Présentée du 10 juin 2017 au 7 janvier 2018, l’exposition « À vos pieds », conçue et réalisée par le Musée des Confluences à Lyon en coproduction avec le Musée international de la Chaussure de Romans-sur-Isère, est née de l’idée, selon Sophie Pilloud, responsable du service des publics au Musée international de la chaussure, que « la chaussure est un objet qui raconte notre personne et témoigne de notre identité ». « Après Lyon, l’exposition était présentée à Romans-sur-Isère. Dans cette ville qui en est le haut lieu, il nous a semblé qu’elle devait aussi traduire le regard que les habitants portent sur la chaussure », poursuit-elle. Une démarche d’autant plus naturelle que le Musée des Confluences avait de son côté déjà insufflé un esprit collaboratif à l’exposition en organisant un concours de photographies et en installant un « podomaton » – un dispositif invitant les visiteurs à faire des portraits de leurs chaussures – sur les réseaux sociaux.
Faire un portrait de ses chaussures, c'est faire une sorte d'autoportrait, avec tout ce que cela comporte de dévoilement de l'intimité
La chaussure, mon quartier et moi
C’est ainsi qu’est né le projet « Moi, mes chaussures, mon quartier » mené en collaboration avec la maison de quartier Saint-Nicolas : « L’artiste photographe Myette Fauchère, dont le travail était présenté dans l’exposition, a aidé les habitants du quartier à créer des portraits d’eux-mêmes à travers la chaussure avec tout ce que cela comportait de dévoilement d’une intimité mais aussi de rapport au quartier et à l’autre », explique Sophie Pilloud.Résultat : les photographies, enrichies par un travail d’écriture et la création d’une bande sonore, ont donné lieu à une exposition au cœur de l’exposition. « Dans la première salle, en regard des photos de Myette Fauchère, on pouvait voir celles des habitants du quartier ! » dit-elle enthousiaste.
Deuxième projet : un travail toujours en cours mené auprès des élèves, principalement de primaire, de Romans-sur-Isère et ses alentours auquel participe également Myette Fauchère. « Nous avons organisé des temps de formation à destination des enseignants pour leur donner toutes les ressources nécessaires autour de l’exposition. Puis Myette Fauchère a entrepris un travail de médiation auprès des enfants qui a autant porté sur des éléments techniques que sur sa démarche artistique et la façon dont il était possible de mettre en scène la chaussure à partir d’une photo ». À l’issue de l’expérimentation, qui se déroule actuellement, les photographies des enfants seront exposées. « Les enseignants sont frappés par la façon dont le regard des enfants a évolué en quelques mois. Les différences sont flagrantes entre le début de l’année et aujourd’hui. Par ailleurs, on est toujours surpris de l’imaginaire que vont chercher les enfants ou les enseignants autour de la chaussure, c’est très foisonnant ».
Un autre regard sur la chaussure
Partenariat avec le musée des Confluences, co-construction d’un projet avec une maison de quartier, collaboration fructueuse avec une photographe... Ces différentes initiatives font la fierté de Sophie Pilloud : « Nous avons réussi à faire intervenir les habitants à l’intérieur d’une exposition d’une grande qualité. Et grâce à Myette Fauchère, les enfants, quant à eux, ont réussi à se poser et regarder autour d’eux avant de prendre une photo ». Ce n’est pas tout : le musée travaille actuellement avec une classe de BTS du lycée polyvalent du Dauphiné de la filière cuir : « Les élèves parlent de la chaussure comme d’un produit. Le projet consiste à leur montrer que l’on peut porter un regard artistique sur la chaussure ».
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