Depuis la révolution numérique et l’apparition des réseaux sociaux, des mutations sans précédent ont bouleversé notre paysage médiatique : démultiplication des canaux de diffusion, montée en puissance de nouveaux acteurs, recomposition du marché, innovations technologiques…
Pourtant, un média conserve une cote de popularité inentamée dans le cœur des Français: la radio. Ce succès durable (40,1 millions d'auditeurs l'ont écouté chaque jour entre janvier et mars 2021, selon Médiamétrie), la radio le doit à plusieurs facteurs, que la première Fête de la radio, lancée lundi 31 mai à l’initiative du Conseil supérieur de l’audiovisuel en partenariat avec le ministère de la Culture, va mettre en lumière. A commencer par la richesse d'un paysage radiophonique extrêmement diversifié : plus de 1 000 opérateurs privés et publics émettent dans l’Hexagone et Outre-mer, et 20 % d’entre eux sont des associations.
La radio, un média historique
1921, c’est l’année de la sortie du parfum N°5 de Coco Chanel, de l’essor du mouvement surréaliste et de la naissance d’Yves Montand. C’est aussi l’année d’un événement qui allait faire date dans l’histoire des médias : Radio Tour Eiffel – c’est le nom de la première station de radio hexagonale – émettait le 22 décembre 2021 ses premiers signaux sur les ondes.
Cent ans après, la radio, qui a popularisé des interprètes comme Maurice Chevalier, Fernandel ou Joséphine Baker, s’est imposée comme un média dont le succès et l’audience ne se sont jamais démentis. Un seul exemple pour mesurer son importance : le rôle historique joué par ce média dans la diffusion des messages du Général de Gaulle appelant à la Résistance pendant l’Occupation : « Ici Londres… Les Français parlent aux Français ».
Parmi les grandes heures de la radio, on retiendra aussi des programmes emblématiques qui ont eu un impact sur la perception de notre histoire, comme le traitement en direct des événements de Mai 68 sur Europe n°1, mais aussi l’émergence de la Pop Culture avec la diffusion de l'émission « Salut les Copains ». Côté culture, la radio a accompagné depuis toujours les écrivains, depuis la création exceptionnelle d’Antonin Artaud (Pour en finir avec le jugement de dieu), aux fameux entretiens de Robert Mallet avec Breton, Gide ou Léautaud pour le service public de radiodiffusion (ancêtre de Radio France).
La radio, un média de proximité
Aujourd’hui, après de nombreuses mutations, dont la libéralisation de la bande FM en 1981 est l’une des plus significatives, l’heure est au développement des médias de proximité, où la radio a un rôle prépondérant à jouer. Dans cet esprit, le ministère de Culture a créé un fonds spécifique doté de 1,58 M€ destiné à soutenir les médias d’information sociale et de proximité. Grâce à ces médias – où entre au premier chef l’univers des ondes sous toutes ses formes : radios, podcasts et web-radios – c’est tout un espace de la vie démocratique qui se trouve revitalisé : ils contribuent à la vigueur du débat local en donnant la parole aux habitants des territoires, urbains et ruraux. On pourra le vérifier à partir de lundi lors de la Fête de la radio avec la forte mobilisation des radios locales, associatives, de quartier…
Autre volet de cette mutation : la montée en puissance de l’éducation aux médias et à l’information. Véritable mission de service public, cette exigence, qui mobilise fortement plusieurs acteurs institutionnels, dont les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture, est apparue à l’heure de la propagation incontrôlée des fausses informations. Son but : favoriser le développement de l’esprit critique des plus jeunes (et des moins jeunes) et en faire des esprits libres. Pour cela, le ministère de la Culture a créé en 2019 un appel à projets de 1,5 M€ pour soutenir les initiatives d’éducation aux médias et à l’information. Là aussi, tous les médias sont concernés, mais la radio joue un rôle particulièrement important dans ce dispositif. A l’image de nombreuses initiatives – soulignons celles des chaînes de Radio France, dont le dispositif remarquable de France Inter, « Inter Classes » – la mobilisation des ateliers d’éducation aux médias à travers toute la France sera l’un des axes majeurs de la Fête de la radio.
La radio, un média d’avenir
Avec la révolution numérique, la radio a connu l’une de ses innovations les plus déterminantes depuis l’avènement des radios libres : l’apparition de la radio numérique terrestre, appelée également DAB+, dont le déploiement territorial s’accélère. Technologie de transmission numérique de la radio, le DAB+ apporte de nombreux avantages aux auditeurs et aux chaînes de radios. Aux auditeurs, il offre un son de meilleure qualité, une meilleure continuité d’écoute en mobilité et l’arrivée de nouvelles stations. Aux stations, il permet une mutualisation des coûts de diffusion grâce au regroupement sur une même fréquence au sein d’un multiplex et l’extension de la couverture dans un contexte de saturation de la bande FM.
A côté de cette révolution des pratiques, la radio connaît également une révolution de ses usages. Aux côtés de géants de l’écoute en streaming et des agrégateurs de radio, une initiative collégiale a récemment vu le jour. Depuis peu la plateforme « Radio player France » réunit 200 radios françaises et 600 webradios. Entièrement gratuite, l'application disponible notamment sur smartphone, ordinateur, tablette et télévision, permet à l’auditeur de retrouver un large ensemble de programmes sur un même espace et de bénéficier grâce au numérique de la radio partout et à tout moment.
Même liberté avec un nouveau format qui connaît un essor sans précédent : le podcast. Grâce à ce service audio à la demande, on peut réécouter une émission de radio n’importe où et n’importe quand. Devant le succès public considérable de ce format (114 millions d'auditeurs en mars 2021, selon Médiamétrie), les chaînes radiophoniques l’ont investi comme un média à part entière : production de podcasts inédits, diversification des propositions… Avec la consommation de podcast, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour la radio.
Archives, émissions spéciales, ateliers, portes ouvertes… la Fête de la radio débute en fanfare
Lancée à l’initiative du Conseil supérieur de l’audiovisuel, la première « Fête de la radio », qui mobilisera tous les acteurs de la filière, se déroulera du 31 mai au 6 juin.
Avec, en guise d'ouverture, deux événements qui donnent le ton : le 31 mai, la Tour Eiffel se mettra aux couleurs de la Fête de la radio ; le 1er juin, la Maison de la Radio et de la Musique accueille une grande émission pour échanger, exposer et bâtir l’avenir de ce média. Des artistes (Daniel Morin, Louane, Grand Corps Malade, Eddy de Pretto...) assureront le spectacle.
Pendant une semaine, de nombreux événements seront organisés, mobilisant les archives sur l'histoire de la radio, mais aussi des émissions spéciales, ateliers d’éducation aux médias, conférences, portes ouvertes…
La Fête de la radio est un moment privilégié où l’ensemble des opérateurs radios pourront renouer le contact et aller à la rencontre des auditeurs et du public et leur faire découvrir leur histoire, leurs métiers, leurs programmes, leurs innovations.
Retrouvez la programmation sur le site dédié à la Fête de la radio
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