territoire parisien et du Grand Paris
Portraits de Juliette Récamier et de Napoléon Ier, collections du musée Carnavalet - Histoire de Paris © Pierre Antoine
Une campagne de restauration d’œuvres sans précédent
La fermeture du musée Carnavalet – Histoire de Paris a permis d’entreprendre un chantier de restauration des bâtiments et des collections exceptionnels. C’est dans le cadre de la commission scientifique régionale de restauration d’Île-de-France que ce chantier de restauration sans précédent (2 500 œuvres) a été mené par les équipes de la conservation et de la régie du musée avec la Direction des collections de Paris Musées.
Pirogue monoxyle, collections du musée Carnavalet - Histoire de Paris © Pierre Antoine
Une accessibilité et une médiation pour tous les publics
Dès leur arrivée, les visiteurs profitent d’un accueil réaménagé conçu pour améliorer la capacité d’accueil du musée et offrir un meilleur confort, en privilégiant une circulation fluide et agréable, respectueuse du site. L’accessibilité et la proximité avec les œuvres présentées ont également été améliorées. Le musée innove dans sa médiation en accrochant notamment 10 % de l’ensemble des œuvres à hauteur d’enfant tout au long du parcours. Une démarche d’accessibilité universelle a été développée dans l’ensemble des collections permanentes, avec l’élaboration de dispositifs de médiation attractifs et ludiques favorisant la mixité des publics. Enfin, le musée propose ponctuellement des dispositifs numériques interactifs (entretiens filmés, documentaires, films d’animation, espaces d’écoute, écrans interactifs) qui enrichissent la connaissance d’épisodes historiques parisiens majeurs.
Le musée Carnavalet ouvrit ses portes en 1880 dans le plus célèbre des hôtels de la période Renaissance. Le bâtiment doit en partie sa renommée aux grands noms qui lui sont associés: le sculpteur Jean Goujon (vers 1510-vers 1566), l’architecte François Mansart (1598-1666), ou encore la Marquise de Sévigné (1626-1696).
L’hôtel Carnavalet est l’un des rares témoins de l’architecture Renaissance à Paris avec la cour carrée du Louvre. Il s’agit d’un des plus anciens hôtels du Marais, construit de 1548 à 1560 pour Jacques des Ligneris, président au parlement de Paris. C’est en 1578 que l’hôtel prit son appellation actuelle, par déformation du nom de sa propriétaire suivante, d’origine bretonne, madame de Kernevenoy. L’hôtel primitif comprenait un rez-de-chaussée seul sur trois côtés et un grand corps de logis avec étage en fond de cour. Les sculptures qui ornent ses façades sont attribuées à Jean Goujon. L’entrée, avec ses bossages puissants et ses allégories en fort relief (lions, trophées à l’antique avec armes et cuirasses), fait forte impression. Dans la cour, les figures des quatre saisons, représentées par des personnages entre les fenêtres du premier étage, sont surmontées des signes du zodiaque correspondants (le bélier pour le printemps, le cancer pour l’été, la balance pour l’automne et le capricorne pour l’hiver). Des masques grimaçants et portant des cornes, appelés mascarons, ornent les arcades des anciennes écuries du rez-de-chaussée.
A partir de 1655, l’hôtel fut complété par le célèbre architecte François Mansart qui suréleva l’entrée sur rue à la demande du nouveau propriétaire, Claude Boislève. Des sculptures de Gérard van Obstal, représentant des figures de vertus et des quatre éléments, vinrent orner les étages ajoutés sur les côtés et en façade, le tout s’harmonisant avec les quatre saisons du fond de la cour. C’est cet état qu’a connu Madame de Sévigné, locataire des lieux de 1677 à 1696.
Protection MH
CLMH par liste de 1846 :
Façades et toitures des bâtiments du 19s y compris les éléments anciens rapportés sur le bâtiment de 1884, à savoir : la façade du bâtiment des drapiers, l'arc de Nazareth, la façade principale du pavillon de Choiseul.
