C’est en septembre 2017 que le président de la République a confié à Stéphane Bern la mission d’identifier les monuments en péril.
La liste 2019 des projets de la Mission Patrimoine en péril compte 103 édifices (dont 6 en Normandie) :
- La Maison Bleue de Da Costa à Dives sur mer (14)
- Le Parc du Moulin d’Andé (27)
- L’église de Saint Loup (50)
- L’église Sainte Marie Madeleine à Douvrend (76)
- Le Manoir de Courboyer à Perche sur Nocé (61)
- L’abbaye Sainte Marie à Longues sur mer (14)
Pour la 36e édition des JEP, deux cérémonies étaient organisées pour marquer le coup. L’une à l’abbaye Sainte Marie de Longues sur mer, l’autre au manoir de Courboyer.
L’abbaye de Longues sur mer
Cette abbaye a été fondée en l'an 1168 par Hugues Wac qui donna la terre sur laquelle elle fut bâtie et plusieurs autres donations mentionnées dans les chartes du monastère et approuvées par le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri II d'Angleterre. La famille Wac était possessionnée à Rubercy et dans le Cotentin. Un grand nombre de seigneurs anglais et normands, et Henri II lui-même, enrichirent l'abbaye de Longues. Première fille de l'abbaye de Hambye, elle s'agrège en 1600 à l'Ordre de Cluny.
Les deux chartes de la fondation de Longues se trouvent dans la Gallia Christiana, et l'analyse faite par M. Léchaudé-d'Anisy des chartes déposées aux archives du Calvados, dans le tome VIII des Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie fournit un grand nombre de renseignements sur les donations faites successivement à cette maison religieuse.
Les Bacon, seigneurs du Molay et barons normands et les Argouges ont été des grands bienfaiteurs de l'abbaye. Certains membres de ces deux familles ont leur sépulture dans l'abbaye.
Le dernier abbé fut Emmanuel-Louis de Cugnac, évêque de Lectoure. Par décret du 22 octobre 1781, la mense conventuelle fut unie au séminaire de Bayeux.
L’abbaye de Longues sur mer est classée au titre des monuments historiques depuis 1915 (ruines de la chapelle) puis en 2006 (reste de l’abbaye).
Les ravages du temps ont porté atteinte à l’édifice et des travaux importants doivent être entrepris pour lui redonner son éclat d’antan. La Drac de Normandie accompagne ses propriétaires dans ce projet.
Il est notamment question de conduire une restauration générale de l’église abbatiale : restaurer l’intérieur du chœur, rouvrir les baies, consolider la façade occidentale. Mais pour l’heure, priorité est donnée à la restauration de la couverture du chœur. Cette intervention repose dans un premier temps sur la consolidation des maçonneries, la reprise des enduits et l’injection de chaux dans les murs. In extenso, une charpente en bois sera installée et recouverte, a priori, d’ardoises de couleur bleue ou verte.
L’objectif est de pouvoir rouvrir au public en 2021.
Grâce au loto du patrimoine, l’abbaye de Longues sur mer devraient bénéficier du versement de 230 000 € (ce qui ne constituent qu’une partie des 700 000 € nécessaires à la réalisation totale du toit de l’ancienne abbaye).
Autre édifice insigne bénéficiant du loto du patrimoine : le manoir de Courboyer
Manoir de Courboyer
Les premières mentions écrites de cet édifice figurent dans une charte de l’évêque de Sées en 1233. Il détaille un ensemble de terres et de revenus dépendants de l’abbaye de Saint Denis de Nogent le Rotrou. Le manoir relevait de la châtellenie de Bellême. D’abord, site défensif primitif, délaissé à la fin du XVe siècle au profit d’un manoir plus adapté au mode de vie des seigneurs de Nocé et à la gestion de leur domaine agricole, il fut probablement construit, ainsi que la chapelle, par Jehan de Courboyer à la fin du XVe siècle (cf. l’analyse dendrochronologique pratiquée sur la charpente qui situe la date d’abattage des bois en 1495 ou 1496). La lignée des Courboyer s’éteint en 1594 avec la mort de Maris de Courboyer. Ses filles vendent le domaine à Pierre de Fontenay, seigneur de la Reynière. Avec lui commence une longue période de délaissement partiel, puis à partir de 1680, d’inoccupation du manoir. Le domaine est alors exploité par des fermiers et le logis seigneurial se dégrade. A partir de 1733, il bénéficie toutefois de travaux importants après son achat par Pierre de Barville. A la fin du XVIIIe siècle, la Révolution chasse les derniers seigneurs de Courboyer et au début du siècle suivant le domaine est converti en ferme. Au fil des années, Courboyer passe aux mains de plusieurs propriétaires. Il bénéficie de plusieurs campagnes de travaux à partir des années 1980, mais c’est surtout l’acquisition et l’installation du Parc régional du Perche au début des années 2000 qui lui ouvre de nouvelles perspectives et lui permet de devenir l’emblème du Perche.
Aussi, en étroite concertation avec les services de la conservation régionale des Monuments Historiques (DRAC de Normandie), un diagnostic a été commandé en 2017 à M. Benoît Maffre, architecte du patrimoine, pour établir un bilan sanitaire complet de l’édifice et des propositions de travaux. L’urgence sanitaire concerne bien évidemment les toitures, mais l’intérieur, resté dans la configuration donnée par les propriétaires privés, nécessite également à moyen terme d’importants travaux pour accueillir le public selon les normes exigées et dans de bonnes conditions, notamment en matière de sécurité et d’accessibilité.
Le programme prioritaire de restauration, établi en concertation avec l’administration du Parc porte sur la restauration urgente des couvertures. Il vise à rétablir les souches de cheminées et les lucarnes. Il sera effectué en deux tranches étalées sur les années 2020 et 2021. Pour l’heure, l’architecte travaille à son projet qui devrait être remis avant la fin de l’année et permettra à l’État d’émettre l’autorisation de travaux requise au titre du code du patrimoine pour une consultation des entreprises et des travaux en 2020. L’opération est estimée à 733 951 € par le Parc régional du Perche avec un besoin en financement de 135 000 € demandé à la mission « patrimoine en péril », budget sur lequel l’État apportera un soutien financier à hauteur de 40 %, l'édifice ayant été retenu comme "monument de maillage".
Un chèque de 100 000 € était remis ce samedi, en présence du président directeur général d’AXA France, Monsieur Jacques de Perreti et Stéphane Bern pour lancer les opérations de réfection de la toiture du manoir.
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