C’est une collection emblématique hébergée par le Festival Montpellier Danse sur Numeridanse, la plateforme de la danse. Parmi les vidéos qui composent le fonds Dominique Bagouet, on retrouve le chorégraphe, figure majeure du renouveau de la danse contemporaine en France dans les années 1980, dans toutes ses dimensions : enfant, il exécute quelques pas de danse avec une grâce inouïe ; dans une autre vidéo, il parle avec une rare intensité de son travail tandis qu’en un plan large on découvre, assis à côté de lui, le compositeur Pascal Dusapin ; une troisième, enfin, montre le remontage récent par la chorégraphe Catherine Legrand de So Schnell, pièce phare de son répertoire.
Ces vidéos, accessibles gratuitement, sont un régal aussi bien pour le grand public, l’amateur éclairé que le professionnel. Surtout, elles permettent de documenter la figure majeure du monde de la danse que fut Dominique Bagouet, créateur de certaines des pièces les plus marquantes de la scène chorégraphique contemporaine et initiateur du Festival Montpellier Danse. « Au total, le fonds comprend soixante-dix vidéos disponibles », précise Alice Poncet la responsable de la plateforme, au premier rang desquelles « les films réalisés par Charles Picq, le fondateur de Numeridanse » mais aussi un fonds d’archives « savamment éditorialisé par Les Carnets Dominique Bagouet », l’association fondée en 1993 par les danseurs de sa compagnie afin de préserver et transmettre le patrimoine artistique du chorégraphe. Un fonds auquel il convient d’ajouter l’exposition virtuelle que lui consacre la plateforme.
Une hybridation avec les autres arts
Le 9 décembre, à l’occasion des trente ans de la disparition du chorégraphe, Jean-Paul Montanari, le directeur de Montpellier Danse, a imaginé une célébration de la mémoire du créateur du festival en puisant non seulement dans le fonds vidéo disponible sur Numeridanse mais aussi dans ses propres archives pour que chacun puisse mesurer toute l’importance que représente, aujourd'hui, son travail et son œuvre. « Je ne voulais pas d’un hommage triste, insiste-t-il. Nous voulions un hommage accessible à tous, en accord avec notre époque, à l’image finalement de la danse de Dominique Bagouet ». Un hommage qui se poursuivra au-delà de la date-anniversaire, comme en témoigne le remontage de Jours étranges, qui sera reprise par Catherine Legrand au Centre national de la danse, à Pantin, du 23 au 25 mars 2023, tandis que Désert d’Amour sera remonté par Jean-Pierre Alvarez pour l’édition 2023 du Festival Montpellier Danse.
« Toute la journée, grâce à nos réseaux sociaux et notre newsletter, nous proposerons aux spectateurs d’avoir une pensée pour lui et de se replonger dans son œuvre grâce à des petites capsules qui seront autant d’entrées dans la vie et les créations de Dominique Bagouet, précise Nathalie Becquet, directrice de la communication de Montpellier Danse, on verra quel grand chorégraphe mais aussi quel grand homme il était ». Une manière aussi pour l’institution montpelliéraine dirigée jadis par le chorégraphe de rappeler son empreinte dans la ville. « Tout le monde à Montpellier connaît le nom de Dominique Bagouet mais certains ne savent pas qui il était exactement, la journée du 9 décembre permettra de le rappeler », ajoute-t-elle.
Qu’il s’agisse des images du Saut de l’ange, l’un de ses chefs-d’œuvre, des témoignages de ses danseurs et de ceux qui l’on connu, des liens qu’il n’a eu de cesse de tisser avec les autres arts tout en conservant à la danse son statut autonome – outre Pascal Dusapin, on songe à ses collaborations avec le compositeur Tristan Murail et le plasticien Christian Boltanski –, précurseur en cela d’une hybridation aujourd’hui partout à l’œuvre dans le champ artistique, tout souligne l’héritage immense laissé par le chorégraphe mais aussi le caractère éminemment moderne de son œuvre.
Un style d’une redoutable précision
Une œuvre inaugurée en 1976 par Chansons de nuit, sa première pièce, laquelle remporte le premier prix au concours de Bagnolet mention « recherche ». Dominique Bagouet a alors 25 ans. Avant cela, entre 1974 et 1976, il a pris des cours avec Carolyn Carlson et Peter Goss, dansé dans les compagnies de Joseph Russillo, Anne Béranger et Peter Goss, est parti quelques mois aux États-Unis où il a découvert les techniques issues des écoles américaines.
Il crée alors sa propre compagnie et crée quatorze pièces jusqu’en 1979. « Avec Sous la blafarde, le jeune chorégraphe commence à s'imposer et trouve un havre : la ville de Montpellier qui accueille la compagnie et lui donne les moyens d'exister puisque Georges Frêche, son maire, l’invite à mettre sur pied et à diriger le Centre chorégraphique régional de Montpellier. Ils y impulseront ensemble dès 1981 le Festival International Montpellier Danse qu'il dirigera jusqu'en 1983 et où il créera la très grande partie de ses pièces », poursuit Nathalie Becquet.
Dans des pièces qui sont parmi les plus marquantes de la chorégraphie contemporaine française – d' Insaisies (1982) jusqu'à Necesito, pièce pour Grenade (1991) en passant par Déserts d'Amour (1984), Le Crawl de Lucien (1985) ou Assaï (1986) – Dominique Bagouet impose sa personnalité et son style, il « compose le mouvement de très nombreux petits gestes (jeux des pieds et des mains, inclinaison particulière du torse...) sans aucun maniérisme et d'une redoutable précision ». Il n’y a plus qu’à s’abonner aux réseaux sociaux de Montpellier Danse pour le découvrir en images.
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