CLMH par arrêté du 28 décembre 1984
Façades et toitures sur rue, sur cour et sur jardin de l'hôtel ; les façades et les toitures de l'Orangerie ; le grand escalier avec le vestibule d'entrée ; le petit salon Louis XIV (cad. 03 : 03 AO 41).
ISMH par arrêté du 17 mars 1925
Intérieur de l'Orangerie.
Historique
Du décor intérieur d’origine de l’hôtel, seuls subsistent l’escalier d’honneur, avec sa rampe en fonte, premier exemple connu, en France, de l’utilisation à grande échelle de cette technique toute nouvelle à la fin du XVIIe siècle, et un rare cabinet de miroirs qui témoigne de la richesse et du faste du constructeur de l’hôtel. Le plus connu des occupants de l’hôtel est Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793), arrière-petit-fils de Michel Le Peletier de Souzy.
En 1989, l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau fut rattaché au musée. Ses salles accueillent les collections de la Révolution à nos jours. Attenante au bâtiment, l’orangerie présente depuis 2000 les collections archéologiques, qui s’étendent du Néolithique à la fin de l’Antiquité.
L’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau fut construit en 1688, sur les plans de Pierre Bullet (1639-1716), pour le compte de Michel Le Peletier de Souzy (1640-1725), conseiller d’État et Intendant des finances. Édifice classique entre cour et jardin, l’hôtel présente des façades de trois étages. Les seuls ornements dans la cour sont les agrafes à la clef des arcs en plein cintre des portes et fenêtres du rez-de-chaussée. Il règne une curieuse disparité entre la façade principale aux quatre travées très écartées et les façades latérales, aux travées plus rapprochées et régulières, qui suggère que Bullet a probablement réutilisé des éléments de l’édifice précédent lors de la reconstruction de l’hôtel. La façade monumentale sur jardin de dix travées est plus large que celle sur cour. Un pavillon central de deux travées, en faible saillie, s’agrémente d’un fronton orné d’une figure du Temps sous les traits de Saturne. L’orangerie, bâtiment d’un étage surmonté d’un comble brisé et éclairé par treize fenêtres est perpendiculaire à la façade. La porte-fenêtre centrale est surmontée d’un fronton orné d'où une figure de la Vérité fait écho au Temps de la façade principale. Ces deux hauts-reliefs sont attribués à Laurent Magnier (1615-1700).
Député de la noblesse aux États généraux, il rejoignit le Tiers État dès le mois de juillet 1789. Il vota pour la mort de Louis XVI, le 20 janvier 1793. Le soir même, il fut poignardé par un ancien garde du corps du roi; transporté dans sa demeure, il allait y mourir au matin du 21 janvier, quelques heures avant l’exécution du roi. La Nation le déclara alors « martyr de la Liberté » et des funérailles grandioses, orchestrées par le peintre Louis David, furent organisées, avant son transfert au Panthéon. En 1895, l’hôtel fut acquis par la Ville de Paris pour y installer en 1898 la Bibliothèque historique qui, depuis 1872, cohabitait avec les collections historiques municipales à l’hôtel Carnavalet.
Le Musée Carnavalet : dates-clés de la Renaissance à nos jours
- 1548 - 1560 : Construction de l’hôtel particulier pour Jacques des Ligneris, président du Parlement de Paris
- 1660 : L’hôtel est complété par le célèbre architecte François Mansart, qui surélève le porche de la façade sur l’actuelle rue de Sévigné
- 1677 - 1696 : Madame de Sévigné et sa famille résident dans l’hôtel
- 1688 : Pierre Bullet, architecte du Roi et de la Ville, construit l’hôtel Le Peletier Saint-Fargeau 1866 : L’hôtel Carnavalet est acquis par la Ville de Paris
- 1880 : Le musée Carnavalet ouvre ses portes au public
- 1989 : L’hôtel Le Peletier Saint-Fargeau est annexé au musée
- 2015 : Début du déménagement complet des collections
- 2016 : Fermeture du musée et suite du déménagement complet des collections
- Mi-2017 : Début du chantier de rénovation
- 29 mai 2021 : Réouverture du musée