Les femmes artistes sortent de leur réserve
Faire que les Femmes artistes sortent de leur réserve, tel est l’objectif premier de cette exposition.
Présentation
Ancrées dans l'Histoire
A partir du seizième siècle, quelques femmes, principalement italiennes, s’imposent sur la scène artistique. En France, les institutions artistiques sont liées à l’Académie, créée en 1648, ouverte – avec parcimonie - aux femmes à partir de 1663, et un peu plus largement au siècle suivant. L’Académie se ferme aux femmes au dix-neuvième siècle. Quelques « femmes énergiques sont arrivées quand même à étudier sérieusement et à produire des œuvres intenses et originales » constatera Virginie Demont-Breton, présidente de l’Union des femmes peintre et sculpteur, et militante de l’ouverture de l’Académie aux femmes.
La place des femmes artistes en France au XIXe siècle
Le principal lieu d’exposition, à Paris, est le Salon, lui aussi placé sous la responsabilité de l’Académie. Si le jury du Salon tend à renforcer l’emprise de l’Académie, un nombre croissant – mais bien relatif - de femmes parviennent à être admises. Dans les années 1800-1830, elles ne représentent jamais moins de 14 % des exposants. Mais elles perdent du terrain et, en 1855, elles ne représenteront plus que 6,7 %. En 1880, elles sont plus de 600 exposantes, mais elles ne représentent que 12,5 % du total des artistes participants. C’est au Salon que l’État achète, souvent pour déposer dans des musées de région.
Construire sa renommée
Les impressionnistes, groupe d’artistes auquel appartiendront trois femmes : Berthe Morisot, Mary Cassatt et Marie Bracquemond, tentent d’échapper au monopole de l’Académie. Si leur esthétique choque, leur démarche indépendante est assez largement saluée. En 1881, l’État décide de libéraliser la situation : les associations d’artistes et les salons se multiplient, investis par de nombreuses femmes. L’État ne dédaigne pas d’y acheter des œuvres, parfois à des femmes, y compris des artistes étrangères qui, bien qu’ayant fait toute leur carrière en France, et y étant souvent mortes et enterrées, sont aujourd’hui totalement méconnues. Qui se souvient de la Suédoise Julia Beck, de la Britannique Beatrice How, de la Polonaise Olga Boznanska, de l’Américaine Elisabeth Nourse ? Pourtant, des oeuvres de ces artistes sont conservées dans des musées de France. Certaines, par crainte de n’être jamais représentées dans nos collections publiques, offrent des œuvres à l’État français, telles les Américaines Mary Cassatt et Cecilia Beaux.
Etre présente dans les collections publiques
Trois femmes, encore, françaises celles-ci, offrent l’ensemble de leurs collections pour créer des musées. L’une était peintre, Nélie Jacquemart, créatrice du musée Jacquemart-André, à Paris. La deuxième, Marie Grobet, fut l’initiatrice du musée Grobet-Labadie, à Marseille. Jeanne Magnin, qui pratique l'émail sur verre, constitue avec son frère Maurice une importante collection d'oeuvres d'art. Jeanne Magnin meut en 1937, son frère deux ans plus tard. Maurice lègue leur collection à l'Etat. Le musée portera longtemps le seul nom de Maurice Magnin. Plus récemment, il y eut le prestigieux legs de la comédienne Jacqueline Delubac (1907–1997) au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Développer la visibilité des collections de femmes artistes
La représentativité des femmes dans le catalogue collectif des collections des musées de France, Joconde, est le reflet de cette histoire. Sur un total de 511.979 notices relevant de près de 35.000 artistes, les femmes artistes sont au nombre de 2.304, avec 20.575 œuvres. Elles représentent donc 6,6 % des artistes de la base de données, avec 4 % du nombre d’œuvres. Même s’ils sont très faibles, ces pourcentages de juillet 2021 n’en sont pas moins supérieurs aux chiffres connus pour la seconde moitié du dix-neuvième siècle. En France, elles étaient alors 3.818, soit 1,74% des artistes répertoriés...
Puisse cette exposition virtuelle encourager la mise en ligne de notices et d’images d’œuvres de femmes artistes conservées dans les musées de France.
Si elle suscite, en outre, des études, des publications et des expositions, non virtuelles celles-ci, alors nous aurons atteint notre second objectif.
Anne-Solène Rolland, cheffe du service des musées de France
Visiter l'exposition
> Chronologie
Découvrez la chronologie de l'empreinte des femmes artistes dans l'histoire de l'art français de l'Ancien Régime à nos jours.
> Milieu artistique
Ce chapitre traite particulièrement de ces questions : Comment se forment et se font connaître les femmes artistes ? Se sont-elles illustrées dans des sujets particuliers ? Quelle a été leur place dans la commande publique, le mécénat et les institutions ?
> Statut
Artisanes, graveuses, dessinatrices et imprimeuses, peintres, photographes ou encore sculptrices, les femmes artistes - et les inspiratrices - se sont illustrées dans toutes les formes d'art.
> Affirmation
Ce chapitre met l'accent sur la quête de la reconnaissance des femmes en tant qu’artistes et citoyennes à part entière.
> Icônes
Retrouvez sur ces pages les notices biographiques des femmes artistes recensées dans cette exposition.
> Informations complémentaires
Une sitographie, une bibliographie et un mémo des dates clés de l'histoire des femmes artistes vous sont ici proposés.
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