Les Jeunes pousses en bibliothèques
Plusieurs écoles d’art de la région Grand Est ont proposé, durant l'été 2021, à des jeunes diplômés, de mener des actions de médiation en direction des jeunes.
D'une durée d’une semaine, les ateliers étaient organisés dans un quartier périphérique ou une commune proche de là où est implantée l’école.
Une opération coordonnée par la DRAC Grand Est, dans le cadre de l'été culturel.
Rencontre avec Emma Wattiau
Etudiante à l'École Supérieure d’Art et de Design (E.S.A.D) de Reims
Après un bac littéraire, option A, et une année dans la classe préparatoire de l'Ecole d'art du Beauvaisis pour préparer les concours des écoles supérieures d’art, Emma Wattiau a intégré l’ESAD de Reims, où elle vient d'obtenir un master 1 et débute un master 2 à la rentrée 2021, spécialisation design d’objets.
Qu'est-ce qui vous a poussé à postuler à l'opération "Jeunes pousses en bibliothèque" ?
Emma Wattiau : je possède le BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur d’accueil collectif de mineurs) et depuis mes 17 ans, j’ai travaillé chaque été auprès d'enfants, notamment comme directrice adjointe d’un centre de loisirs. Quand j’ai eu connaissance de ce projet, j’ai tout de suite été intéressée. J'ai une pratique du graphisme, je fais des éditions et pratique la photographie et la reliure.
C’est votre deuxième participation à cette opération, comment travaillez-vous avec les équipes des médiathèques et les Centres de loisirs ?
Emma Wattiau : à Cormontreuil, l'année dernière ou à Tinqueux, cette année, j'ai rencontré en amont le responsable du centre de loisirs et l’équipe de la médiathèque. Nous définissons, ensemble, la tranche d’âge des enfants, le nombre de groupes, le format de l’intervention sous la forme de mini ateliers.
Quelle technique utilisez-vous ?
Emma Wattiau : j’ai choisi la méthode du collage, car elle permet d’avoir rapidement un résultat et de tester, mettre des choses, les enlever, réessayer…
En 2020, j’avais préparé un document très ludique, projeté sous forme de questions réponses, où j’amène petit à petit des notions de graphisme. J’aborde les différentes formes, abstraites et figuratives, j'explique ce qu’est une image réelle... Le point de départ était « qu’est-ce qu’une image ? », le document leur apportant les clefs pour qu’ils puissent faire leur propre production.
Je mets à leur disposition un dossier d’images, une sorte de fourre-tout dans lequel l’enfant va sélectionner, découper, positionner, tester et commencer, tout doucement, à composer. Il fabrique ses bandes d’images, dans lesquelles il vient piocher, et peu à peu il crée une histoire par rapport à ce qu’il voit. L’idée est d’éduquer le regard de l’enfant.
Je préfère qu’ils travaillent collectivement, mais je les accompagne aussi individuellement, à leur rythme, sur la composition des images, sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas, en leur laissant toute leur liberté ; simplement avant le collage définitif, chacun avait pour consigne d'en discuter au préalable avec moi.
L’objectif était également de leur apporter du vocabulaire sur ce qu’ils étaient en train de faire, afin qu’ils sachent de quoi on parle. Ils sont fiers de développer leur vocabulaire, et quand un gamin de 6 ans vous dit « Emma, regarde ma typographie ! », vous avez un peu réussi !
Et cette année quel était le projet ?
Emma Wattiau : il s’agissait d’un projet autour de l’affiche. Une demande qui a émergé au cours de l’atelier de l’année dernière.
Je suis intervenue auprès de 2 groupes de 14 enfants de 7 à 12 ans, sur 4 séances pour chaque groupe, ainsi qu'avec un groupe de 12 adolescents de 13 à 17 ans, sur 2 séances, soit 10 ateliers au total, au sein de la médiathèque de Tinqueux.
J'avais préparé des documents encore plus ludiques. L'objectif étant de s’appuyer sur l’affiche, pour travailler sur ce qu’est la communication visuelle. Le message est construit avec les jeunes, qui s’expriment de manière libre.
Comme il est important qu'ils puissent repartir avec leur production, cette année, nous avons travaillé avec un imprimeur professionnel, sur grand format.
Le travail avec les adolescents est-il plus difficile qu'avec les petits ?
Emma Wattiau : non, ce n’est pas plus difficile avec les adolescents. Simplement, certains disent tout de suite « Ce n’est pas pour moi », il faut donc les encourager, les amener à créer…, alors que les petits veulent tout de suite "faire, faire, faire".
Les adolescents ont réalisé de superbes productions et puis on a beaucoup parlé de ma formation, du graphisme, du design d’objets. Car, on ne s’en rend plus compte, mais, par exemple, tous les objets qui étaient autour de nous, dans la bibliothèque, avaient été confectionnés par des professionnels.
Est-ce que le fait que l’atelier se déroule dans la bibliothèque apporte une dimension supplémentaire ?
Emma Wattiau : oui, le lieu implique un rapport particulier. La bibliothèque est le lieu du livre. Certains enfants sont impressionnés. Se déplacer à la bibliothèque leur permet de sortir du centre de loisirs et d’ouvrir leurs horizons. On les emmène dans un lieu du monde de l’image, de l’écriture, c’est important et enrichissant.
Les équipes des médiathèques sont très demandeuses, à l’écoute. Et puis autour de nous, nous avons tous ces livres à disposition, que les enfants peuvent consulter pendant l’atelier, et qui permet, pour ceux qui ne veulent pas produire tout de suite, d'avoir du temps pour lire, feuilleter, développer son imagination...
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