Il y a 10 000 orgues en France. C’est un patrimoine exceptionnel, un monde à lui tout seul, qui rassemble une très grande variété d’instruments de toutes dimensions, dans plusieurs lieux (et pas seulement les églises) répartis sur l’ensemble du territoire national.
C’est aussi – on le sait moins – un patrimoine vivant, qui rassemble des artisans d’excellence (les facteurs d’orgue qui entretiennent et restaurent les orgues anciens mais aussi conçoivent et produisent de nouveaux instruments), des interprètes, des compositeurs, des musicologues, des professeurs et leurs classes d’orgue, des associations, des concerts, des festivals et un public toujours mieux sensibilisé.
Un patrimoine vivant
Depuis 1984, date des premières Journées nationales de l’orgue, le regain de vitalité de ce secteur de la création artistique et du patrimoine musical ne s’est jamais démenti. Au sein de ce mouvement, très vite, le besoin d’inventorier les instruments s’est fait sentir. Tous les acteurs concernés ont d’emblée participé à ce travail collectif qui rassemble et met en commun des informations utiles. Résultat : des inventaires ont vu le jour.
Avec le concept numérique d’inventaire participatif, le travail des différents contributeurs s’intensifie et s’approfondit. Désormais, grâce à cet inventaire national, lancé le 22 octobre dernier et publié sur une plateforme en ligne à l'initiative du ministère de la Culture, de l’association Orgue en France et de la Fédération francophone des amis de l’orgue, constituée sous la forme d’un outil résolument moderne, tous les intéressés seront à même de régénérer en permanence leurs connaissances en fonction de leurs besoins.
Une véritable encyclopédie en ligne
« L’inventaire s’offre à nous comme une mine d’informations historiques et techniques, qui permettent, d’une part, de prendre contact avec un instrument que l’on ne connaît pas, préalablement à un déplacement loin de l’atelier », explique Patrick Armand, facteur d’orgue, dans la revue Orgues nouvelles, qui publie, dans son n°52, un dossier complet sur l’inventaire national. Autre atout de l’inventaire national des orgues : il permet de « faire des recherches croisées sur les réalisations d’un facteur en particulier. Ce genre de recherche est très compliqué à l’heure actuelle ».
Les élèves organistes, quant à eux, pourront surfer aisément sur la plateforme et prévoir d’aller découvrir tel ou tel instrument en tel endroit, pour le voir, l’écouter ou en jouer. Les professionnels de la conservation du patrimoine, c’est l’évidence, verront leur travail grandement facilité par un outil si puissant, qui leur permettra de croiser des informations et des connaissances techniques, en fonction des différentes réalisations des différents facteurs d’orgues à toutes les époques.
De précieuses ressources
On trouvera dans l'inventaire national des orgues plusieurs fonctionnalités, dont un moteur de recherche et une cartographie. Dans chaque notice consacré à un instrument, on trouvera sa « composition » (ses caractéristiques), un accès rapide à l’organisme de référence (le moyen de savoir, en quelques clics, qui contacter pour accéder à l’instrument), la nature de sa protection monument historique, une frise chronologique (qui situe dans le temps construction, relevage, etc.), une documentation (fichiers de plans, devis, archives, pages des livres de la médiathèque musicale de Paris…), et enfin : un bouton « compléter la fiche » qui ouvre sur une démarche accompagnée étape par étape. A signaler aussi un lexique très complet du vocabulaire de l’orgue. Les contributeurs peuvent aussi joindre leurs reportages photographiques à la fiche.
A télécharger ci-dessous : le dossier complet de la revue Orgues nouvelles, et notamment un entretien avec Emmanuel Étienne, sous-directeur des monuments historiques et des sites patrimoniaux au ministère de la Culture.
Un bien commun au service du patrimoine
Le ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture et direction générale de la création artistique) a choisi de transformer l’inventaire national des orgues, publié jusqu’ici en version papier, en inventaire participatif.
Il a soutenu l’association Orgue en France, maître d’ouvrage, au cours des différentes étapes du projet. Orgue en France a mené des opérations d’envergure telles que la numérisation du fonds documentaire, représentant environ 15 000 pages, le suivi de la conception et du développement ergonomique du site.
L’inventaire s’inscrit dans la dynamique d’élaboration de projets contributifs lancée par le ministère de la Culture avec le soutien d’Etalab, qui coordonne la stratégie de l’État en matière de partage des données ouvertes.
La plateforme https://inventaire-des-orgues.fr/ est le fruit d’une coopération entre l’institution publique et le réseau expert constitué par les associations et les amateurs, dans un double objectif d’ouverture de données et d’enrichissement des connaissances. Elle s’inscrit dans la lignée d’autres projets du même genre soutenus par le ministère de la culture, comme par exemple PCI Lab ou Testaments de poilus.
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