Foisonnante, hybride, essaimant sur l’ensemble du territoire, plébiscitée par les artistes et le public, la création jeunesse vit une révolution mais ne bénéficie pas toujours d’une reconnaissance à la hauteur des enjeux que représente la jeunesse. Une tendance que « L’Enfance des Arts », avec sa myriade d’événements organisés partout sur le territoire – en ouverture cette année de l’Olympiade des enfants et de la jeunesse, excusez du peu – compte bien inverser. Entretien avec Estelle Picot-Derquenne, directrice de « Scènes d’enfance - ASSITEJ France », l’association professionnelle du spectacle vivant jeune public.
Quelle est la place de l’Enfance des Arts dans l’ensemble des actions que conduit Scènes d’enfance - ASSITEJ France au service de la création jeunesse ?
L’association est née au lendemain de la Belle saison avec l’enfance et la jeunesse initiée en 2015 par le ministère de la Culture et bénéficie du soutien du ministère dans l’accomplissement de ses trois missions. La première est une mission fédératrice. Nous accompagnons et représentons tous les acteurs artistiques et culturels qui font le choix de la jeunesse de manière permanente ou temporaire. Au titre de cette mission, nous avons mis en place un réseau de plateformes régionales jeune public qui joue un rôle moteur dans « L’Enfance des Arts ». Celui-ci nous permet en effet d’avoir des relais partout dans l’hexagone et les territoires ultra-marins et de prendre le pouls du pays sur des enjeux de mobilité, d’éco-responsabilité, ou encore d’excellence artistique. C’est un volet essentiel de notre action. Nous portons ensuite différentes manifestations nationales, « Le 1er juin des écritures théâtrales jeunesse », « Avignon Enfants À L’honneur », et depuis deux ans donc « L’Enfance des Arts ». Enfin, en tant que membre français de l’ASSITEJ, l’Association internationale du théâtre pour l’enfance et la jeunesse, nous avons une action internationale. Il existe 100 centres à travers le monde. En 2025, nous fêterons les 60 ans de l’association à Marseille.
Vous évoquiez à l’instant les plateformes régionales jeune public et leur contribution à L’Enfance des Arts. En quoi cette dimension territoriale est-elle essentielle à vos ambitions ?
D’une part, elles incarnent la notion de partenariat au cœur de notre action. Tous les projets que nous portons sont en effet co-construits avec des partenaires. D’autre part, elles nous permettent encore une fois d’être au plus près des territoires. Alors que la consultation lancée dans le cadre du Printemps de la ruralité bat son plein, il est bon de rappeler qu’un spectacle sur deux dans les petites villes est un spectacle jeune public. Derrières ces chiffres, il y a une présence mais surtout une grande diversité.
Aujourd’hui, la création jeune public est présente aussi bien dans les Centres dramatiques nationaux que dans les petites communautés d’agglomération ou les petites villes rurales. Pourtant, elle peine encore à vivre financièrement et ne bénéficie pas d’une reconnaissance à la hauteur des enjeux que représente la jeunesse. L’objectif qui nous anime est en effet de prendre soin de la jeunesse. Il y a une urgence à travailler avec les collectivités territoriales et l’ensemble des champs disciplinaires. Au lendemain du Covid, nous avons voulu imaginer un temps dédié à la jeunesse. Nous avons mis seize associations nationales autour de la table et inclus le ministère de la Culture. C’est ainsi qu’est né « L’Enfance des Arts ».
Comment décririez-vous l’offre jeune public ?
Elle est foisonnante et de qualité. En tout premier lieu, on sent le désir des artistes de mettre leur talent au service de cette création et de tenir compte de ses spécificités, un désir relayé par les associations nationales et qu’incarne aujourd’hui « L’Enfance des Arts » qui organise le croisement entre les disciplines, la rencontre entre les artistes, et associe étroitement les enfants au processus de création. A ce désir des artistes répond celui du public. Les lieux sont aujourd’hui débordés de demandes pour la petite enfance. Il s’agit donc bien d’un projet culturel d’émancipation pour lequel les enjeux de citoyenneté et de démocratisation culturelle sont centraux.
Cette deuxième édition s’inscrit-elle dans le prolongement de la première ?
Lors de la première édition, une centaine de projets ont eu lieu à travers la France. Avec les associations nationales partenaires, nous avions imaginé un certain nombre de contraintes créatives. Il fallait au moins cocher trois cases – organisant les croisements que j’évoquais à l’instant – pour participer. De fait, l’idée n’était pas d’ajouter un événement mais de le faire différemment. L’événement a rencontré un très bel écho et a permis de remettre l’adresse jeune public au centre du jeu.
Cette année, l’événement est labellisé Olympiade Culturelle.
L’équipe de l’Olympiade Culturelle, à commencer par Dominique Hervieu, militante de la création jeune public de la première heure, est rapidement venue vers nous. « L’Enfance des Arts » a l’honneur d’être la manifestation d’ouverture de l’Olympiade des enfants et de la jeunesse, temps fort dédié à la jeunesse d’avril à fin juin. Pour gagner en visibilité, les acteurs qui s’inscrivaient cette année pour participer à « L’Enfance des Arts » ont pu bénéficier de la double appellation « Enfance et des Arts » et « Olympiade Culturelle » s’ils le souhaitaient. Et grâce à la labellisation Olympiade Culturelle, ils entrent aussi sur le site des propositions du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
L’enfance des arts, les temps forts du cru 2024
Estelle Picot-Derquenne, directrice de « Scènes d’enfance - ASSITEJ France », revient sur les temps forts de la nouvelle édition du festival rebaptisé pour l’occasion « L’Enfance des arts en Jeux ».
« Le Ciel, la scène européenne pour l’enfance et la jeunesse, à Lyon, prévoit une programmation qui pendant plusieurs jours mêlera sport et culture, détaille-t-elle. L’auteur Sylvain Levey sera à Blainville-sur-Orne près de Caen et invitera les familles à faire un jogging littéraire à ses côtés, les Pied’Boîtes, un événement associant chant, théâtre, et marionnette aura lieu dans plusieurs villes de La Réunion… Il n’est qu’à aller sur le site répertoriant toutes les manifestations pour en trouver une près de chez soi. Enfin, nous réunirons - c'est la nouveauté de cette édition - toutes les associations le 2 avril à La Courneuve. Il s’agit d’une rencontre professionnelle ouverte à toutes et à tous sur l’évolution du projet avec un temps d’échange permettant à chacun d’engranger des informations ».
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