Recherche de provenance, outils et méthode
La recherche de provenance pour les œuvres, les livres, les instruments de musique et les objets d’art, consiste à documenter leur historique et les changements de propriété entre 1933 et 1945. Elle s’appuie sur les documents d’archives et de nombreux sites spécialisés.
Qu'est-ce que la recherche de provenance ?
Se former à la recherche de provenance
Méthodologie
Répertoire des biens spoliés
Base TED-dossiers CIVS
Principales bases de données
La recherche de provenance sur les livres
La recherche de provenance sur les instruments de musique
Sites utiles à la recherche
Fiches de provenance
Bibliographie
Qu’est-ce que la recherche de provenance ?
Définition
La recherche de provenance consiste à « rechercher et à documenter - dans la mesure du possible – l’historique complet d’un objet et à établir les changements de propriété entre 1933 et 1945 conformément aux « Principes de Washington ». L’histoire des objets doit être présentée clairement, en commençant par la création de l'objet et en se terminant aujourd’hui. On trouve des traces du parcours des œuvres dans des sources primaires, dans la bibliographie et dans des bases de données. Les recherches sur les personnes et les institutions éclairent les différentes étapes de l’histoire de l'objet et permettent d’identifier les propriétaires successifs de l’objet pendant une période donnée. Les lacunes de la provenance doivent être révélées et les faits suspects signalés. »
Source : Provenance Research Manual, To identify cultural property seized due to persecution during the National Socialist era, German Lost Art Foundation, Arbeitskreis Provenienzforschung e. V., l’Arbeitskreis Provenienzforschung und Restitution - Bibliotheken, Deutscher Bibliotheksverband e. V., Deutscher Museumsbund e. V., l’ICOM Deutschland e. V., «Methods of provenance research», Jana Kocourek, Katja Lindenau, Ilse von zur Mühlen and Johanna Poltermann, p. 39
Se former à la recherche de provenance
La formation à la recherche de provenance en France en est à ses prémices. Plusieurs initiatives ont déjà pu être mises en place.
Depuis 2019, l’Institut national du patrimoine (INP), l’Institut national d'histoire de l'art (INHA) et la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 (M2RS) organisent un séminaire intitulé « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945) ».
Toutes les séances sont accessibles sur Youtube.
Etudiants :
En deuxième année de deuxième cycle, l’Ecole du Louvre propose un séminaire sur « Les recherches de provenance ».
En 2019-2020 les étudiants du master droit et fiscalité du marché de l’art de l’Institut Droit, Art, Culture (IDAC) de l’Université de Lyon III Jean Moulin ont pu suivre un séminaire de recherche de provenance des œuvres MNR.
L’INP et l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (ENSSIB) proposent des séminaires sur les spoliations dans le cadre de la formation initiale des conservateurs du patrimoine et des bibliothèques.
L’université Paris Nanterre a créé en février 2022 une formation de diplôme universitaire (deuxième cycle) dédiée à la recherche de provenances des œuvres d’art.
Proposée conjointement par le département d’Histoire de l’art et d’archéologie et l’UFR de Droit et de Sciences Politiques, la formation vise à former au métier de chercheur de provenances de jeunes diplômés et professionnels initiés à l’histoire de l’art et/ou au droit, aussi bien au sein d’institutions muséales, internationales que sur le marché de l’art.
Depuis la rentrée de l'année universitaire 2023-2024, L'École du Louvre a ouvert un nouveau parcours de M2, « Biens sensibles, provenances et enjeux internationaux ». II a pour objet de répondre aux besoins actuels des musées, des institutions patrimoniales et du monde du marché de l'art au sujet des acquisitions d'œuvres et d'objets, de leur circulation, de la documentation de leurs provenances, des nouvelles questions et enjeux soulevés par le contexte international.
Professionnels du patrimoine et des bibliothèques :
L’INP et l’ENSSIB organisent des formations continues sur les biens culturels spoliés à destination des conservateurs du patrimoine et des bibliothèques, documentalistes, chargés d’études documentaires, bibliothécaires, régisseurs des collections, attachés de conservation, assistants de conservation, adjoints du patrimoine, ingénieurs de recherche, ingénieurs d’étude, responsables de fonds patrimoniaux, personnels de l’État, des collectivités territoriales et du secteur privé.
Méthodologie
Avant de consulter la bibliographie et les bases de données spécifiques aux spoliations, il est important de s’intéresser à la matérialité de l’objet, d’étudier le revers de l’œuvre à la recherche de marques ou d’étiquettes (voir Sites utiles, Les marques et inscriptions).
