« Ici c’est un peu comme chez moi. » Cette nuit-là, Lucille Provost se souvient d’avoir eu les larmes aux yeux. L’architecte du pôle bâtiments au bureau du fonctionnement des services (BFS) laisse percevoir encore son émotion lorsqu’elle détaille, des mois plus tard, le soir du 9 au 10 juillet 2017, où les sous-sols de l’immeuble du ministère rue des Bons-Enfants, à Paris, ont été noyés. Il est 22h15 lorsqu’un tampon des égouts aux Bons-Enfants lâche. L’eau déferle et des portes coupe-feu se gondolent sous la pression. « Lorsque ces pluies diluviennes s’abattent, je suis d’astreinte », explique Lucille Provost. Une fois par mois, comme ses 10 autres collègues à tour de rôle, cette adjointe à la cheffe du pôle bâtiments reste joignable à toute heure : « On répond aux dysfonctionnements techniques touchant les 7 bâtiments de l’administration centrale. Si le problème ne peut pas être géré à distance, poursuit-elle, on doit se rendre sur place en moins d’une heure. » Après la stupeur devant l’ampleur de l’inondation, une réaction immédiate : « sécuriser les Bons-Enfants et les installations techniques ». Heureusement, de par son métier, l’architecte connaît les lieux dans les moindres détails et sait ce qui se trouve derrière chaque porte.
Au petit matin, avec l’intervention des prestataires, épaulés de quelques membres du BFS venus en renfort dans la nuit et de plusieurs brigades de pompiers de Paris, l’inondation est arrêtée. Dès 7 h 30, les 1 000 agents qui travaillent aux Bons-Enfants sont informés que le bâtiment va rester clos. Durant toute la semaine qui suit, avec les équipes du BFS, Lucille est mobilisée : « Il fallait nettoyer, gérer, accompagner les équipes chargées d’évacuer les archives stockées au sous-sol, réparer et remettre en route les équipements… » Et rouvrir.
Une connaissance solide du bâti
Après la pluie, les éclaircies. Lucille Provost poursuit sa mission d’encadrement d’agents, de gestion financière, de pilotage des agents responsables du suivi de la maintenance des équipements techniques, de l’entre-tien courant « y compris celui des espaces verts, la gestion des déchets et les équipements qui peuvent – aussi incroyable soit-il – être volontairement dégradés », précise-t-elle. Sa formation d’architecte et son expérience antérieure au Centre Pompidou ont forgé sa solide connaissance des bâtiments, une compétence qu’elle met à profit en dessinant les plans des petits aménagements et des travaux pour les bâtiments de l’administration centrale. Une cloison à déposer dans votre bureau ? Un plafond à refaire dans une salle de réunion ? C’est elle et l’équipe du pôle bâtiments. Le nouveau quai de livraison aux Bons-Enfants aussi. Lucille Provost tient avant tout à mettre en adéquation la demande de travaux avec la vie du bâtiment et des agents : « Il y a un aspect logistique et pratique à ne pas négliger, souligne-t-elle. Mon rôle est de connaître les contraintes et les usages des bâtiments et de pouvoir me projeter sur les besoins des agents – y compris sur le long terme. »
Pour cette raison, l’architecte du pôle bâtiments assure également le suivi des grands aménagements dont la maîtrise d’ouvrage est déléguée à l’opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic). C’est également Lucille Provost que l’on sollicite pour dessiner des plans lors des déménagements.
Une nouvelle aventure avec le projet Camus
Le projet Camus prévoit le regroupement des services de l’administration centrale du ministère dans trois sites. « J’interviens dans le cadre de la répartition des agents par site et des aménagements des bâtiments », explique Lucille Provost. Pour l’heure, après avoir contribué à affiner la répartition des services sur les sites, l’architecte, en lien avec la cheffe de projet de la sous-direction des affaires immobilières et générales, travaille à identifier les besoins des personnels en bureaux, en équipements et en espaces de convivialité et à suivre l’ensemble des problématiques de travaux associés à l’installation des services. Un projet de longue haleine. Une date en tête ? Rue de Valois et rue des Bons-Enfants, on déballera ses cartons fin 2019, début 2020.
Le parcours de Lucille Provost
Diplômée de l’école d’architecture de la Villette en 2008.
Conductrice d’opérations puis de travaux au Centre Pompidou de 2008 à 2011.
Rejoint le bureau du fonctionnement des services (BFS) du ministère en 2011.
Adjointe à la cheffe du pôle bâtiments en 2016.
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