Alpinisme, baguette de pain, fest-noz, yole martiniquaise… Autant de symboles de la culture française inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’Unesco. Visant à sauvegarder les traditions et expressions vivantes, ce texte fondateur fête ses vingt ans cette année.
C’est après la Seconde Guerre mondiale que le Japon, de peur de perdre ses traditions et ses connaissances ancestrales, devient le premier pays à vouloir protéger son patrimoine vivant. L’État désigne alors des « trésors humains vivants ». « Ce sont des personnes qui détiennent des savoir-faire à un haut niveau pour recréer des éléments du patrimoine vivant et qui s’engagent à les transmettre aux générations futures », explique Lily Martinet, chargée de mission pour le patrimoine culturel immatériel au ministère de la Culture. En 1993, l’Unesco s’inspire de ce système des trésors humains vivants, sous l’impulsion de la République de Corée, avant d’adopter en 2003 la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI). Depuis, 181 pays l’ont rejointe.
Un patrimoine en mouvement perpétuel
Traditions orales, arts du spectacles, rituels, artisanat… Ces pratiques font partie de ce qu’on appelle le patrimoine vivant. Contrairement aux châteaux ou aux monuments religieux, l’immatériel est, par définition, impalpable. Par conséquent, seules les personnes détentrices de ce savoir peuvent le perpétuer. « Ce patrimoine est caractérisé par le fait qu’il est maintenu en vie par une communauté, il est transmis de génération en génération, il évolue dans le temps, et enfin, il procure à ce groupe social un sentiment d’identité et de continuité », détaille Lily Martinet.
Inclusif, le processus d’inscription est avant tout basé sur la concertation de la société civile. « Les communautés doivent reconnaître leur patrimoine et s’investir dans leur sauvegarde. Elles sont donc au cœur du dispositif », explique Chiara Bortolotto, anthropologue et spécialiste de la Convention pour la sauvegarde du PCI. Avant de figurer sur la liste de l’Unesco, le patrimoine en question doit d’abord l’être au niveau national. En France, c’est le ministère de la Culture qui s’en charge.
Des territoires redynamisés
La signature de cette Convention aura permis, vingt ans après, de montrer la diversité culturelle de groupes d’individus à travers le monde. « Il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience de l’importance du patrimoine immatériel, explique Lily Martinet. À tel point que le ministère de la Culture doit se démener pour faire face au nombre croissant de demande d’inscription. » Mais une fois le précieux sésame décroché, - en moyenne 10 ans après la demande d’inscription - l’impact est immense. « Le fait de voir leur patrimoine reconnu au niveau international représente beaucoup pour les communautés. Ça leur apporte un sentiment de fierté », poursuit-elle.
Cette distinction favorise aussi le développement du territoire. En 2009, la tapisserie d’Aubusson, dans la Creuse, rejoint la liste du PCI de l’Unesco. « Cette inscription a redynamisé le territoire, souligne Lily Martinet. Elle a favorisé le maintien d’ateliers et permis la réouverture de formations de lissiers. » En France, on compte plus de 520 pratiques incluses à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel, dont 23 sur les listes de l’Unesco.
Partager la page