Toute recherche doit commencer par la consultation des catalogues raisonnés (IFAR) qui peuvent donner des éléments de provenance (voir Sites utiles, recherches sur les œuvres). Il est cependant nécessaire d’être vigilant aux changements d’attributions ou de titres qui peuvent induire en erreur.
Il faut déterminer si l’œuvre a pu passer en vente publique, grâce aux catalogues de ventes, notamment ceux qui ont été numérisés (INHA, Heidelberg ou WPI).
Les catalogues sont parfois annotés et peuvent alors apporter des informations précieuses sur les acheteurs et les vendeurs, ainsi que sur les montants des transactions.
Les procès-verbaux de ces ventes permettent de connaître le nom des acheteurs. Ils sont conservés aux archives départementales, et donc aux archives de Paris pour l’Hôtel Drouot, par exemple.
La Gazette de l'Hôtel Drouot, en ligne depuis mars 2021 du premier numéro de février 1891 jusqu'au n°48 de décembre 1950, est également une source pour connaître le nom des acheteurs. L'ensemble est consultable sur la bibliothèque numérique de l'INHA.
L’identification des propriétaires successifs et des personnes impliquées dans la circulation d’un objet constitue également une étape majeure de la recherche (voir Sites utiles, recherches sur les personnes).
Le projet « Répertoire des acteurs du marché de l'art en France sous l'Occupation » (RAMA) - programme de recherche porté par l'Institut national d'histoire de l'art et l'Université technique de Berlin - vise à étudier et à répertorier les principaux acteurs (marchands d'art, galeristes, courtiers, experts, brocanteurs, antiquaires, commissaires-priseurs, transporteurs, photographes, historiens d'art, personnel des musées, artistes, collectionneurs, amateurs, victimes, intermédiaires en tout genre...) qui se sont retrouvés au cœur des échanges artistiques et commerciaux entre la France et l'Allemagne.
Un guide des recherches dans les archives françaises sur les spoliations d’œuvres d'art pendant la Seconde Guerre mondiale et leur restitution est disponible pour mieux s’orienter dans les recherches.
Patricia Kennedy Grimsted a constitué un guide recensant les archives de l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR). En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les documents originaux de l'ERR ont été largement dispersés et sont aujourd'hui conservés dans plus de 40 dépôts dans 10 pays.
Ce guide indique l'emplacement actuel des dossiers ERR restants et des sources connexes, détaille leur contenu et fournit des liens vers les nombreux dossiers désormais en ligne.
Le Centre allemand des biens culturels disparus (Deutsches Zentrum Kulturgutverluste) - en coopération avec l’association des chercheurs de provenance (Arbeitskreis Provenienzforschung), l’association des chercheurs de provenance pour les bibliothèques (Arbeitskreis Provenienzforschung und Restitution - Bibliotheken), l’association des bibliothèques allemandes (Deutscher Bibliotheksverband), l’association des musées allemands (Deutscher Museumsbund) et l’ICOM Allemagne - a publié un guide de recherche de provenance, disponible en allemand et en anglais.
Une annexe du Guide, régulièrement mise à jour, est disponible ici.
Au Canada, le Projet de recherche sur la provenance d'œuvres d'art pour l'époque de l'Holocauste et d'élaboration d'un guide de pratiques exemplaires (CHERP) s’est accompagné de la mise en ligne de nombreuses ressources sur la recherche de provenance.
- Le Collectif pluridisciplinaire de recherche de provenances (CPRProvenances) a été fondé en France en 2023 à l’initiative d’un groupe de chercheurs de provenances, issus de la même formation académique. Historiens, conservateurs, archéologues ou juristes de formation, leurs spécialités font la richesse de ce collectif qui compte des chercheurs spécialisés sur différentes périodes (Seconde Guerre mondiale, période coloniale, conflits contemporains) et différentes régions.
- Au sein de l’association des chercheurs de provenance germanophones (Arbeitskreis Provenienzforschung e. V.), il existe un groupe de travail (AG Frankreich) destiné à faciliter les contacts entre les chercheurs travaillant sur la France.
Contact : ag-frankreich@arbeitskreis-provenienzforschung.org
Répertoire des biens spoliés
Le Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945 (RBS) est publié entre 1947 et 1949, à partir des déclarations de spoliations faites principalement par les personnes spoliées elles-mêmes auprès de l’Office des biens et intérêts privés (OBIP). Les dossiers de réclamation déposés par les familles sont conservés aux archives diplomatiques.
