Un programme de travaux de grande ampleur va être lancé pour la restauration complète de la nef raymondine de la cathédrale Saint-Étienne à Toulouse, édifice appartenant à l’État et classé au titre des monuments historiques par liste de 1862. Au vu des travaux conséquents et de la durée du chantier, de juin 2025 à février 2028, Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie et du département Haute-Garonne, accompagné de plusieurs agents de la Drac, a souhaité présenter aux médias le projet de restauration de la nef lors d’un point presse à la préfecture, puis de la visite de la cathédrale.
Neuf corps d'état impliqués dans un chantier colossal
Ces travaux, menés avec la maîtrise d’œuvre de Christophe Amiot, architecte en chef des monuments historiques, permettra de restaurer et de valoriser l’ensemble de la nef dite "raymondine" de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse (sols, élévations, éléments mobiliers, éclairage). Ce vaste programme de travaux de restauration fera intervenir neuf corps d’état spécialisés dans la restauration du patrimoine : maçonnerie, taille de pierre ; charpente, couverture ; menuiserie ; décors peints ; sculpture ; ferronnerie ; vitraux ; électricité.
Une opération conduite et financée par le ministère de la Culture
La conduite de l’opération est assurée, au sein de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie, par la conservation régionale des monuments historiques. L’intégralité du financement est assurée par l’État, ministère de la Culture pour un montant global de près de cinq millions d’euros.
Pendant les travaux, seule la nef sera fermée
Le lancement des travaux a été précédé d’études complètes comprenant notamment le diagnostic des décors peints présents dans la nef, des éléments mobiliers, des vitraux et des sculptures. Des bureaux d’études spécialisés ont par ailleurs travaillé en amont pour évaluer les besoins en matière d’électricité et d’éclairage de mise en valeur.
Cette opération d’ampleur impose la fermeture de la nef durant les travaux afin d’éviter tout empoussièrement du reste de la cathédrale. Une immense paroi étanche sera mise en place entre la nef et le transept.
La cathédrale, en dehors de la nef, conservera une ouverture au public et l’usage cultuel, grâce aux accès du côté sud et par le transept nord. Des installations de chantier, zone de stockage et base vie, seront mises en place à l’ouest et au nord de la cathédrale.
Une restauration en 5 phases
L’opération va démarrer en juin 2025 et doit se terminer en février 2028. Les travaux se dérouleront en quatre phases, qui font suite à une première phase déjà achevée en 2023.
- Phase 1 (achevée)
Achevée fin 2023, cette première phase avait pour but le traitement de la couverture, de la façade sud ainsi que des baies.
- Phase 2
Cette phase permettra la restauration du sol de la nef, de la chaire à prêcher (œuvre d’Auguste Virebent, architecte, et Joseph Salomon, sculpteur), des bancs d’œuvre situés de part et d’autre des murs gouttereaux et du tambour d’entrée.
Elle démarrera par la réalisation de deux sondages archéologiques contre le mur nord afin de compléter la campagne de sondages archéologiques réalisés en 2020 afin de mieux documenter les vestiges de l’église XI-XIIe siècles, en amont de la restauration des sols.
Achèvement prévu pour juillet 2025.
- Phase 3
Cette phase prévoit la restauration des élévations de la nef, des voûtes, des tribunes et des vitraux y compris l’éclairage de la nef, la mise en valeur de l’ensemble et la repose des grands tableaux dont la restauration a débuté.
La plaque du tombeau de Pierre-Paul Riquet, inhumé dans la cathédrale, sera également reprise et les inscriptions seront refaites à la dorure avec l’aval de ses descendants.
Les grandes toiles peintes, déposées et en cours de restauration, seront raccrochées à la fin de cette phase et mises en valeur par l’éclairage, tout comme la statue de la Piéta.
Achèvement prévu pour juin 2027.
- Phase 4
Cette phase verra la restauration de la chapelle des fonds baptismaux (côté nord) et de la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue (côté ouest) avec un traitement de l’ensemble de ces deux chapelles (sol, maçonneries, décors peints et vitraux, mobilier).
Achèvement prévu pour décembre 2027.
- Phase 5
La dernière phase de travaux intègre la création et la pose de lustreries dans le chœur gothique, de façon à compléter l’éclairage de mise en valeur prévu au sein de la nef raymondine.
Achèvement prévu pour février 2028.
La cathédrale Saint-Étienne de Toulouse : une histoire multiséculaire
La cathédrale Saint-Étienne est le fruit de nombreuses campagnes de travaux et de projets non aboutis qui s’étendent du XIe au XXe siècles. Elle a la grande particularité d’être dotée d’un chœur désaxé par rapport à la nef. De la cathédrale romane (XIe-début XIIe), il reste les maçonneries inférieures nord et sud des deux travées orientales de la nef ainsi que les chapiteaux romans réutilisés au sommet des pilastres de ce vaisseau.
La cathédrale de style gothique méridional est entreprise dans la première moitié du XIIe siècle ; en témoigne aujourd’hui le très large vaisseau unique de la nef à trois travées, dite nef "raymondine". La nef est achevée en 1240 et le chantier de cette cathédrale sera interrompu ensuite.
À la fin du XIIIe siècle, la construction reprend par le chœur et dans l’idée de reconstruire entièrement la cathédrale selon un nouvel axe. Au XVe siècle, un badigeon à décor de fausse coupe de pierre, dont il subsiste des vestiges, est mis en œuvre sur les élévations et voûtes de la nef afin de masquer les modifications successives et d’harmoniser les parements du vaisseau. Au début du XVIe siècle, le lancement d’une campagne pour la construction d’un transept et d’une nouvelle nef, entraîne la destruction de la quatrième travée de la nef. Ces travaux ne seront jamais achevés. L’incendie de 1609 a pour conséquence de raccorder la nef par la réalisation d’un transept.
Durant le XIXe siècle, l’ambition d’achèvement de la cathédrale réapparait. Plusieurs projets sont établis par Jacques-Pascal Virebent en 1821, Jean-Pierre Laffont en 1825 ou encore Eugène Viollet-le-Duc en 1860 qui imagine une duplication de la nef et la création d’une nouvelle façade occidentale. En 1864, le maire de Toulouse organise une loterie pour le financement d’un projet d’achèvement de la cathédrale, dont la finalité est la destruction de la nef et sa reconstruction en prolongement du transept et du chœur.
Après presque 40 ans de discussion, c’est en 1903 que la Commission artistique de la Loterie de Saint-Étienne décide d’annuler le projet de reconstruction et de destruction de la nef.
Reportages vidéo
Une série de vidéos, disponibles sur le site du ministère de la Culture, seront réalisées tout au long du chantier.
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