Il ne s’agit pas d’un catalogue complet des œuvres spoliées en France mais d’un répertoire des objets réclamés qui n’étaient pas encore restitués à l’époque de la publication (1947-1949). C’est pourquoi certaines œuvres spoliées et réclamées n’y figurent pas car elles avaient déjà été restituées à cette date.
Le RBS d’origine a été entièrement numérisé, ainsi que 3 volumes annotés, qui permettent de suivre l'évolution des procédures et des restitutions postérieurement à la publication, jusque vers 1965-1970. L'exemplaire numérisé est particulièrement précieux car il peut être utilisé comme un véritable outil pour savoir si une œuvre a été restituée ou non (bien qu’il faille toujours vérifier la source première conservée aux archives diplomatiques).
Dans le RBS, les mentions des œuvres peuvent être rayées en rouge ou en bleu. La rature en rouge indique normalement que l'œuvre a été restituée ; elle est souvent complétée d'un « R » majuscule ou de l'abréviation « Rest. », voire plus rarement du mot entier « Restitué ». La date précise de la restitution est en principe mentionnée.
Les ratures en bleu désignent les œuvres non restituées (à la date d'arrêt de l'annotation indiquée au début du volume) avec souvent la mention « Procédure close », ce qui signifie que les recherches se sont arrêtées.
Accès aux volumes du RBS accompagnés de conseils détaillés pour l’utilisation.
Base TED-dossiers CIVS
La base TED recense les tableaux et dessins (TED = tableaux et dessins) mentionnés dans les dossiers déposés par les familles auprès de la Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) depuis sa création en 1999, qu’ils aient été retrouvés et restitués ou qu’ils n’aient jamais été localisés.
Il s’agit des œuvres déclarées spoliées par les familles ou des œuvres identifiées dans les archives ou sur les bases de données en cours d’instruction du dossier. Les œuvres restituées sont également listées.
La base se concentre sur les tableaux et dessins sauf quelques exceptions dont certaines gravures particulièrement identifiables : collection remarquable, signes distinctifs, exemplaire rare.
Les informations proviennent des dossiers CIVS. Pour approfondir et identifier les sources, il est nécessaire de consulter les pièces du dossier (contacter la M2RS : contact.m2rs@culture.gouv.fr ).
La base est mise à jour régulièrement.
Principales bases de données
Il s’agit des principales bases de données, une liste plus complète est disponible dans la partie Sites utiles
https://irp2.ehri-project.eu/search
Ce portail international de recherche est une collaboration entre des institutions nationales et d'autres institutions d'archives dont les documents se rapportent à des biens culturels de l'époque nazie. Il interroge les bases suivantes :
- Art Database of the National Fund (Austria)
- National Fund of the Republic of Austria for Victims of National Socialism
- Belgium Holocaust Assets Finding Aid
- State Archives in Belgium
- Central Collecting Point München
- Deutsches Historisches Museum
- Database of Art Objects at Jeu de Paume
- United States Holocaust Memorial Museum
- Findbuch
- German Sales Catalogs, 1930-1945
- Lost Art Internet Database (Magdeburg)
- Mémorial de la SHOAH Archives
- National Archives of the United States Catalog
- National Archives of the United States Holocaust-Era Assets on Fold3 (Ardelia Hall, etc.)
- National Archives of UK
https://www.errproject.org/
Cette base de données rassemble, sous une forme illustrée et consultable, les cartes d'enregistrement et les photographies restantes produites par l'ERR concernant plus de 40 000 objets d'art pris aux Juifs en France sous occupation allemande et, dans une moindre mesure, en Belgique. La base de données, qui peut être consultée par objets individuels et par propriétaires auxquels ces objets ont été enlevés, constitue un registre détaillé d'une petite mais importante partie de la vaste saisie de biens culturels qui a fait partie intégrante de l'Holocauste.
La base s’enrichit aussi d’autres fonds : NARA, Washington, USA ; Bundesarchiv, Coblence, Allemagne, et MEAE, Paris, France
Fin octobre 1940, l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) rassemble au musée du Jeu de Paume plus de 400 caisses d'œuvres saisies. Des dignitaires nazis viennent y voir les œuvres pour sélectionner ce qu'ils veulent retenir, notamment Hermann Goering qui s'y rend une vingtaine de fois. Les œuvres sont alors accrochées comme dans un musée et de nombreuses prises de vue sont réalisées par le personnel allemand.
14 négatifs conservés en France ont été numérisés et analysés.
https://www.lootedart.com/search2.php
Ce site dispose d’une base de données d’environ 25 000 objets manquants ou spoliés dans plus de 15 pays, permettant des recherches par artiste ou par objet.
Il propose également un suivi de l’actualité internationale en matière de recherches et de restitutions des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945, ainsi qu’une importante bibliographie.
https://www.lostart.de/Webs/EN/LostArt/Index.html
Cette base de données recense des œuvres déclarées spoliées par leurs propriétaires mais aussi des objets culturels qui se trouvent dans des institutions dont la provenance est incertaine ou incomplète. Cette base porte principalement sur les objets disparus en Allemagne ; pour certaines rubriques, elle fournit également des informations concernant l’Autriche, le Luxembourg, la Finlande et l’Ukraine.
https://www.artloss.com/
L’Art Loss Register (ALR) contient la plus grande base de données privée au monde sur les œuvres d'art, les antiquités et les objets de collection perdus, volés et pillés ; elle répertorie actuellement plus de 700 000 articles. La base n’est pas consultable par le public ; c’est la société Art Loss Register qui assure les recherches pour ses abonnés.
https://www.proveana.de/
Le Deutsche Zentrum Kulturgutverluste (DZK) finance des recherches de provenance dans des institutions publiques ou privées. Les résultats de ces projets de recherche sont accessibles au public dans la base de données Proveana
https://www.interpol.int/Crimes/Cultural-heritage-crime/Stolen-Works-of-Art-Database
The International Criminal Police Organization (Interpol) est une organisation intergouvernementale. Sa base de données d'œuvres d'art volées combine les descriptions et les images de plus de 50 000 objets. C'est la seule base de données au niveau international contenant des informations de police certifiées sur les objets d'art volés et disparus.
https://www.dhm.de/sammlung/forschung/provenienzforschung/datenbanken/
Le « Führermuseum » était un gigantesque projet de musée allemand situé à Linz, en Autriche, imaginé par Adolf Hitler pour accueillir les plus grandes œuvres de l’art dit « véritable », par opposition à l’art dit « dégénéré » de la modernité. Nombre d’œuvres d’art furent volées ou achetées pour être affectées à ce musée.
La base de données comprend de nombreuses photographies.
https://www.dhm.de/sammlung/forschung/provenienzforschung/datenbanken/
Cette base de données présente des tableaux, des sculptures, des meubles, des tapisseries et d'autres objets artisanaux qu’Hermann Goering a achetés ou prélevés parmi les biens confisqués et volés entre la fin des années 1920 et 1945. Ces objets devaient principalement constituer les collections du musée que Goering souhaitait créer dans sa résidence de Carinhall près de Berlin, la « Norddeutsche Galerie ».
https://www.dhm.de/datenbank/ccp/dhm_ccp.php?seite=1&lang=en
Le Central Collecting Point de Munich était un dépôt utilisé par le Monuments, Fine Arts and Archives Program à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour étudier, photographier et renvoyer vers leur pays d’origine les œuvres d’art et objets culturels ayant été confisqués par les nazis et cachés en Allemagne et en Autriche, ou simplement achetés par les Allemands à travers l’Europe. Cette base de données rassemble les property cards (fiches indiquant les mentions de provenance connues lors du passage au Collecting Point) et les photographies des œuvres passées par le Collecting Point de Munich.
https://go.fold3.com/holocaust_records
En partenariat avec les Archives Nationales américaines, Fold3, site de généalogie spécialisé dans les dossiers militaires, a scanné et indexé des dossiers importants concernant les biens spoliés, les camps de concentration et les procès de Nuremberg.
https://piprod.getty.edu/starweb/pi/servlet.starweb?path=pi/pi.web
Le Getty Provenance Index® contient actuellement plus de 2,3 millions de documents provenant d’inventaires d'archives, de catalogues de ventes aux enchères et de livres d'inventaire de marchands.
http://wga-datenbank.de/recherche.php?s=3
Le 19 juillet 1957, le Parlement allemand a adopté la loi Bundesrückerstattungsgesetz, dite BRüG, qui indemnise les biens mobiliers confisqués en dehors du territoire allemand et transférés en Allemagne, sur le territoire de la future République fédérale d’Allemagne et à Berlin. À Berlin, les demandes d’indemnisation déposées au titre de la loi BRüG sont regroupées dans deux centres d’archives : le Landesarchiv, archives publiques du Land de Berlin, et le Bundesamt für zentrale Dienste und offene Vermögensfragen, relevant du ministère des Finances.
Ces archives peuvent comporter, entre autres, des inventaires fournis par les familles.
La recherche de provenance sur les livres
Une des difficultés pour la recherche sur les saisies en temps de guerre est que peu de listes originales de saisies de bibliothèques sont disponibles en France.
À partir de 1947, le gouvernement français a publié le Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre, basé sur les réclamations d'après-guerre soumises à l'Office des biens et intérêts privés (OBIP). Le septième volume du RBS, consacré aux archives, manuscrits et livres rares, répertorie de nombreuses collections de bibliothèques saisies pendant l'occupation, bien qu’il ne donne pas une vision complète des pertes de bibliothèques en temps de guerre.
Le dépouillement des dossiers de la sous-commission des livres au sein de la Commission à la récupération artistique conservés aux Archives nationales (archives de la sous-commission des livres et les bibliothèques pendant la Seconde Guerre mondiale) et aux Archives diplomatiques (sous-commission des livres et dossiers individuels) a permis de cerner l'importance des spoliations de bibliothèques.
Une base de données des personnes et institutions spoliées est accessible sur le site du Mémorial de la Shoah.
- 2 248 personnes au moins ont été spoliées ; il leur a été restitué ou attribué 348 524 livres ;
- 408 institutions au moins ont été spoliées ; il leur a été restitué ou attribué 199 384 livres.
D'autres spoliés ayant déposé un dossier n’ont jamais bénéficié d’aucun livre, ni en restitution ni en attribution. Dans ce cas, il est indiqué sur la base de données : ni restitution ni attribution.
https://www.errproject.org/looted_libraries_fr.php
Bien que le pillage de livres et d'archives par l'ERR ait été encore plus étendu que le pillage d'œuvres d'art dans de nombreux pays occupés par l'Allemagne, des compilations spécifiques de documents allemands sur la saisie de bibliothèques ont longtemps fait défaut. Les présentations sur le site de l’ERR Project donnent un aperçu, dans des pays spécifiques, du schéma de saisie des bibliothèques de l'ERR et des principales destinations des livres saisis. Le site est en anglais.
https://www.lootedculturalassets.de/
Looted Cultural Assets (LCA) est une base de données coopérative créée en 2016, utilisée par les bibliothèques allemandes qui s'engagent dans la recherche de biens spoliés par les Nazis et qui tentent de les restituer à leurs propriétaires actuels. LCA permet la recherche sur les biens spoliés dans les bibliothèques et autres institutions culturelles, en France et dans d’autres pays. Actuellement, LCA comprend plus de 32 000 indications de provenance et informations sur plus de 10 000 personnes et institutions. Le site est en allemand.
La recherche de provenance sur les instruments de musique
Particularités des instruments à prendre en compte dans la recherche de provenance :
- Une difficile identification des instruments : l’instrument étant un objet usuel, il peut être modifié au cours du temps, accidentellement ou pour être maintenu en état de jeu. Son attribution et ses descriptions dans des documents datés sont à prendre avec précaution car elles peuvent varier en fonction des sources et des connaissances disponibles au moment de l’expertise.
- Un insuffisance et une incomplétude des sources, notamment des archives des acteurs de la facture instrumentale : l’étude de l’activité de commerçants d’instruments actifs à cette période et du marché de l’instrument n’en est qu’à ses débuts car les sources sont encore peu accessibles.
- Une division des instruments en catégories : les instruments prestigieux ou à faible valeur financière n’ont pas reçu le même traitement ni durant la spoliation ni durant leur restitution. Les instruments de valeur se trouvent dans le fonds 209SUP (archives du MAE), tandis que les instruments ordinaires et non-identifiables se trouvent dans le fonds 13/BIP. De plus, lors des demandes de restitution, les instruments de faible valeur sont intégrés dans les listes du mobilier par les réclamants (série AJ/38, Archives nationales, et archives de Paris), ce qui rend leur quantification difficile.
Archives du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) et du service de restitution des biens spoliés, dossiers AJ38. (Ces dossiers microfilmés sont également disponibles au centre de documentation du Mémorial de la Shoah). http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/series/pdf/AJ38_2011.pdf
Archives de la Commission Nationale Interprofessionnelle d’épuration (CNIE).
Les restitutions judiciaires : les ordonnances de restitution.
Pour documenter les saisies de la Möbel Aktion : le fonds des réquisitions immobilières et leurs indemnisations ; 17 000 dossiers individuels d’indemnisation.
Sources relatives aux ventes publiques : le fonds des études des commissaires-priseurs parisiens, composé de procès-verbaux, dossiers de ventes, minutes de vente et parfois répertoires.
A propos des acteurs de la spoliation : le fonds des comités de confiscation de profits illicites de la Seine ; 19 000 dossiers individuels.
Le fonds de la Commission de Récupération Artistique, 1200 cartons environs, composé d’une quinzaine de séries de fonds, dont les dossiers de réclamations des victimes et les albums photographiques des collectionneurs spoliés.
Le Bottin des spoliés.
Les archives microfilmées du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) et du service de restitution des biens spoliés.
Créée en 2017, l’association Musique et spoliations s’est donné pour mission d’éclairer la question de la spoliation des instruments de musique. Si la priorité est donnée aux recueils des derniers témoignages directs ou indirects, l’association s’attache également à établir et croiser les listes et bases de données existantes, explorer les archives, sensibiliser la communauté musicale et scientifique, encourager les publications, et accompagner les nouvelles demandes de restitution ou de recherches de provenance.
Contact : contact@musiqueetspoliations.com
BERNHEIM, Pascale. « Les spoliations des instruments de musique et documents musicaux – Le cas de Wanda Landowska (1879-1959) », in Arts et politiques, Le marché de l'art entre France et Allemagne de l'Entre-deux-guerres à la Libération, édité par Julia Drost, Hélène Ivanoff et Denise Vernerey-Laplace, Heidelberg, arthistoricum.net, 2022 (Passages online, Band 13).
LÖSCHER, Monika. « Un ajout très significatif et bienvenu pour notre collection… ». La recherche de provenance dans la collection des instruments de musique anciens au Kunsthistorisches Museum de Vienne », Revue d’Histoire de la Shoah, n°213, mars 2021, pp.127-141.
PIKETTY, Caroline. « Les pianos des familles juives de Paris au printemps 1945 », Paris, Revue d’Histoire de la Shoah, n°213, mars 2021.
SHAPREAU, Carla et GETREAU, Florence. « The Loss of French Musical Property During World War II: post-War Repatriations, Restitutions, and 21st Century Ramifications », Institute of European Studies, 2014.
SHAPREAU, Carla, LALOUE, Christine et ECHARD, Jean-Philippe. « Documenting the Violin Trade in Paris, 1930-1945. The Archives of Albert Caressa and Emile Français », Collecting and Provenance. A Multidisciplinary Approach, (Eds.) Jane Milosch et Nick Pearce, USA, Rowman & Littlefield, 2019, pp.189-204.
VRIES, Willem (de). Commando Musik. Comment les nazis ont spolié l’Europe musicale, 1996, Paris, Buchet-Chastel, 2019.
Sites utiles à la recherche
Vous trouverez dans le PDF ci-dessous une large liste de sites utilisés pour la recherche de provenance. Ils sont classés par thème. Le menu par signets permet de se rendre directement à la partie concernée.
Fiches de provenance
Fiche de provenance pour œuvre localisée
Liste des principales bases de données à vérifier, à l’occasion de recherches sur les collections d’un musée ou d’une acquisition par un musée ou un particulier.
Fiche de provenance pour œuvre non localisée
Liste des principales bases de données à vérifier, lorsque l’on recherche une œuvre spoliée à la localisation inconnue (recherche à partir d’une liste d’œuvres spoliées réalisée par la personne spoliée elle-même ou sa famille, à partir de souvenirs familiaux, etc.)
Bibliographie
La bibliographie proposée porte essentiellement sur l’histoire de la spoliation des biens culturels pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle comporte des ouvrages généraux, des ouvrages sur les collections d’œuvres d’art, les livres et les bibliothèques, les instruments de musique ; Paris, les musées, le marché de l’art, pendant la guerre ; l’après-guerre, les procès, les réparations, les restitutions ; des rapports institutionnels ; des témoignages sur la période et des récits familiaux actuels
Consulter les autres rubriques
- Demande de restitution ou d'indemnisation
- La Mission, objectifs et compétences
- Biens culturels spoliés
- Biens culturels MNR et Base Rose Valland (MNR-Jeu de Paume)
- Documentation historique et juridique
- Professionnels des musées et des bibliothèques
- Partenaires
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